Le projet Nabucco consistait à construire un gazoduc de 3.400 Kms destiné à acheminer le gaz turkmène, iranien et azéri depuis les frontières orientales turques jusqu'en Autriche, évitant au passage la Russie, la Géorgie et l'Ukraine.
Ce projet, on s'en doute, était perçu par la Turquie comme un puissant moyen d'intégration dans l'Union et était à ce titre particulièrement soutenu par ses gouvernements successifs. Il avait de surcroit le mérite d'ouvrir des débouchés potentiels sur la Méditerranée à trois nations n'en disposant pas.
On ne s'étonnera donc pas que la Turquie se rappelle aux bons souvenirs de l'Union en signalant que comme le souligne assez clairement l'incident ukrainien, le simple intérêt commercial ne justifiera jamais à lui seul le soutien d'un pays à un projet de gazoduc le traversant s'il s'agit juste de bénéficier d'un approvisionnement en gaz au cours du marché. Autrement dit, que la Turquie estime apporter un soutien stratégique à l'Union en soutenant Nabucco.
Il serait temps que les dirigeants et citoyens de l'UE prennent pleinement conscience de l'intérêt stratégique de la Turquie et traitent ce pays aussi dignement qu'il le mérite. Les préjugés ont fait assez de torts comme cela à la Turquie comme à l'UE. Respectons nos promesses, nous serons plus crédibles quand nous demanderons aux Turcs de tenir les leurs.
Rédigé par : Lucrèce | 19 janvier 2009 à 21:18
Comment l'UE peut ignorer un pays comme la Turquie, ils ont protégés l'Europe contre le danger communiste et c'est comme ca qu'on les remerci ?!
Rédigé par : Daniel | 19 janvier 2009 à 21:58
La question est sans doute de plus grande importance encore pour des nations particulièrement touchées par la crise du gaz telles que la Hongrie, qui ont encore comme héros national un vaillant résistant à l'invasion ottomane qui préféra faire effondrer sur lui la citadelle qui fût sa dernière demeure pour emporter avec lui dans la tombe plus de soldats turcs qu'il n'aurait pu le faire les armes à la main.
Rédigé par : Gus | 20 janvier 2009 à 07:38
Le gouvernement hongrois est favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Il n'y a pas de courant notable d'opposition au sein des associations et partis politiques (cf. Deniz Akagül et Smih Vaner, « L'Europe avec ou sans la Turquie », Paris, éditions d'Organisation, 2005, p. 80).
Par ailleurs, je vous conseille de lire un bon livre d'histoire ottomane, pour connaître l'histoire de la présence ottomane en Hongrie au-delà des mythe : l'« Histoire de l'Empire ottoman » dirigée par Robert Mantran et paru chez Fayard en 1989, par exemple ; ou, si vous comprenez l'anglais, le premier volume de l'« History of Ottoman Empire and Modern Turkey » de Stanford J. Shaw et Ezel Kural Shaw, aux Presses universitaires de Cambridge en 1976.
Rédigé par : Lucrèce | 20 janvier 2009 à 10:32
Merci, Daniel, de vous rappeler de la place de la Turquie et des Turcs dans la guerre froide. Ils ont tenu face aux revendications soviétiques sur les Détroits (revendications faites dès 1945 : c'est le premier épisode de la guerre froide), ils ont envoyé un contingent pendant la guerre de Corée, participé fidèlement à l'OTAN à partir de 1952, etc.
Plus généralement, les Turcs ont plutôt une bonne image dans les associations européennes dont ils font déjà partie, comme la Fédération européenne des chambres de commerce, ou l'Association des producteurs de coton et fibres connexes de l'Union européenne.
Rédigé par : Lucrèce | 20 janvier 2009 à 10:36
Les commentaires sur cet article sont d'une insondable candeur. S'il suffit que ce gazoduc passe par la Turquie pour faire entrer la Turquie dans l'Europe, pourquoi ne pas faire entrer les pays producteurs : Turkménistan, Iran, Azerbaïdjan ? Et pourquoi pas la Russie et l'Algérie qui nous vendent du gaz ?
Et si la participation à la guerre de Corée ou à l'OTAN suffit pour qualifier la Turquie de pays européen, pourquoi pas les Etats-Unis, le Japon ....qui ont participé par exemple, de façon directe ou indirecte, à la guerre de Corée ?
Si "les Turcs ont plutôt une bonne image dans les associations européennes", ils en ont une moins bonne sur le territoire français, c'est le moins que l'on puisse dire !
Ceux qui vivent dans leur tour d'ivoire ne reculent devant aucun prétexte fallacieux pour faire entrer la Turquie, pays musulman expansionniste situé en Asie, à la démographie prolifique, dans une Europe démographiquement et politiquement suicidaire.
Rédigé par : avril | 21 janvier 2009 à 23:26
Le point important est de constater que l'actuel gouvernement ukrainien, soutenu par l'Europe, a préféré gérer *son propre intérêt* plutôt que celui, vital, de ses voisins européens.
Dès lors, la question qui peut se poser est de savoir si l'Ukraine a vocation à participer au dispositif de sécurisation de la distribution d'énergie entre les différentes nations d'europe.
Rédigé par : Gus | 22 janvier 2009 à 08:48