Avec l'accord obtenu hier de laisser la Commission Européenne travailler (...) sur le projet d'Union Méditerranéenne, Nicolas Sarkozy se retrouve avec un très beau gambit en main à jouer tant pour améliorer la position de la France sur l'échiquier européen que se construire une place dans l'histoire ou du moins le coeur de ses partisans.
Les principales oppositions à l'Union Méditerranéenne sont motivées par de sordides considérations financières : d'une part, les règles de l'Union limitent grandement les possibilités qu'ont les états-membres de soutenir financièrement et directement d'autres états, (au motif que cela pourrait fausser la concurrence). D'autre part, pour les pays les plus récemment entrés dans l'Union Européenne, les considérables fonds structurels sont une manne pour réorganiser leur économie.
On le sait, Nicolas Sarkozy fait partie de ceux qui pensent que promouvoir le progrès économique en Afrique du Nord serait un moyen efficace de limiter les conséquences fâcheuses de l'immigration : des africains plus riches seraient en effet certainement moins enclins à chercher à aller en europe à tout prix.
Il s'agit donc, clairement, de permettre l'aide au developpement pour l'Afrique du Nord, ce à quoi l'Europe de l'Est, concurrent naturel de l'Afrique du Nord sur de nombreux marchés européens, s'oppose absolument, en s'appuyant sur les règles et usages européens pour ce faire, ceci expliquant l'enlisement du processus de Barcelone observé depuis dix ans.
Dans un tel contexte, l'usage veut que la France, porteuse du projet, fasse un geste si possible princier pour montrer sa motivation à agir dans le sens de l'intérêt commun, et donc, de la construction européenne.
Or, il est un geste de la France que le monde, quasi-unanimement applaudirait : une réforme de la Politique Agricole Commune, qu'il s'agirait alors de mettre dans la balance avec le projet d'Union Méditerranéenne.
Le gambit serait audacieux, car ce seront alors les mêmes états-membres de l'Union qui se retrouveraient dans une situation difficile : car eux s'intéressent surtout aux aides publiques qu'ils reçoivent grâce à l'Union Européenne : une réforme de la PAC associée à une probable redistribution des fonds structurels dans le cadre de la construction de l'Union Méditerranéenne serait pour eux un désastre absolu, auxquels ils ne pourront cependant que difficilement s'opposer frontalement au vu de la réelle grandeur et générosité du projet. Ce qui laisserait alors à la France le plus beau rôle et de loin, au plus grand bénéfice de son inspiré Président.
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