L'économie n'est pas aussi complexe qu'on veut bien le croire.
Au niveau d'un pays, l'une des choses importantes à garder en vue est la balance des paiements, c'est à dire, le bilan en devises des flux financiers entrants et sortants. De ces flux dépend la soutenabilité de la dette publique, surtout dans les pays dont les budgets publics sont structurellement déficitaires, comme la France.
On s'en doute, le premier élément de ce bilan est le commerce extérieur : mais ce n'est pas le seul. Il faut aussi considérer les investissements étrangers, qui étaient jusqu'à il y a peu particulièrement importants en France : ces investissements reflètent la confiance de l'étranger en la capacité du pays dans lequel on investit à produire, à terme, des richesses, notamment capables de couvrir le remboursement des dettes publiques.
La confiance de l'étranger en la capacité d'un pays à produire des richesses est avant tout conditionnée par la productivité du pays. Cette productivité dépend essentiellement des salaires payés aux travailleurs et de la productivité individuelle de chaque travailleur, laquelle dépend notamment de l'effort de recherche, de mécanisation, etc.
Lorsqu'un Etat comme la France, appartenant à la zone Euro, estime avoir des besoins massifs d'argent pour "soutenir l'économie", il doit donc d'urgence s'intéresser à l'opinion des marchés quand à la productivité de son économie. Et s'il doit ajuster rapidement sa productivité, la seule option dont il dispose réellement n'est pas d'améliorer la productivité de chaque travailleur, mais d'inciter les salaires à chuter.
Vous l'aurez donc compris : au moindre signe de perte de foi des marchés en la politique économique de tel ou tel état membre de l'Union, et en considérant qu'une dévaluation n'est pas envisageable au sein de la zone euro, ce seront les salariés qui devront, en acceptant des baisses de salaire, redonner confiance aux investisseurs que leurs gouvernements veulent séduire. C'est ce qui se passe aujourd'hui en Espagne, depuis quelque temps en Grèce, sans doute bientôt en Irlande et peut-être bientôt en Italie. En Grande-Bretagne, le taux de change flottant de la livre fait le travail.
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