Le règlement REACH a été l'occasion de formaliser une fois de plus la doctrine européenne par laquelle s'évalue la toxicité et la dangerosité des produits vendus ou distribués en Europe. C'est en cohérence de cette doctrine que les éventuelles autorités locales chargées de la sécurité des consommateurs fonctionnent, puisque, en vertu du marché unique, on ne saurait interdire le commerce ou l'usage d'un produit commercialisé en Europe en vertu d'une règle qui ne soit pas européenne.
Cette doctrine repose sur la déclaration par les industriels et distributeurs des produits vendus sur le marché commun auprès des agences européennes et nationales chargées de la protection de la sécurité des populations. Les producteurs doivent également fournir diverses études évaluant la toxicité de leurs produits, études librement réalisées selon des protocoles librement définis par des scientifiques choisis par les industriels. A la demande des industriels, les résultats des études comme les protocoles utilisés sont secrets. Les agences ne disposent ni des compétences, ni des moyens requis pour réaliser leurs propres tests et se basent donc sur les résultats fournis par les industriels.
Il peut exceptionnellement arriver que les tests réalisés par des entités réputées indépendantes soient également examinés : bien entendu, l'indépendance de ces entités peut être contestée. Il peut aussi arriver que la réalisation de certains tests soit considéré comme une atteinte à la propriété intellectuelle du propriétaire du produit testé, car assimilé à de la rétro-ingénierie, c'est à dire, le processus par lequel on analyse un produit en vue de le reproduire.
On peut alors raisonnablement conclure que les agences chargées en vertu des traités européens d'assurer la sécurité sanitaire ou alimentaires des populations se reposent en pratique sur la bonne foi des distributeurs et importateurs pour constater que, selon leur fournisseur, les produits vendus en Europe ne sont pas toxiques pour l'homme.
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