La chose a été assez répétée : l'Union Européenne telle que semblent la souhaiter les partisans de la poursuite de sa construction exige une Commission Européenne forte et donc, un Président de la Commission Européenne fort et notamment, à même d'imposer ses vues au Conseil.
Il ne me semble donc guère étonnant que Nicolas Sarkozy, dont la sympathie pour une certaine europe des nations ne s'est guère démentie ait trouvé en les écologistes menés par Daniel Cohn-Bendit un allié de poids en faveur de la fragilisation de l'actuelle Europe.
Ce qui me semble plus étonnant, c'est qu'au sein de l'électorat vert, particulièrement instruit, personne n'ait semblé comprendre qu'à défaut de proposer une alternative crédible et visible à la candidature de Barroso, toute l'agitation qu'on pouvait faire pour dénoncer son bilan ne pouvait guère que contribuer à renforcer le pouvoir du Conseil sur la Commission. Mais pour ma part, je reconnais tant à Cohn-Bendit qu'à José Bové bien assez d'habilité en politique pour savoir mener leur barque quelle que soit l'issue de leurs manoeuvres. L'objectif qui les unit est de diminuer la capacité de nuisance du tandem constitué par la Commission et le Conseil, tandem qui est à l'origine d'à peu près tout ce que les citoyens rejettent de l'Europe. Mais à cet instant, la conséquence de leurs manoeuvres est surtout de renforcer la position du Conseil.
Si José Manuel Barroso se demande aujourd'hui où il en est, peut-être peut-il s'interroger sur les raisons qui font qu'encore aujourd'hui, la Commission Européenne refuse d'envisager l'interdiction de culture des OGMs pourtant demandée par 11 pays européens.
A Paris, lors d'une conférence sur l'avenir de l'agriculture durable, au salon de l'environnement et du développement durable, j'ai été témoin d'une parole intéressante venue du vice-président de la FNSEA, M.Masson : dans 20 ans, la population mondiale sera de 9 milliards d'habitants, or, pour nourrir cette population, la productivité des champs actuellement exploités devra être de 40%. C'est un impératif qui semble bien difficile à atteindre s'il n'y a pas un changement quelque part.
Dans ce débat si important pour nos générations futures, il y a une certaine hypocrisie d'un coté et de la maladresse à expliquer de l'autre car, sauf analyse de mauvaise foi de Masson, qui serait alors un immense irresponsable, mais j'en doute un peu tout de même, je ne vois pas comment la production agricole pourrait suivre la croissance démographique sans la génétique.
La question en réalité devrait être la suivante, sommes nous prêts, en Europe, à prendre le risque à avoir des denrées alimentaires plus biologiques en contrepartie de rendement incertains, ce qui impactera les prix, ce qui nous rendrait alors fortement dépendant des autres blocs continentaux, qui eux, en déjà pris le train en marche ?
Sur cette base, je pense que l'on peut comprendre que Barroso, moins dépendant du vote vert (particulièrement instruit) donc sans le soutien de nos élus nationaux sur cette question, qui eux en ont besoin, ne soit pas prêt à prendre un tel risque, à savoir la conduite d'une interdiction pleine et entière des OGM en Europe. Sa responsabilité historique serait alors engagée lorsque plus tard, on prendra conscience du retard irréversible qu'aurait pris l'Europe sous son mandat.
Rédigé par : José | 20 juin 2009 à 17:02
Représentant autorisé de la FNSEA en fonctions et irresponsable, c'est un pléonasme.
Fera-t-on offense au futur pdt de la Commission en exprimant l'espoir selon lequel, quelles que seront les positions qu'il défendre contre l'opinion des européens, il sache trouver de meilleurs arguments qu'expliquer qu'interdire aux européens, à niveau local ou national, d'interdire la culture des OGMs pour préserver la réputation de leurs filières, c'est menacer de mort de faim les générations futures ?
Rédigé par : Fachr | 21 juin 2009 à 13:21
Les deux agricultures peuvent fonctionner ensemble. La Bio en tant que telle ne pourra répondre à l'accroissement de la demande des circuits mondiaux. Elle correspondra aux circuits courts et aux paniers haut de gamme. La génétique aura une place pour l'agro-alimentaire de masse et industrielle, qui quoique l'on veuille, ne peut pas disparaitre, ni du jour au lendemain, ni progressivement.
Rédigé par : José | 21 juin 2009 à 20:38
Mais pourquoi vouloir *imposer* les cultures OGMs à des citoyens qui n'en veulent pas ?
De surcroit, étant donné les intérêts financiers colossaux en jeu, comment l'Europe peut-elle éviter le soupçon d'un parti pris intéressé en tenant cette intenable position contre l'avis des européens ?
Autrement dit, la cause des OGMs vaut-elle d'y sacrifier l'Europe ?
Rédigé par : Gus | 22 juin 2009 à 12:19
Le problème est que dans les négociations à l'OMC, pour Barroso et ses Commissaires sur l'OGM, l'argument "principe de précaution" se conjugue à l'imparfait alors que l'argument "protectionnisme", lui, c'est au présent.
En outre, dans l'équation, il ne faut pas oublier tous les autres secteurs, dont le nucléaire hexagonal, poussent pour un accord. Le flux OGM sert de monnaie.
Barroso est dans son rôle de Président de Commission et non de dirigeant d'Etat-nation lié aux impératifs électoraux. Les chefs d'Etats s'appuient sur lui pour faire passer la pilule OGM, dont les enjeux sont multiples et dépassent la seule question OGM, d'où sa réélection et un travail de sape énorme qui va se mettre en place sur les parlementaires rebelles. Une fois l'accord acquis, ils le bruleront, Barroso, pour calmer la rue et satisfaire le parlement.
Rédigé par : José | 22 juin 2009 à 19:33
Heureux de vous voir l'écrire : ce n'est effectivement pas pour l'Europe qu'on s'assied sur la volonté des européens, mais pour sauver l'OMC.
Mépriser l'opinion populaire pour des principes et une technocratie : mais de qui se moque-t-on donc ?
Et honnêtement, après, ça vous étonne de vous retrouver avec un Conseil de l'Europe pilant l'Europe en petits morceaux avec le soutien d'un côté des écologistes et de l'autre de l'opinion publique ?
Une chose importante a changé depuis l'échec de la Constitution Européenne : désormais, l'on sait que hurler à la mort de l'Europe ne suffira plus pour faire passer n'importe quoi aux européens. Et, personnellement, je m'en réjouis : car les enjeux de l'époque n'ont plus rien à voir avec les priorités européennes, dont la mondialisation, le nucléaire, la propriété intellectuelle ou les OGMs
Rédigé par : Gus | 23 juin 2009 à 06:29