Les citoyens de l'Union se reconnaissant dans la gauche démocratique doivent se sentir floués ce soir, pour les quelques-uns qui se préoccupent un tant soit peu de la préparation de la prochaine élection européenne.
Le Parti des Socialistes Européens soutiens en effet de facto la reconduction du sortant, le conservateur José-Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne.
Deux des derniers chefs de gouvervement socialiste en Europe, l'espagnol José Luis Rodríguez Zapatero et le portuguais José Sócrates ont annoncés ouvertement leur appui à cette hypothèse, comme l'avait fait avant eux de nombreux gouvernements de droite, dont le président de la République française Nicolas Sarkozy.
De fait le congrès du PSE réuni à Madrid le lundi 1er décembre a refusé de nommer un candidat issu de ses rangs pour concourir à la présidence de la plus importante des institutions de l'Union. Ce faisant, les socialistes et sociaux démocrates européens apportent de facto leur soutien à un candidat issu des rangs adverses, ou supposés l'être.
C'est pourquoi on ne peut être que fort dubitatif en parcourant les termes du manifeste adopté (en pdf et en anglais ici) : "une nouvelle direction pour l'Europe", choisir entre "une Europe progressiste" et "une Europe conservatrice", placer "le peuple d'abord". Et tout ceci, naturellement... avec le candidat de la droite !
La lâcheté du PSE (selon les termes de eurojunkie) ne peut que semer le doute dans l'électorat car en acceptant le fait accompli plus de six mois avant l'élection européenne, les "responsables" sociaux-démocrates européens envoient un signe particulièrement négatif en avalisant la désignation du nouveau président de la Commission avant que qui que ce soit n'ait eu l'occasion de voter.
L'Establishment européiste, comme trop souvent, ouvre grand la porte aux partis nationalistes en faisant d'eux la principale force d'opposition au niveau du débat public européen. Au mieux, c'est vers l'abstention massive que l'on pousse l'électorat de gauche. Si certains avaient une volonté délibérée de saboter l'élection européenne, le moment du choix démocratique sur les orientations de l'Union, ils n'auraient guère fait mieux.
Toutefois la dissidence gagne. Les Verts semblent ainsi vouloir faire du rejet de M. Barroso l'un de leur thème principal de campagne. C'est ce qu'en dit Daniel Cohn-Bendit, lequel est rejoint par l'ancien ministre des affaires étrangères de RFA, Joschka Fischer, lequel accuse le sortant d'incompétence. Par ailleurs plusieurs bloggueurs, dont votre serviteur, ont lancés un début de campagne "Tout sauf Barroso" pour tenter de lancer le débat. Un groupe Facebook tout neuf la relaie.
Il ne fait guère de doute que les raleurs seront de plus en plus nombreux à l'approche des élections. En attendant les électeurs de gauche continueront à se poser la question : "À quoi sert le PSE ?" Margot Wallström a désormais bien du mal à répondre à cette question. Et vous ?
Il faut être lucide : le Parlement Européen n'a aucun pouvoir, hormis, justement, celui de valider le choix fait par les états membres d'un Président de la Commission.
Le manifeste du PSE a donc bien plus de sens pour l'action locale des partis qui se sentiront concernés que pour l'action des députés européens qui consiste essentiellement à faire des allers et retour Bruxelles-Strasbourg pour servir d'alibi démocratique au système européen. Et cela implique, notamment, pour les politiciens en vue du PSE, de ne surtout pas se fâcher avec le futur Président de la Commission, et donc, pour commencer, de ne pas se présenter contre lui en 2009.
Rédigé par : Gus | 01 décembre 2008 à 22:50
@Gus : au contraire le Parlement européen a des pouvoirs considérables, bien plus en tout cas que notre Assemblée nationale, et c'est très précisément pourquoi cette démission collective de la gauche européenne est particulièrement grave.
Le bilan du Parlement européen est relativement bon en ce qui concerne le contrôle du contenu des lois européennes. Il a pu rejetter des textes (ex. libéralisation des services portuaires) ou en infléchir d'autres le plus souvent dans un sens très favorables aux intérêts des citoyens.
