On est le 9 mai. Les bus pavoisent, il fait beau (et en plus je suis de très bonne humeur, avec un mélange de bonnes nouvelles professionnelles et personnelles). Ce devrait être l'occasion de revenir sur deux moments où l'on a parlé du rôle du web dans la construction d'une identité européenne (mercredi, à Lille) ou d'un espace public européen (ce matin à sciences po). Je manque de temps, alors je m'en tiendrai à évoquer quelques images de ces trois derniers jours, qui furent très européens.
Geremek et Rocard, chacun dans leur style, sont de très grands hommes. Encore fantastiquement vifs. Mais la révélation de Lille fut pour moi Martin Hirsch, dont je ne connaissais pas l'historique familial européen (son grand-père, résistant, participa à la création de la doctrine Schuman). Il y avait un air de relève à l'entendre ainsi évoquer ce passé, ces racines, tout en s'impliquant dans les combats d'aujourd'hui. Un juste, ce bonhomme, un pur. J'aime décidément bien (disons que j'ai le sentiment de partager ses choix).
Rocard poursuit son discours relativement défaitiste. L'Europe politique est morte, nous a-t-il répété, n'étant en cela pas surprenant. Ce que j'adore, malgré tout, chez Rocard, c'est qu'il dit honnêtement la déception de son utopie européenne, tout en menant de manière admirable son boulot de député européen, et en s'investissant sur des sujets d'avenir (comme la propriété intellectuelle, récemment). Un homme de vérité, et des paradoxes de qui s'investit dans l'action.
Aujourd'hui, pour la fête de l'Europe, j'ai eu la chance de passer quelques heures dans le salon de l'horloge, celui où est né le projet européen. J'en retiendrai une rencontre, celle d'Abel Farnoux, qui fut compagnon de déportation de mon grand-père. L'Europe est aussi née de ces crimes, pour les dépasser et les rendre impossibles. Il n'est jamais inutile de se le voir rappeler dans des rencontres très concrètes.
Enfin, une anecdote, peut-être futile, mais peut-être un peu symbolique. Hier, les bâtiments officiels (et les bus) pavoisaient en bleu-blanc-rouge, pour le 8 mai. aujourd'hui, ils pavoisent avec le drapeau étoilé également (cela n'a été rendu obligatoire que très récemment). Je me demande : mais pourquoi ne pavoise-t-on pas avec les deux drapeaux, dès le 8 mai, comme pour apporter la réponse et la suite à la commémoration (et en même temps rendre la vie des pavoiseurs - quel beau métier - un peu plus facile) ?
Bonne fête de l'Europe à tous ! Je reviens sur les thèmes de conférence en retour de week-end.
Le 8 mai, ce n'est pas le drapeau qu'on honore, mais ceux qui sont morts pour lui qu'on honore.
A avoir posé de toute éternité l'équation hommage=chômage par la pratique des jours fériés, on oublie qu'il ne s'agit pas toujours de fête mais surtout de deuil.
Fêter l'europe le 9 mai est alors logique.
Rédigé par : Bah | 13 mai 2008 à 12:07