Les grandes vacances sont le moment propice en France pour le passage en loucedé des grandes réformes. C'est certainement pour cette raison que, par une étonnante coïncidence, de nombreuses stations service françaises remplacent discrètement le carburant sans-plomb 98 par un intéressant carburant dénommé E10, dont nous avions déjà parlé il y a quelques mois.
En première approximation, l'E10, c'est 10% d'alcool dans l'essence classique, c'est à dire, le sans-plomb 95 : soit 2 fois plus que ce qu'on y met actuellement. Vous vous souvenez du bide assourdissant de l'E85 lancé par Villepin lui-même il y a deux ans ? Vous vous souvenez aussi peut-être du bide de l'E15, qui vivote sur son marché de niche ? La raison de ces bides est fort simple : les moteurs à essence réels du parc automobile réel, renouvelé le plus naturellement du monde avec le soutien notable des aides d'état, ne s'accomode en réalité d'aucun de ces trois carburants : même l'E10, même avec une bonne ristourne fiscale pour inciter le chaland à chalander.
Nous en avions déjà parlé : cet alcool qu'on veut ici mettre dans l'essence, provient essentiellement de cultures intensives et polluantes, le plus souvent OGM dans le cas de l'éthanol de maïs, particulièrement soutenue par une chimie intensive sur de grandes surfaces de culture. Divers rapports ont établi la toxicité pour les sols du procédé, la privation de nourriture pour le tiers monde que de tels débouchés proposent, sans même parler des questions spécifiques relatives aux OGMs.
Vous n'avez peut-être aucune sympathie pour les défenseurs de ces thèses ? C'est votre droit le plus strict. Il est néanmoins courant, chez les écologistes et au sein de leur électorat, d'être sensible à au moins une de ces trois approches.
Il faut alors comprendre que l'E10 vient en France pour une raison essentielle : l'engagement pris par l'Europe, au nom de la France et tous les autres pays de l'Union, de doubler la quantité de carburants d'origine agricole consommés dans les transports.
Or, personne n'ignore que cet engagement, absurde à plusieurs titres comme le savent les lecteurs de longue date de Publius (sauf du point de vue des grands céréaliers américains, et des grands investisseurs de l'agriculture massive en Afrique, en Asie et en Europe) est en fait porté directement par Barroso lui-même, contre vents et marées.
Alors, qu'attendent les écologistes pour l'attaquer sur ce front là en particulier si, comme l'affirme sans cesse le virevoltant Cohn-Bendit, "l'Europe mérite mieux que Barroso" ? Et comment également oublier le fait qu'il n'y a guère au fond que Barroso à vouloir s'opposer à la reprise en main par les états membres des autorisations de cultures OGM ?
Les commentaires récents