Dans les milieux politiques, on attend beaucoup de la PFUE. C'est un moment particulier, une occasion de "parler d'Europe", de montrer la place de la France. De lancer des projets conformes à notre vision de cet ensemble. Ce sera un moment-clef, test, pour Nicolas Sarkozy...
La PFUE, c'est dans quelques mois, et tous les milieux européens s'échauffent. A juste titre, sans doute.
les Français, eux, semblent plus réalistes et moins fiévreux. La récente consultation menée par touteleurope.fr, même si elle semble avoir été utilisée par quelques réseaux pour exprimer des sentiments particuliers, montre un relatif scepticisme à l'égard de ce moment politique. Les répondants ne jugent en effet pas ce moment comme une occasion de relance, tant de la construction européenne que du rôle de la France.
Mais le plus intéressant, finalement, ce sont les choix de priorités. Sans surprise, environnement et questions sociales sont en tête.
Côté environnement, c'est un catalogue de bonnes intentions. Les énergies renouvelables et les économies d'énergie doivent être favorisées. Comment ? Certainement pas par une poursuite de la libéralisation. Cela peut relever d'une forme de paradoxe : je ne comprendrai jamais comment on fera pour assurer une responsabilité du consommateur sans jouer sur la vérité des coûts qu'imposerait un système effectivement concurrentiel.
Côté social, c'est limpide : améliorons les régimes de protection sociale (ahem, pas vraiment dans le champ de compétences, ça...) et protégeons les services publics. Ou même, allez, créons un SMIC européen. Wishful thinking et programme marqué.
Le programme de notre exécutif ne prend pas cette voie. L'agenda de la PFUE est contraint, partiellement, par des échéances de négociation imposées, dont celles de la PAC, et des impulsions annoncées. l'enjeu environnemental et énergétique est effectivement prioritaire, mais les accents de la PFUE seront également forts sur l'Europe de la Défense, et la politique d'immigration et d'asile.
Comment faire une présidence citoyenne, telle que la veulent Jean-Pierre Jouyet et François Fillon ? La tâche parait ardue. Le citoyen, en effet, semble parfois rester sur des débats bloqués en 2005, là où l'Europe a son agenda propre. Tenter la connexion. Un enjeu. Pas facile.
Cette PFUE subit actuellement une inflation de "priorités" . Le gouvernement indiquait il y a peu que les priorités étaient les migrations, la défense, l'environnement et l'énergie.
Depuis, on voit tout et n'importe quoi s'agréger à cette présidence : ministère de la culture, europe "citoyenne", "partenariat" avec la Grance-Bretagne, Union pour la Méditerranée, quotas de pêche, "euro fort", et j'en oublie.
Il faudrait rappeler que cette Présidence dure 6 mois, qu'elle ne permet pas de "diriger" l'Europe mais simplement de coordonner des projets. Et l'actualité internationale, comme le Kosovo, les élections US, risque fort d'imposer son propre rythme.
Enfin, écrire "les Français, eux, semblent plus réalistes et moins fiévreux" ne me semble pas correspondre à l'activité des associations, institutions, ministères, et autres acteurs de la scène européo-française : au contraire, on s'agite actuellement dans tous les sens, chacun cherche à savoir ce que l'Elysée va annoncer, ce que Guaino va écrire, quels seront les grands "débats" annoncés.
Enfin, les partenaires européens s'inquiètent du manque de concertation sur cette présidence, et du nouveau "cavalier seul" de la France.
Rédigé par : FPM | 28 mars 2008 à 13:49
La "PFUE" ??? vous parlez sans doute de la PFCUE ?
Rédigé par : valéry | 29 mars 2008 à 19:12
"Le citoyen, en effet, semble parfois rester sur des débats bloqués en 2005"
La faute à qui ?
La France revendique encore la paternité de la stratégie européen ayant mené une partie des citoyens à rester bloqués sur 2005. Il serait donc logique que la France assume d'avoir mené l'europe dans la négation totale des conclusions de Laeken.
Et vu la formidable couverture offerte par la presse française aux affaires européennes, à comparer par exemple avec le défilé de mode de Windsor, je sens qu'on va rire.
Rédigé par : Bargo | 29 mars 2008 à 22:25
@Valéry
Je suis assez d'accord avec vous : l'acronyme "PFUE" ne correspond à rien... sauf qu'il est officiellement utilisé :-)
Rédigé par : FPM | 30 mars 2008 à 13:05
@Valéry
Je suis assez d'accord avec vous : l'acronyme "PFUE" ne correspond à rien... sauf qu'il est officiellement utilisé :-)
Rédigé par : FPM | 30 mars 2008 à 13:05
6 mois pour parler d'Europe en France?
Toute la question est de savoir comment on va en parler... Parce que jusque là l'Europe est surtout la réponse et l'excuse pour justifier de ce qui va mal et de ce qu'on ne peut pas faire. L'Europe a toujours mauvaise presse et il est difficile de trouver des commentaires éclairant sur ce qu'elle fait de positif (ce blog excepté bien-sûr...)
Sait-on par exemple que les partis européens préparent les prochaines élections européennes en créant un programme commun, qui sera défendu dans tous les pays? Sait-on que la plupart des lois aujourd'hui votées en France le sont en application de directives votées par le Parlement Européen?
