Vous avez certainement entendu comme moi que l'Europe parlerait d'une voix unie au G20.
Il n'aura pas fallu plus d'une demi-journée à Jean-Claude Juncker pour découvrir les intérêts vitaux des citoyens de son pays sacrifiés au profit de celui de quelques politiciens européens en mal de popularité.
Car vous n'avez bien entendu pas pu ne pas entendre les promesses appuyées de la France et de l'Allemagne concernant les paradis fiscaux.
Il y a déjà bien de quoi rire en constater qu'aucune des mille plus grandes fortunes au monde ne semble trouver son compte à se faire fiscalement domicilier dans aucun des paradis fiscaux de la liste noire. Il y aurait pourtant une certaine logique à ce qu'un pays défiscalisant au mieux devienne la résidence naturelle des intérêts des plus prospères capitalistes de la planète : mais non ! Il semble pourtant se trouver pourtant dans cette liste des nations productives de premier plan, telles que les Philippines ou la Malaisie, dont les plus grands entrepreneurs semblent trouver leur compte en se faisant domicilier bien loin de leur pays natal.
Plus amusant encore : la moitié des 500 premières fortunes au monde sont tout simplement (fiscalement) domiciliées au Delaware. Le Nevada présente, lui aussi, d'indéniables atouts pour quiconque aspire à brasser en paix des monceaux d'argent. Et nous ne parlerons pas d'Israël, qui semble avoir mystérieusement disparu de la liste des pays blanchisseurs d'argent sale, ou de Macao, et quelques autres territoires.
Qu'en conclure ? Le résultat dont on se vante ici est risible : mais rien d'inhabituel pour un G7, G8, G20. Que la Malaisie ou les Philippines ne semblent que très peu s'opposer à être qualifiés de paradis fiscaux peut se comprendre, surtout s'ils cherchent à attirer les investissements étrangers. Leur main d'oeuvre est abondante, qualifiée, peu exigeante et diversifiée : une réputation de paradis fiscal ne pourra qu'aider à leur developpement comme il aida par le passé celui de l'Ontario. Mais avoir insisté et obtenu pour faire inscrire, dans une position qui n'est pas si bonne, des pays comme la Suisse, le Luxembourg et l'Autriche, qui sont désormais tout aussi spécialisés dans la finance que Londres sans que celle-ci y figure revient tout simplement à affaiblir durablement la position de ces nations européennes (ou grandes contributrices financières à la construction européenne dans le cas de la Suisse) au bénéfice, conscient ou inconscient, de Londres et New-York.
Toutes mes félicitations pour cette remarquable contribution à la construction européenne aux vedettes du G20 !
A l'issue du G20, le montant de l'assurance des emprunts du gouvernement américain (les fameux CDS) a chuté de 10 points de base, passant de 60bp à 50bp, ce qui est tout à fait considérable : à comparer avec le constat d'Henri Guaino affirmant que le problème du dollar (dans son esprit, la capacité des américains à régir les marchés des changes et du crédit) n'avait pas été réglé à l'occasion du G20.
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