Les Irlandais ont dit non. Il nous faut accepter le verdict des urnes,
la voix de la démocratie, l'expression du droit à l'autodétermination
des peuples souverains, la validité du jugement des vrais gens, le signal envoyé aux élites bruxelloises enfermées dans leur tour d'ivoire…
Enfin, ça c’est surtout le bullshit politicard avec lequel les
ouistes dans mon genre sont censés accueillir les résultats du
référendum de jeudi. Mais n'étant candidat à rien et représentant de personne, je répète
la chose suivante : les Irlandais ont voté en égoïstes à la mémoire
courte et les nonistes « de gauche » qui, en France, se réjouissent bruyamment, n’ont pas beaucoup de suite dans les idées. Le non irlandais est essentiellement un non de droite et ce n’est pas parce qu’il sert l’intérêt à court-terme d’une poignée d’idéologues qu’ils doivent s’en gargariser.
Mon sentiment, c’est un peu celui de Badinter ce matin sur France
Culture : l’Union européenne est une sorte d’adolescent grandi trop
vite et traverse l’une de ces crises brouillonnes dont les enfants
gâtés sont coutumiers. La paix, la prospérité, le confort, tout ça, ça
fait partie du paysage… On n’a plus besoin de s’en préoccuper, ça va de
soi… Mais non, ça ne va pas de soi : ça se cultive, ça s’approfondit.
Ou ça s’éteint.
La procédure référendaire appliquée à un traité pareil est de toute
manière un travestissement de la logique démocratique — laquelle aurait
été parfaitement respectée via un vote des parlementaires
irlandais. Demander aux gens de se prononcer par oui ou par non sur un
texte complexe, qu’ils n’ont évidemment pas lu mais dont ils ont
entendu parler au bistrot, ce n’est pas de la démocratie, c’est de la
démagogie.
Maintenant, les échecs en cascade — le non français, le non
hollandais, le non irlandais — envoient peut-être un autre message,
bien plus préoccupant. Celui de la fin de l’Europe comme processus
permanent d’intégration d’un groupe de pays aux valeurs et à l’histoire
communes. C’est possible. C’est flippant mais c’est possible. Mais je
suis comme Badinter. Je ne veux pas croire ça. Les crises de
croissance, ça finit toujours par passer.
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