Très prochainement, d'ici quelques mois à peine, l'Union proposera une définition harmonisée du terme devenu si populaire dans l'opinion : le "bio". Mais qui donc disait que l'Europe n'avançait pas ?
On se souviendra avec quelque émotion que ce mouvement trouve son origine dans une certaine révolution agricole française des années 1970, superbement ignorée par les pouvoirs publics et les professionnels de l'agriculture jusqu'à l'avènement d'internet, qui donna aux militants d'une approche hétérodoxe de la production agricole la tribune que personne ne trouvait intérêt à leur donner, leur permettant de trouver leur public, toujours modeste.
Mais qu'on se rassure : l'Union veille au grain. En l'état, on peut s'attendre à ce que l'harmonisation européenne du "bio" se fasse par le bas, dépossédant au passage les initiateurs de la démarche de tout le bénéfice de leur action de communication, au plus grand bénéfice des capitalistes et des industriels.
Mais personne n'a-t-il donc remarqué que niveler une filière d'excellence par le bas revient à la détruire ? Beau travail européen que voilà : identifier les filières d'excellence nées d'initiatives citoyennes dans le marché commun et les détruire, méthodiquement, systématiquement, grâce à vos impôts, et avec le soutien de tout ce qui de près ou de loin revendique l'étiquette de gauche raisonnable.
Le seul renoncement auquel devront consentir les hommes de progrès devra être de renoncer au sens des mots qu'ils auront révélés. Leur réel public ne mettra que quelques semaines à suivre : internet restera un formidable vecteur de communication et de distribution, loin des débats sur l'urbanisme commercial ou la fiscalité des entreprises. Les consommateurs béats, s'ils existent, seront les dindons de la farce européenne. Mais faut-il alors pleurer l'éventuelle mort de cette Europe ? Moi, je ne pleurerai pas.
Add. 13/5 18h: L'assemblée nationale vient de rejeter, à la surprise générale, le projet de loi longuement et finement déformé par le Sénat pour anticiper la soumission de la filière française d'excellence bio à l'évolution annoncée de la législation européenne. Je m'en réjouis. Car, même au sein de l'Union, le mandat de nos députés reste non-impératif : la transposition de directives européennes, passées et futures, n'excuse pas la soumission du pouvoir législatif à des technocrates, think tanks, et autres marchands d'influence. A l'aube de la seconde révision institutionnelle de l'année 2008, il fallait certainement le souligner, notamment aux yeux d'une soit-disant opposition qui aura beaucoup fait pour échapper à l'opinion exprimée de son électorat sur les si nombreux aspects communs à Lisbonne et au TCE. . J'espère que le Sénat, dont rien à mes yeux ne justifie davantage l'existence qu'elle ne se justifiait du temps de De Gaulle, retiendra la leçon.
Add. 14/5 : Le journal Le Monde signale le cas d'une possible contamination OGM d'une culture "bio" sur une distance de 35 kilomètres.
Add. 15/5 : Un excellent billet de Sylvain Carle explique, à mon avis très brillamment, en quoi l'internet est un bien meilleur lieu tant pour permettre aux producteurs qu'aux consommateurs de bio de se trouver que pour parler de la construction européenne que n'importe quelle manifestation préméditée, à agenda, public, et intervenants choisis, conformément aux recommandations d'Allais, grâce auxquelles on peut avec sûreté réduire les ambitions d'un groupe de personnes qui pourtant pourraient s'entendre sur un accord riche à accepter le contenu d'un accord modeste.
A force de niveler tout ce qu'elle touche, l'Europe devient une belle idée complètement dévoyée.
Rédigé par : pas perdus | 14 mai 2008 à 08:43
Nouvelle du jour : l'europe souhaiterait lever l'embargo sur les poulets chlorés américains, lesquels pourront donc circuler dans l'Union sans mention d'origine.
Il n'y a bien entendu aucun rapport entre cette annonce et l'empressement du gouvernement français à faire voter sa loi autorisant la culture des OGMs en France et l'annonce par Pascal Lamy de la possible ouverture de négociations dans les prochaines semaines à l'OMC
Rédigé par : L | 14 mai 2008 à 10:10
Selon le Canard Enchainé cité par Libé, la Commission Européenne a autorisé le 2 mai la vente d'huile de tournesol contenant 10% d'huile pour moteur :
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/326262.FR.php
Bon appétit et merci au marché commun !
Rédigé par : Gus | 14 mai 2008 à 12:53
Cette fois, ni Peter Mandelson, ni son homologue américaine ne se cachent plus : il s'agit de promouvoir le libre-échange et la dérèglementation, au besoin, contre toute opposition politique, et ce, le plus vite possible, avant que toute éventuelle alternance politique rende la chose plus difficile :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/05/14/les-europeens-redoutent-le-retour-du-protectionnisme-a-washington_1044758_3222.html#ens_id=904503
Rédigé par : Gus | 14 mai 2008 à 19:24
Allez, c'est daté de 2006 mais c'est dans la même veine.
http://www.prescrire.org/editoriaux/EDI26037.pdf
Rédigé par : dg | 14 mai 2008 à 20:05
Et là c'est plus récent
http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/08/480&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr
Rédigé par : dg | 14 mai 2008 à 20:34
Plus récent concernant l'autorisation de la culture des OGMs pour l'alimentation animale.
