Le récent plaidoyer d'Angela Merkel en faveur d'un endettement présenté comme nécessaire l'atteste : la difficulté actuellement éprouvée par l'Allemagne, longtemps considérée comme l'économie la plus performante du monde, à trouver des épargnants pour acheter ses titres de dette publique à dix ans a surpris plus d'un observateur.
Le projet de relancer économique par l'emprunt public affronte en effet la difficulté largement par ceux qui autrefois se présentaient en partisans de la rationalisation de la dépense publique, c'est à dire, la réticence des investisseurs à prêter à trop long terme et pour trop peu cher à des gouvernements renonçant explicitement à une certaine discipline budgétaire. On peut aussi évoquer la difficulté avec laquelle ces mêmes gouvernements s'empressent d'emprunter sans se doter clairement de plans de modernisation de leur économie, incluant l'abandon de secteurs industriels sans grand avenir (automobile, banque à l'ancienne, etc. ) et la réorientation de l'investissement de recherche et d'éducation vers les secteurs clés des rares avenirs concevables à moyen terme.
Mais vient aujourd'hui de Tchéquie une nouvelle critique. La ressource d'argent privé susceptible d'être prêté aux pouvoirs publics est limitée : si celle-ci en vient à trop s'orienter vers le soutien aux économies actuellement dominantes, mais structurellement obsolètes, il ne restera plus assez d'argent pour les pays européens émergents pour se developper. Ainsi échouerait-on à atteindre le premier objectif poursuivi par les pays de l'Est en adhérant à l'Union, à savoir, accéder à un financement à faible coût pour se redevelopper.
C'est certainement dans ce cadre qu'il faut interpréter d'une part, le récent choix surprenant de Vaclav Klaus de préférer s'exprimer dans le Financial Times plutôt que devant les corps constitués de l'Union à l'occasion de l'inauguration de la Présidence Tchèque. C'est aussi certainement dans ce cadre qu'il faut analyser la possible construction d'un solide front au sein de l'Union des pays plus désireux de poursuivre leur developpement que de sauver un Billancourt qu'ils n'auront de toute façon jamais eu.
Deux remarques :
- quel début de présidence tchèque ! Peut-être pensent t'il que c'est en commençant par critiquer ses partenaires, à exposer au grand jour des divisions naissantes, qu'on va faire avancer l'Europe. Il est clair que pour les tenants d'une Europe plus unie, parlant d'une voix (dans la mesure du possible, qui doit s'accroître avec le temps) et intégrée, difficile de faire plus mauvais.
- ce qui est choquant parmi le discours du président tchèque, au milieu de ce qu'il considère être son idée directrice, est la négation appuyée du problème du réchauffement climatique. Les chinois, par exemple, ne le nient pas : ils affirment que ce n'est pas à eux de subir les erreurs des pays occidentaux. Mais voir le "président en exercice de l'Union Européenne" minimiser le problème, c'est proprement allucinant...
Tout cela n'augure rien de bon pour les 6 prochains mois. Tiens, une raison pour laquelle il faut que le traité de Lisbonne rentre en vigueur le plus rapidement possible...
Rédigé par : Julien | 08 janvier 2009 à 22:49
Je ne sais pas si la manière dont "la présidence en exercice de l'Union" a traité la crise géorgienne et notamment ses ramifications ukrainiennes avait semblé contribuer à la construction européenne à ces mêmes états que ceux auxquels s'adressent aujourd'hui la Tchéquie.
Ceci dit, six mois, c'est peu.
Rédigé par : Gus | 09 janvier 2009 à 06:58