A l'annonce signalée par l'Irish Times du retour au bercail du principal contingent non-français de l'EUFOR, c'est à dire, le contingent irlandais de la force de la paix européenne au Tchad, on relira avec profit ce qu'en disait à l'époque Thomas, un des co-auteurs de Publius.
On peut en effet comprendre au vu de la dégradation continue de la situation dans cette partie du monde que la double présence militaire française d'un côté, européenne, posera aujourd'hui plus encore qu'hier la question de l'ambiguïté de la position française vis à vis du régime tchadien, et, par voie de conséquence, du niveau exact de responsabilité de la France dans la situation tant au Darfour qu'à l'est du Tchad, ambiguïté qui rend de fait l'Union impuissante.
On peut alors prédire que, de ce seul fait, l'Union et sans doute la majorité des états-membres se rallieront à une probable prochaine proposition de l'ONU de reprendre en mains une affaire qu'elle n'aurait jamais laissé l'Union gérer sans son insistance (ou plutôt, l'insistance de la France tant à l'ONU qu'après de l'Union), comme en témoigne la résolution 1778.
On voit en effet mal l'Irlande, de tradition neutraliste, en difficulté pour définir sa position par rapport à l'Union malgré tout ce qu'elle lui apporte, notamment, militairement, se porter à nouveau volontaire pour assurer le gros d'un effort européen auquel nul ne consentira probablement tant que la France restera en mesure, par sa capacité d'initiative avérée par son soutien prouvé au régime tchadien, de mettre en péril la vie des soldats de l'EUFOR, le tout dans un contexte de plus en plus périlleux pour les soldats de la paix. Auquel cas se posera la question de savoir ce qu'apporte exactement l'existence de la PESC à l'action de l'ONU : s'agit-il d'imiter les américains en intervenant militairement sans l'accord de l'ONU avec le succès qu'on sait ? Ou alors, quoi ?
Car dans ce cas précis, il n'est pas à exclure que certaines nations africaines voient une éventuelle demande de l'ONU comme l'occasion tant de démontrer leur capacité à maintenir la paix que de faire évoluer le regard que la France invite le monde à porter sur eux. Le jugement qui serait alors porté sur les onze mois qu'aura fait perdre à la paix les initiatives françaises et européennes sera autant de crédit retiré à l'influence réelle de l'Union comme de la France.
NB: On apprend par ailleurs que l'armée française n'a pas estimé être en capacité d'aller chercher les cadavres de ses propres troupes tombées au combat en Afghanistan, et a délégué ce travail aux militaires norvégiens, mieux perçus localement.
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