Il est devenu rare de lire ici des louanges de l'action de la Commission Européenne. Pour autant, la défense des intérêts fondamentaux et notamment, des libertés fondamentales des citoyens européens ayant tendance à devenir l'une des missions les moins bien assurées par certains états membres de l'Union, l'on ne pourra que se réjouir d'entendre la Commission Européenne signaler le plus officiellement du monde son intention d'agir en justice contre le gouvernement britannique pour son inaction face au désastre Phorm.
Pour faire simple, Phorm est le nom de cette intéressante initiative née outre-Manche il y a déjà quelques années par laquelle les fournisseurs d'accès à internet se font rémunérer pour laisser une tierce partie observer l'activité des internautes. Vous l'aurez certainement remarqué, la chose est bien plus invasive que le pire qu'on pourrait imaginer avec HADOPI même dans sa version la plus liberticide.
Même si la défense des libertés fondamentales des citoyens n'agitera certainement jamais autant la blogosphère que celle de la liberté de consommer tant et plus à n'importe quel prix, mêmes les citoyens les plus insensibles à l'intérêt de défendre leur propre intimité observeront que le projet offensif dévoilé par la Commission Européenne pourrait éventuellement servir d'esquisse d'un plan d'attaque contre HADOPI y compris sur le sol national, puisque c'est le juge ordinaire qui y juge de la conformité de la loi nationale au droit européen. La maison ne reculant devant aucun sacrifice pour un peu d'audimat, sans doute fallait-il le souligner particulièrement : avec ou sans amendement 138, l'état du droit européen pourrait suffire à grandement réduire la portée réelle d'HADOPI.
(Puisque les élections approchent, sans doute faut-il préciser que le maintien du Commissaire Viviane Reding dont l'action est ici louée à son poste pour la prochain Commission ne peut guère s'imaginer qu'à condition que Jose-Manuel Barroso soit lui-même réélu porté par une coalition très majoritairement conservatrice. Car si certes l'on s'agite au Parlement Européen sur le sujet, en Europe, ce n'est qu'à la Commission qu'on agit).
Add. 15/04 : le journal Le Point aborde le sujet.
L’économie subit sa plus grave crise depuis 1929. Les pistes que l'Europe empruntera pour en sortir dépendront avant tout des choix politiques qui seront réalisés. C’est pourquoi, en tant que citoyens, quelles que soient nos appartenances politiques, nous ne sommes pas indifférents à l’issue des débats internes qui se mènent au sein de l 'UE.
Nous sommes conscients que LAURENT FABIUS jouera un rôle décisif dans la constitution dans une alternance capable de déboucher sur une alternative réelle.Ainsi nous vous prions mr fabius de bien vouloir accepter d'être le porte drapeau du peuple de l'est et l'ouest d'Europe.
http://www.myspace.com/laurentfabiuspetition
Rédigé par : bolingo | 14 avril 2009 à 21:16
Vous imaginez Laurent Fabius siéger à la prochaine Commission Européenne ?
Remarquez, de la part du Président Sarkozy, faire une telle proposition serait très habile.
Et de surcroit sans risque politique : nul de ses fidèles n'aime ce genre de costume et les rares qui l'endosseraient avec talent lui resteront certainement fidèles.
Maintenant, étant donné les relations pour le moins tendues entre le Président Sarkozy et celui qui semble aujourd'hui le plus probable futur Président de la Commission Européenne...
Rédigé par : Gus | 15 avril 2009 à 07:50
"Car si certes l'on s'agite au Parlement Européen sur le sujet, en Europe, ce n'est qu'à la Commission qu'on agit)"
c'est incroyable de lire ça à deux mois des élections européennes!En Europe la commission n'a qu'un rôle de proposition: c'est le Parlement européen et le Conseil (les gouvernements des 27) qui colégifèrent!
Avec de telles conneries il ne faut pas s'étonner que personne va voter!
Incapable!
Rédigé par : crumble | 15 avril 2009 à 09:51
Pardonnez-moi, crumble, de faire l'effort d'essayer de faire de Publius un outil d'information et non pas un énième organe de propagande subventionnée.
Viviez-vous sur Mars, en 2005, quand ce genre de débats animait l'internet ?
Rédigé par : Gus | 15 avril 2009 à 12:22
Je ne puis qu'être d'accord avec crumble et regretter l'antiparlementarisme de votre remarque. De fait, un Parlement a une fonction législative et n'a pas de moyen d'action directe toutefois les eurodéputés ont un rôle déterminant dans l'orientation des politiques publiques européennes en amendant, adoptant ou rejetant les propositions qui leur sont faites.
Ils exercent en outre un contrôle étroit sur la Commission là ou les députés français sont contrôlés par le gouvernement.
Vous n'aviez pas besoin de rappeller, Gus, ce que tout le monde à constaté, c'est à dire que ce blog s'est mis au service de la cause nationaliste et non plus de la cause européenne.
Rédigé par : Valéry | 15 avril 2009 à 21:41
"Ils exercent en outre un contrôle étroit sur la Commission"
Tiens donc ? à quoi donc faites-vous *précisément* allusion ?
Notez au passage qu'à la différence de la plupart des commentateurs francophones de l'actualité européenne, je ne tire aucun revenu direct ou indirect de mes publications.
Rédigé par : Gus | 16 avril 2009 à 17:52
Tiens donc ? à quoi donc faites-vous *précisément* allusion ? :
Avec des exemples : http://www.elections-europeennes.org/parlement_europeen/fonctions/pouvoir_controle.php
Le fait d'avoir pu empêcher la nomination d'un individu aussi sinistre que Buttiglione, d'avoir fait démissionner la Commmission Santer, représentent déjà bien plus que ce qu'a fait l'Assemblée nationale depuis bien longtemps.
La faiblesse de la Commission vient à la fois de la docilité coupable de son président envers le Conseil dont il est issu mais aussi de sa prudence désormais extrême envers le Parlement européen.
Par ailleurs les eurodéputés savent dirent Non aux textes qui leurs déplaisent : http://www.taurillon.org/Garant-de-l-interet-general-le ce qui n'est possible en France qu'en se cachant derrière un rideau du Palais Bourbon.
Rédigé par : Valéry | 17 avril 2009 à 06:46
Et l'amendement 138, voté par une majorité écrasante au parlement européen ?
Qu'est-il devenue entre les mains de la commission ?
Rédigé par : Frill | 19 avril 2009 à 16:26
Barroso fait effectivement preuve d'un réel courage politique à laisser ses commissaires européens tenir visiblement tête au conseil sur l'amendement 138 plutôt que de simplement avaler la couloeuvre du Conseil.
C'est aussi très courageux de sa part de laisser ses commissaires contester l'approche particulièrement novatrice du gouvernement britannique sur la protection des intérêts fondamentaux des citoyens britanniques.
Maintenant, retirez du paysage un Président de la Commission expérimenté et conscient de sa force, et vous verrez qu'il ne restera plus aucun pouvoir au Parlement, qui n'existe qu'au travers de la Commission et pas l'inverse.
Autrement dit, tant qu'à voter aux européennes, il ne faut pas se tromper : et choisir un Président de la Commission Européenne fort et à même de faire fae au Conseil, de préférence ave le soutien du Parlement,et en aucun cas l'un de ces célèbres compromis byzantins à l'européenne.
Rédigé par : Gus | 21 avril 2009 à 07:01