Comme quoi cette loi OGM tombe à point nommé....
Rédigé par : dg | 14 mai 2008 à 20:36
Vous noterez le point intéressant : "Les États membres n'étant parvenus à une décision à la majorité qualifiée pour ou contre cette autorisation ni au sein du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale ni au sein du Conseil, la proposition a été renvoyée à la Commission pour décision."
Sauf erreur de ma part, jamais la Commission Européenne n'a trouvé d'objection à la mise sur le marché de quelque produit OGM que ce soit.
Rédigé par : Gus | 14 mai 2008 à 20:56
Bon, c'est amusant les articles vides de sens, mais se serait bien d'être un peu plus explicite. Argumentez un peu sur l'évolution proposée du bio, regardez la part autorisée d'incorporation de non-bio dans l'alimentation animale avant et après cette directive... Mince, cela n'irait pas dans le sens de l'idée de complot.
L'objection aux OGM pour la commission doit se baser sur des faits scientifiques sérieux et pas sur des démonstrations faites par des scientifiques payés par des lobbys anti-OGM. C'est dommage d'ailleurs que l'attaque contre les OGM se soit concentré sur la partie scientifique pour essayer d'en grapiller le sérieux alors que le fond du problème OGM est sociétal et devrait être résolu sur ce plan là. Avec un travail de fond sur la certification des semences qui bloquerait définitivement les brevets dans ce domaine, on résoudrait l'essentiel des problèmes. Avec des moyens pour la recherche publique et la non destruction de leurs essais, on pourrait travailler réellement ce sujet et apporter les éléments de réponse (positif et négatif) sur le sujet. Le rejet des citoyens est quant à lui surtout un chiffon rouge agité par les lobbys qui savent très bien qu'il est plus facile d'instiller la peur que la sécurité.
Rédigé par : Patrick C. | 19 mai 2008 à 01:30
Je ne suis pas un animal.
Mais comme noté dans au moins trois précédents articles, je le regrette souvent : en constatant que la Commission s'intéresse bien davantage au bien être des animaux d'élevage qu'au bien être des citoyens européens : par exemple dans le dossier des cages à oiseaux, le commerce des produits dérivés du phoque, ou des promontoires à contruire dans les prés pour l'élevage des bovins.
Sinon, n'hésitez pas à nous citer quelques exemples de "scientifiques payés par les lobbies anti-OGM". Je m'en délecte d'avance. Nous pourrons alors parler des scientifiques qui se plaignent notoirement d'avoir vu leurs financements coupés et leurs laboratoires fermés pour avoir évoqué quelques doutes sur l'innocuité de certaines cultures.
Rédigé par : Gus | 19 mai 2008 à 09:11
Un petit ajout sur la légendaire indépendance et la liberté dont jouissent les autorités scientifiques internationales, et notamment, celles chargées d'évaluer les risques pour la santé des pratiques industrielles :
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/KATZ/15711
Rédigé par : Gus | 19 mai 2008 à 13:30
http://www.eurosduvillage.com/OGM-en-liberte-L-UE-sans
Le débat scientifique au sujet des OGMs n'est pas tranché.
http://www.pourmaplanete.com/blog/index.php/2008/04/07/84-ogm-les-ambiguits-de-l-expertise-scientifique-en-politique
Rédigé par : dg | 19 mai 2008 à 21:13
http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2005/89259/index.html
Rédigé par : dg | 19 mai 2008 à 22:04
De retour sur ce post, et pour citer un scientifique payé par les lobbys anti-OGM: il n'y a rien de plus simple, il suffit de se pencher sur qui finance toutes les études anti-OGM. Une dernière (de mémoire cela devait être de Séralini) était cofinancée par Carrefour et GreenPeace: vous croyez sincèrement qu'avec un tel donneur d'ordre, il allait aboutir à des conclusions favorables aux OGM?
L'affirmation du conflit d'intérêt est une méthode bien facile pour éviter tout débat: les seuls en position de dire le vrai seraient ceux qui s'opposent aux OGM, il est donc temps de pointer du doigt qu'ils répondent aussi à des lobbys.
Rédigé par : Patrick C. | 26 mai 2008 à 15:40
Toute hypocrisie mise à part, je serais ravi d'avoir disposition d'un pointeur sur une source pour de telles informations. Sans rire aucunement.
Rédigé par : Gus | 26 mai 2008 à 16:21
Et bien ! Si en plus les gouvernements font appel à des personnes qui financent des études anti OGM ! Ou va t'on !
"Gilles-Eric Séralini, professeur des universités en biologie moléculaire à Caen, est l’un des grands spécialistes des OGM. L’auteur de « Génétiquement incorrect » (Flammarion, février 2004) est en effet expert depuis 1998 dans deux commissions gouvernementales françaises chargées d’évaluer les OGM avant et après leur commercialisation. Il préside également le conseil scientifique du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN)."
http://www.lanutrition.fr/Gilles-Eric-S%C3%A9ralini-Il-serait-surprenant-que-les-OGM-ne-soient-pas-toxiques-%C3%A0-long-terme-a-332-74.html
Et en plus ce monsieur instruit même les énarques !
http://www.ena.eu/index.php?page=ressources/conferences/2006/seralini
Rédigé par : dg | 26 mai 2008 à 22:27