Même avec Lisbonne, la prochaine Commission Européenne gardera les moyens d'imposer ses vues au Parlement, et surtout, le monopole des initiatives. Aussi, plutôt que de s'interroger à quoi pourrait ou non servir tel candidat à la députation européenne, mieux vaut s'interroger sur ce qu'on peut raisonnablement espérer comme initiatives de la prochaine Commission Européenne.
En considérant tout l'intérêt que l'européen porte désormais à la préservation de sa sécurité, son niveau de vie et son bien-être, je propose une ébauche de feuille de route sous quatre angles consensuels, choisis pour appartenir aux compétences européennes actuelles et non pas à venir, et disposer d'une chance raisonnable de succès dans l'actuel cadre institutionnel (ou Lisbonne, qui n'en diffère pas très significativement) :
L'Agriculture : L'humanité ne dispose que d'une seule technologie lui permettant de produire la nourriture dont elle a vitalement besoin tous les jours : et ce procédé est l'agriculture. En rendant la gestion des affaires agricoles (et de la pêche) européenne, la France a implicitement renoncé à assurer la sécurité alimentaire des citoyens français par ses propres moyens pour se remettre, à moyen terme, aux mains de l'objectif européen de marché. Il devient également urgent de mettre un terme au désastre que constitue la politique européenne de la pêche. Et parmi les dossiers périphériques à celui-ci et à un niveau d'importance d'ailleurs bien plus élevée que le dossier de l'énergie devrait exister le dossier de l'Eau, sa distribution, et donc, de l'assainissement. Même si la France a grandement oeuvré pour livrer ces services pourtant vitaux aux acteurs des marchés mondiaux, en Europe et ailleurs, il conviendrait peut-être d'intégrer cette question dans la question plus globale des services dûs aux populations, aux côtés de la sécurité énergétique et alimentaire.
L'Environnement : Sans nécessairement sombrer dans le catastrophisme, les questions relatives à la gestion durable des ressources de la planète appartient à l'évidence à cet ensemble d'enjeux qui ne se conçoivent que dans le cadre d'une gestion coordonnée, que l'Europe pourrait être à même de mener pour peu qu'elle daigne s'en donner la peine et sortir de cette étrange obsession pour le bien-être animal.
Les transports et l'économie numérique : L'Economie ne doit pas être le moule dans lequel se forme le projet politique, mais on ne peut ignorer l'intérêt pour tous d'une certaine prospérité. Maintenant, prenez une carte des populations et une carte des voies de communication : superposez-les : que constate-t-on ? Elles se recouvrent. Laissons de côté la théorie pour constater ceci : donner une trop grande importance aux échelons nationaux et même locaux dans la définition des réseaux de transport revient, d'un strict point de vue économique, à se pénaliser. La prochaine Commission pourrait oeuvrer à revendiquer les moyens, politiques et financiers, d'une politique des transports dont la vocation explicite pourrait être de favoriser l'activité économique. Quand à l'économie numérique, elle procède de la même logique : de la même manière que les routes enrichissent leurs riverains, les réseaux de communication enrichissent ceux qui s'y raccordent.
L'Education, la formation continue supérieure et technique : on l'oublie facilement, surtout en France, mais l'Europe possède d'importantes compétences en matière d'éducation professionnelle. Ces compétences remontent d'ailleurs à l'époque où l'on considérait l'unification du marché des services comme un important gisement de croissance. Mais plutôt que de brusquer les corporatismes nationaux, l'Europe devrait limiter l'usage de ses compétences à la définition des activités émergentes, celles dont l'existence future est d'ailleurs nécessaire (d'un point de vue économie) au maintien du niveau de vie européens, qu'il s'agisse des nouveaux métiers de la protection des personnes et de l'environnement ou des "nouvelles technologies". L'Europe a par exemple, dès à présent, les moyens de favoriser l'émergence d'universités professionnelles européennes labellisées destinées à former les professionnels des métiers émergents.
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