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« La Cour Européenne de Justice contestée devant la Cour Constitutionnelle Fédérale Allemande | Accueil | EDVIGE, une simple anticipation de la construction européenne ? »

12 septembre 2008

Commentaires

Gus

Il y a, à mon avis, une leçon a retenir du débat citoyen et international ayant eu lieu à l'occasion du débat sur la directive C2I. Je vais essayer de l'exposer. Mais ll faut d'abord me pardonner de revenir sans cesse sur ce sujet au seul motif que j'estime avoir été témoin de premier plan sur le dossier.

En décembre 2004, le ministre Jeannot Krecke, en charge d'une réunion du conseil sur le sujet qui avait pour objectif majeur de passer outre quelques opinions dissidentes exprimées notamment par la Pologne et le Parlement Néerlandais, a commis quelques inélégances. Il s'est même par la suite avéré que le technicien en charge de l'enregistrement de la séance s'était hélas pour une fois mélangé les crayons et n'avait pas été capable de produire l'enregistrement de la séance. Néanmoins, divers éléments objectivement appréciables, dont une position écrite et antérieure du Parlement néerlandais donnant des instructions précises au représentant des Pays-Bas au Conseil pour cette réunion, suffisait à établir l'existence desdites inélégances.

De mon point de vue, ces entorses assez flagrantes aux principes généraux des états de droit ont été d'une part le point de déclenchement d'une mobilisation inattendue sur ce dossier particulier, mais aussi, le critère qui a fait basculer l'ensemble de l'importante mobilisation existante dans une logique de contestation globale de l'Union au motif de l'accumulation d'indices de plus en plus évidents du non-respect, notamment par le Conseil et la Commission, des règles applicables. Oublie-t-on qu'un bon citoyen, lui, se plie tous les jours à des règles ? Ce débat a d'ailleurs mené à d'intéressantes et pourtant brèves discussions avec Michel Rocard, notamment à Lyon, qui s'en souvient certainement encore.

J'ai entendu deux honorables européens expliquer que "quand on est plénipotentiaires et d'accord sur le fond, les règles importent peu.". C'est ce qui a été fait à l'occasion de l'action autour de la crise géorgienne. Cette approche est certes efficace, mais alors, se pose une question : pourquoi mêler l'institution européenne à ça ? S'il s'agit juste de s'entendre entre représentants autorisés, une réunion dans un bistrot bruxellois suffit.

L'un des rôles de toute institution est de permettre aux simples citoyens d'émettre quelques objections ou de suivre le processus de prise de décision. Priver le citoyen de cette possibilité, comme cela fût fait à l'occasion de la crise géorgienne, c'est discréditer l'institution, et par voie de conséquence, la totalité de son action. Quand il s'agit d'un comité consultation local, ça a évidemment moins de conséquences que quand il s'agit de l'Union Européenne.

Bien sûr, on me répondra que la PESC exige des réponses rapides et des débats secrets. Tout en souriant, j'acquiesce. Mais dans ce cas, pourquoi faire le travail fait par la PESC à l'intérieur de l'Union s'il ne peut pas être fait dans le cadre des règles de l'Union ? On sait qu'il est difficile de faire évoluer ces règles (comme l'expose fort bien Jouyet soutenant le maire de Strasbourg). On sait qu'en passant outre, on risque une importante crise de confiance avec l'électorat en cas d'échec (a-t-on déja choisi les formes des hommages qui seront à rendre aux soldats européens qui seront tôt ou tard victimes des errements de la PESC ?). Sur ce dossier particulier, on s'attire les reproches des nations neutres et pacifistes dépossédées d'un élément fondamental de leur pacte social par la violation des règles institutionnelles dont la légitimité restait simplement d'avoir été très indirectement acceptées par ratification parlementaire. Et enfin, et ce n'est pas rien, on jette l'idée d'une Europe idéal de paix à la poubelle sans rien avoir pour le remplacer.

Du coup, le débat soulevé par Jules prend un tout autre tour : le débat public sur les directives en cours d'adoption existe. Il a notamment existe pour C2I, REACH, les directives portuaires, Bolkestein, etc. : nul ne niera ici que je contribue d'ailleurs personnellement significativement à l'animer. Avec quelles conséquences ? Je constate avec un certain amusement qu'il semble exister un lien direct de cause à effet entre la publication sur Publius de certains de mes articles et le retrait des références au site Publius chez les grands de la blogosphère francophone (au sens par exemple du classement Wikio). Cela, je vous l'assure, ne me dérange nullement : mon parti-pris est évident et telles initiatives, inscrites pour l'éternité dans Google, servent à mon avis davantage ma cause que toute autre. Mais cela pose une réelle question : existe-t-il une possibilité de débat européen en France au sens de Jules (donc, j'imagine, visible depuis son bureau parisien, commenté sur France Inter et mentionné dans Libé, le Monde, et Le Figaro) passant outre la tendance marquée d'une presse financièrement dépendante de l'institution à en défendre le point de vue quel que soit le comportement de l'institution ? Après tout, sur Sud Radio, l'une de mes radios favorites, l'Europe, et parfois certaines directives européennes, sont avec les radars, l'alcool et le sexe l'un des thèmes de débat fétiche des auditeurs. Se souvenir de la brillante campagne aux présidentielles de Jean-Pierre Mounies pour s'en convaincre.

D'où ma conclusion : le débat existe : le problème, c'est que les professionnels français de l'Europe persistent à rester à côté de ce débat, comme le témoigne la liste des contributions à Publius depuis mai 2005, voirent nient son existence.

Vay

Quand je pense au nombre d'années de budget de fonctionnement d'un forum Web ouvert à tous les européens qu'on pourrait se payer avec ce genre de sauteries....

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