Le nouveau visage de la France et de l'Europe se dessine davantage à Strasbourg et Bruxelles qu'à Paris. Sans doute mettre la lumière sur l'Union Européenne permettra de voir tout ce qu'il y a de bons et d'utiles à l'Europe. Mais quand on voit le foisennement de projets qui s'annonçent, ça va ressembler plutôt à une grande cacophonie.
Il est impossible de tout changer en 6 mois par contre il est possible de donner une implusion à de réels changements en 6 mois et donner le flambeau de la concrétisation des négociation au prochain pays... encore faut-il jouer collectif et considérer qu'il est bon de n'être qu'à l'origine du changement plutôt que de se voir publiquement crédité du renouveau.
Il y a un manque d'esprit collectif entre les différents pays (la récente crise du Galileo entre la France et l'Allemagne en témoigne) mais peut-être que tout va changer... Pourquoi j'en doute? Pourquoi je sens qu'on va essayer de tirer la couverture à nous en ignorant royalement les autres partenaires?
Rédigé par : Ludovic | 31 mars 2008 à 03:45
Parce que personne n'avait donc compris qu'en passant le TCE2 aux forceps il serait difficile pour la France de faire une belle présidence de l'Union quand les derniers citoyens s'intéressant aux choses européennes sont précisément ceux que l'enterrement de première classe du débat français sur l'europe a ulcéré ?
Bah : l'ombre n'a jamais été pour déplaire aux plus europhiles des technocrates français : l'europe continuera à avancer : en crabe, et en loucedé.
Rédigé par : Bellon | 01 avril 2008 à 15:56
"la vérité des coûts qu'imposerait un système effectivement concurrentiel" : hi hi !
Parlons-en aux californiens !
Rédigé par : edgar | 01 avril 2008 à 23:27
@Bellon: l'Europe continuera d'avancer parce qu'il le faut! Rappelons-nous les paroles prophétiques de Robert Schumann: "L'Europe ne se fera pas en une seule fois, elle se fera par des actions concrètes" (citation approximative).
Avoir fait passer le traité au forceps a au moins cela de légitime que ce n'est plus les questions institutionnelles qui nous occuperont mais le fond et les idées concrètes, surtout que le Parlement de Strasbourg voit son rôle renforcé.
Rédigé par : Ludovic | 02 avril 2008 à 04:41
(question aux lecteurs : sera-t-il utile de ressortir des archives de Publius les différentes propositions concrètes à vocation consensuelles émises pour l'europe ces trois dernières années ? et si oui, quand : à quel moment ?)
Rédigé par : Gus | 02 avril 2008 à 08:15
Euh. By the way, dans certains organes de presse, à l'époque où ils tentèrent d'imposer une sorte de déontologie, on aurait attendu après la signature Versac, "membre du Comité d'orientation sur les questions européennes, chargé d'assurer le soutien populaire et "festif" à la PFUE".
Mais tout se perd.
Rédigé par : edgar | 02 avril 2008 à 10:51
Edgar, je t'avoue croire profondément à la sincérité des convictions de Versac. Après, lorsqu'on croit au fait que de bonnes institutions sont nécessaires pour donner un certain avenir à l'homme, on ne peut entièrement se dispenser de se compromettre dans l'une ou l'autre de ces choses que par exemple Sartre décrivait dans "les mains sales". Mon tout relatif anonymat me permet d'éviter bien des questions sur d'éventuelles relations entre ma situation personnelle et mon propos : et je crois que cela profite au "débat", c'est à dire, dans mon système de pensée du moins, au bien commun.
Réhabilitons Sartre : acceptons les idées, les propos, les discours, les thèses pour ce qu'ils sont. Osons, parfois, détacher l'idée de la forme, la forme de l'artisan qui la créé. Publius a été créé pour être un travail collectif, c'est à dire, entre autres choses, libéré de la personne même de ses auteurs par la contrainte que lui impose sa ligne éditoriale. Le reste de la blogosphère suffira largement pour que soient régulièrement organisées les procès nécessaires, dit-on parfois, pour l'édification des hommes, l'équilibre de la société, et le respect des institutions.
Rédigé par : Gus | 02 avril 2008 à 12:24
Je loue ta sagesse, Gus.
Mais Versac lui-même s'interrogeait hier sur son ennui bloguesque.
Peut-être que l'institutionnalisation guette. Je suis persuadé que l'anonymat sied bien au blogueur, à condition qu'il soit responsable.
J'aurais aimé aussi qu'en tant que l'un des papes de la techno-blogosphère, il s'étonne du fait que les serveurs calculant le résultat des élections fussent hébergés aux USA, avec un contrat sans doute signé sous ministère sarkozy. certes, on s'éloigne du sujet européen, mais bon.
mais, message compris, je vais lui lâcher la grappe, je n'ai pas l'intention de récuser par avance tout ce qu'il peut bien écrire ici.
Rédigé par : edgar | 02 avril 2008 à 14:30
En société, c'est toujours celui qui adopte l'avis d'autrui qui oblige. Je te remercie donc, Edgar, de m'obliger :-)
Rédigé par : Gus | 02 avril 2008 à 15:58