Le bilan du président de la Commission est pour sa part beaucoup plus discutable (cf.http://www.valeryxavierlentz.eu/index.php?post/tout-sauf-barroso).
Rédigé par : Valéry | 01 décembre 2008 à 22:56
Put***, ils ont réussi à me gâcher la soirée...
C'est triste pour le Parlement européen.
Rédigé par : Fabien | 01 décembre 2008 à 23:59
Quant au PDE, il est déterminé à présenter un candidat contre Barroso. Le principal problème sera simplement de savoir qui.
Rédigé par : KPM | 02 décembre 2008 à 06:52
Je ne vous contredirai pas, Valéry, et vous savez bien pourquoi : pour l'instant, ce sujet n'intéresse pas l'électeur. Il l'intéressera, peut-être, aux élections. Auquel cas je ré-énoncerai mes arguments et vous les vôtres. L'un de nous deux a forcément tort, vu nos positions respectives. L'électeur, alors, jugera au vu des arguments de l'un et de l'autre.
Et cet affrontement, celui qui a raison a intérêt à le provoquer. Pourquoi ? Pour discréditer son adversaire. Les simples citoyens n'ont pas de temps à perdre : en pratique, ils raisonnent de manière simple : ils identifient ceux qui leur mentent et arrêtent de les écouter. Ainsi se résolvent les questions difficiles.
Comptez sur moi pour être présent lorsqu'il la faudra.
Rédigé par : Gus | 02 décembre 2008 à 12:41
@Gus : je suis désolé mais comme souvent je ne comprend pas ce que vous voulez dire.
Rédigé par : Valéry | 03 décembre 2008 à 00:32
Vous affirmez que "le Parlement européen a des pouvoirs considérables". C'est donc avec plaisir que je viendrai en temps venu demander ce que les sortants du PSE en auront fait, de ce fameux pouvoir.
Rédigé par : Gus | 03 décembre 2008 à 08:02
"je viendrai en temps venu demander ce que les sortants du PSE en auront fait, de ce fameux pouvoir."
C'est deux questions différentes... savoir si l'institution a du pouvoir et savoir comment les élus l'utilisent :-)
Rédigé par : valéry | 03 décembre 2008 à 14:34
Et si le PSE a le plus gros groupe au Parlement? (peu probable mais on ne sait jamais) , ils seront bien embêté les bougres.
Rédigé par : jia | 03 décembre 2008 à 16:26
Rassurez-vous, Valéry : les verts européens ont largement documenté les détails. Rien que pour ça, j'ai presque envie de voter pour eux.
Rédigé par : Gus | 04 décembre 2008 à 20:03
ALORS, A QUAND UN NOUVEAU LYNCHAGE NUMERIQUE ORGANISE POUR " SORTIR DE LEUR BOITE DES GENS " QUI AURAIENT BESOIN D UNE BONNE LECON PARCE QU'AYANT DÉPLUT A CE GROS CONNARD DE SI PEU PRESIDENT , MEUH ?
http://embruns.net/ aka- Merci de votre commentaire. -Il a été bien enregistré et sera publié prochainement après validation.
Rédigé par : nina | 06 décembre 2008 à 14:17
L'appel de Pierre Larrouturou à un sursaut des socialistes européens (cf http://marianne2.fr/Ceci-n-est-pas-une-crise-financiere-!_a92514.html) commence à être entendu :
Une soirée-débat intitulée “Crise financière et économique : comprendre pour agir” a eu lieu à Bruxelles le 11/12/08, en présence d’Elio Di Rupo (président du PS belge francophone), Poul Nyrup Rasmussen (président du Parti Socialiste Européen, député européen et ancien chef du gouvernement danois) et Pierre Larrouturou (économiste et auteur de l’ouvrage “Le livre noir du libéralisme“).
La video de cette conférence est disponible sur http://nouvellegauche.fr
Les choses commencent à bouger au niveau européen, coordonnons nos actions !
Rédigé par : MKL | 24 décembre 2008 à 13:53