Nul lecteur de Publius n'ignore que la France aure bientôt le redoutable honneur d'assurer la présidence du Conseil.
L'un des arguments les plus entendus ces quatre dernières années dans le débat français sur l'europe aura été qu'un certain groupe de pensée parfois désigné sous le nom de "noniste" serait à l'origine des sept plaies d'europe. S'il me semble inutile de répondre publiquement à tel argument, il reste possible d'y répondre indirectement, en formulant des propositions, si possible réalistes, pour la présidence française. Il ne s'agit pas de faire démonstration d'utopie : la bataille de l'ambition, des idées, de la réflexion, me semble close : je pensais, surtout, à la bataille des projets concrets : celle dans laquelle, d'ailleurs, les nonistes n'ont plus aucun adversaire, le construction européenne semblant aux yeux de ses défenseurs vouloir se résumer à une longue traversée du désert : survivre chaque jour suffisant à sa peine.
J'ouvre donc les commentaires à cette fin
Désolé d'entamer sur un registre attendu, mais un excellent blog titrait sur le crime du 4 février, à propos du passage en force du TCE.
L'invite à chercher des réalisations concrètes qui rédimeraient l'Europe m'évoque un peu une proposition qui consisterait à permettre à un mafiosi de se racheter par l'emploi de ses fonds mal acquis...
Pour jouer le jeu cependant, que peut faire la présidence française de l'Union européenne ?
1. En rester à Nice et ne pas adopter le TCE, reconnaissant par là que la construction européenne n'est pas à elle-même sa propre fin, et que le peuple français reste souverain chez lui, seule preuve concrète de la démocratie,
2. Définir les deux ou trois domaines dans lesquels une action communautaire est utile. Ce ne sont ni la diplomatie, ni la défense, ni la justice. Bref, renoncer à faire de l'Europe un état jacobin.
3. indiquer que l'Europe sera une réussite lorsqu'elle aura créé un service public à l'échelle communautaire. Par exemple un réseau TGV pan européen.
Ceci dit, si la PFUE en est réduite à un appel au peuple des blogs pour chercher des idées, comme la première Ségolène venue, c'est un aveu d'impuissance (même si ton billet n'émane pas de la PFUE, il émane bien d'une impression de vide d'idées à moins de deux mois de l'événement).
Rédigé par : edgar | 13 mai 2008 à 12:10
Mon opinion, pour ce qu'elle peut valoir, est qu'il est important de parvenir à ce qu'une certaine génération de bâtisseurs de l'europe daigne prendre sa retraite. Et pour cela, il ne s'agit pas juste de gagner un référendum dont une certaine élite politique se moquera toujours : il faut écraser (métaphoriquement) l'adversaire, le réduire à néant, le renvoyer dans l'ombre dont il n'aurait jamais du sortir, pour qu'enfin existe une place pour l'espoir, la libre expression des idées, le débat par dela les petits et grands agendas.
Le choix de déclarer, publiquement, de tout le poids politique dont on est capable que "l'europe politique est morte" est déjà un aveu de faiblesse. Je pense que certains européens souhaiteraient que la contestation populaire qui s'est manifestée de la construction européenne disparaisse. C'est d'ailleurs ce qui m'a motivé à persister à publier pendant deux ans.
Lisbonne n'est pas encore signé. Les élections européennes sont pour demain, le triumvirat créé par débattu, quarante et une questions (au moins) d'interprétations de Lisbonne ouvertes. L'europe n'est donc pas morte ni même figée, loin s'en faut.
Des idées aussi simples qu'un droit européen de la propriété, voire un droit civil du mariage en europe, une logique européenne de recours civil, des universités réellement autonomes et plus ou moins financées ou non par l'Union sont à la fois populaires, et innacceptables pour l'Union : il faut désormais montrer aux citoyens que ce qu'eux, les simples citoyens, logiques sensés et constructifs pourraient attendre de l'europe n'aura jamais lieu à cause de l'Union.
Tu dois te souvenir de mon billet sur les institutions les plus modernes au monde ?
Rédigé par : Gus | 13 mai 2008 à 12:21
Il faut arrêter de se focaliser sur la présidence française du Conseil : en Europe c'est la Commission européenne qui propose les nouvelles lois. Le rôle du Conseil est majeur - car ces lois ne peuvent être adoptées sans lui - mais les orientations générales viennent de la Commission - et sont donc déterminées par le vote de nos concitoyens aux élections européennes.
Cessez donc de prêter trop de crédit aux gesticulations de Sarkozy sur le sujet.
@edgar : nos élus ont ratifiés le traité de Lisbonne. Ton commentaire est donc caduc.
Rédigé par : Valéry-Xavier Lentz | 14 mai 2008 à 13:40
Pourtant, les attentes exprimées par la Commission concernant cette présidence sont nombreuses. Mais peut-être s'agit-il simplement de crédibiliser à peu de frais le considérable investissement personnel auquel NS a prétendu vouloir consentir, qu'atteste sans doute le budget sans équivalent qu'il a voulu que l'état y consacre, au point de trouver de quoi rémunérer Philippe Starck.
Blague à part, je ne serai pas surpris que le projet "plateau se Saclay" sur lequel travaille actuellement Christian Blanc soit proposé comme première université européenne à cette occasion. Je n'ai aucun élément pour affirmer cela, mais ça me semblerait logique, puisqu'aucun décideur public ne voudra financer ce projet de "Grand Paris sans Paris".
Rédigé par : Gus | 14 mai 2008 à 16:14