On peut ou non soutenir le principe d'une taxe carbone. Mais, généralement, l'électorat vert, auquel s'adresse particulièrement ce billet, soutient et connait ce procédé.
La Suède, devenue présidente de l'Union au début du mois, a toujours été le seul état membre de l'Union prêt à soutenir en nom propre l'idée d'une taxe carbone harmonisée dès sa création à l'échelle européenne : le graal du vert pro-européen.
En Europe, on le sait, la Commission a l'exclusivité des initiatives : ce n'est donc que d'elle que pourrait provenir le détail d'une telle proposition. Et pour que celle-ci entre dans l'agenda européen, il faut que la Présidence (tournante) du Conseil l'y inscrive.
Autrement dit, c'est précisément alors que le seul état européen prêt à prendre le risque politique d'une taxe carbone est à la Présidence de l'Union que les verts européens, menés par Cohn-Bendit, décident de retarder la mise en place de la Commission Européenne sans laquelle une telle proposition n'a aucune chance d'aboutir.
Même s'ils avaient souhaité faire mieux, les grands industriels allemands et français, farouchement opposés au principe d'une telle taxe, n'y seraient pas parvenus. Quand aux libéraux, partisans des marchés de droits à polluer (par opposition aux taxes carbones), et soutenus sur ce point par l'industrie de la finance (qui voit dans le marché des droits à polluer des sources de profit dont la simple mise en place de taxes les priverait), on ne voit vraiment pas ce qu'ils pourraient trouver à redire à la manoeuvre.
C'est un billet un peu décalé, par rapport au débat difficile (et passionant) des avantages comparés des taxes carbones et des marchés de droits d'émission, tout comme sur l'enjeu d'avoir une commission européenne en mesure de tenir une ligne politique plutôt qu'un consensus mou interétatique.
Une présidence dure 6 mois. Celle ci inclura Copenhague comme le lancement de la nouvelle commission, qui sont sur des temporalités beaucoup plus longue.
L'important c'est que les choses se lancent sous une présidence, pas de croire qu'elles peuvent aboutir immédiatement sans que des bases solides aient été établies.
Rédigé par : Julien Lecaille | 05 juillet 2009 à 13:41
Il me semble tout à fait évident que l'industrie financière préfèrerait des droits à polluer. Et dès qu'elle obtiendra licence pour leur commerce, elle plaidera pour leur extension.
Qquand on constate que c'est surtout leur activisme règlementaire qui a permis la création des conditions de la crise financière actuelle, on ne surestimera guère leur puissance de feu en suggérant qu'une Commission affaiblie, réduite au rôle de secrétariat du Conseil comme le propose Lisbonne, ne leur fera pas face.
Rédigé par : Gus | 06 juillet 2009 à 06:55
Du point de vue des idées, cet appareillage fiscal compliqué révèle surtout la pénétration d'une pensée économiciste dans les problématiques environnementales. Un exemple d'analyse en ce sens : http://yannickrumpala.wordpress.com/2008/09/06/comprendre-les-origines-du-bonus-malus-ecologique-et-son-extension/
Rédigé par : TT | 28 juillet 2009 à 14:11