La Présidence slovène de l'Union s'est récemment permis l'expression d'une opinion sur l'attitude que devraient tenir les états-membres face à la répression des manifestations au Tibet.
Je profite de l'occasion pour souligner que l'Union ne dispose d'aucune compétence justifiant qu'elle s'exprime sur ces sujets d'une part, et qu'il ne lui appartient pas de juger les nations et peuples du monde, puisqu'elle n'a pas les moyens d'assumer au besoin la portée de ses propos.
Eternelle opposition entre vous et moi...
Je trouve que vous avez une lecture bien trop restrictive des textes :
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Traité d'Amsterdam (actuellement en vigueur) , Titre V, article J8.
Article J.8
1. La présidence représente l'Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune.
2. La présidence a la responsabilité de la mise en œuvre des décisions prises en vertu du présent titre; à ce titre, elle exprime, en principe, la position de l'Union dans les organisations internationales et au sein des conférences internationales.
3. La présidence est assistée par le Secrétaire général du Conseil, qui exerce les fonctions de Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune.
4. La Commission est pleinement associée aux tâches visées aux paragraphes 1 et 2. Dans l'exercice de ces tâches, la présidence est assistée, le cas échéant, par l'État membre qui exercera la présidence suivante.
5. Le Conseil peut, chaque fois qu'il l'estime nécessaire, nommer un représentant spécial auquel est conféré un mandat en liaison avec des questions politiques particulières.
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Traité de Lisbonne :
Le président du Conseil européen assure, à son niveau et en sa qualité, la représentation
extérieure de l'Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité
commune, sans préjudice des attributions du haut représentant de l'Union pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité.
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J'en conclue : que l'UE est justement missionnée pour prendre ce genre de position ; que c'est plus particulièrement la présidence de l'Union qui est légitime sur ce sujet.
Pour devancer un contrargument, indiquer que la présidence est missionnée uniquement pour représenter de l'UE au sein des organisations internationales est complètement utopiste. Le paragraphe §1 permet d'avoir une vision plus large : il s'agit d'avoir une véritable position en matière de politique étrangère, pouvant justement mener à ce type de prise de position.
Rédigé par : Julien | 18 mars 2008 à 10:33
Disons qu'à l'heure où un nombre non-négligeable d'états-membres s'interrogent quand à savoir si Lisbonne change quelque chose à leur philosophie ou institutions érigeant la neutralité en pilier de leur propre souveraineté, l'exposé que vous faites est salutaire.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 10:47
Qui a dit que les affaires étrangères de l'Union Européenne devaient être neutres ? L'UE n'est pas la Suisse !
Rédigé par : Julien | 18 mars 2008 à 10:51
Je faisais allusion à certaines nations européennes, telles l'Irlande, le Danemark, la Suède, la Norvège, et l'Allemagne (voir précédent billet) qui à divers degrés, ont pour droit ou coutume de fixer certaines limites à leur liberté en matière de politique internationale.
Sans même parler de la participation de ces nations à l'ONU, généralement tant antérieure que plus contraignante juridiquement à leur appartenance à l'Union.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 11:33
Prenons deux exemples :
+ Irlande : l'élément auquel l'Irlande est très attachée dans le débat autour du traité de Lisbonne, c'est la neutralité __militaire__. Et le nouveau traité fait effectivement une part plus importante à la coopération dans le cadre de la politique de Sécurité et de Défense de l'Union. On peut en discuter. Mais rien à voir donc avec la neutralité dans les prises de position concernant la politique internationale, auquel on peut clairement rattacher l'intervention de la présidence sur le Tibet.
+ Allemagne : pour les prises de position d'un pays, deux choix : soit à travers un gouvernement démocratiquement élu, soit à travers un referendum. Or le parti de la gauche allemand, c'est 53 sièges au Bundestag sur 612, soit 8,6% ! Alors, je le dis, non, l'Allemagne ne revendique pas la neutralité. Frank-Walter Steinmeier a d'ailleurs pris position sur le sujet.
Vous voyez, Gus, nous avions déjà eu des discussions vives il y a quelques mois sur le sujet, et malgré nos échanges cordiaux de ces derniers billets, je trouve une partie de vos billets partiaux au delà du raisonnable : vous prenez les faits tels que vous voulez les interpréter et les présentez de façon partielles. Par ailleurs, lorsqu'il arrive que des commentaires, dont je fais partie, parvienne à nuancer les affirmations que vous tenez, vous n'en tenez pas compte dans vos billets initiaux, même lorsqu'il s'agit de faits bruts (par exemple contenu des traités européens).
Je reproche donc à Publius actuellement de servir de tribune à vos idées (qui peuvent être défendues, bien entendu, à condition d'utiliser les bons arguments) basée sur une notoriété acquise en 2005 par la pluralité des points de vue.
Peut-être devrais-je renoncer et arrêter de lire Publius... Je l'avais déjà dit il y a quelques mois, sans parvenir à le faire, notamment parce que, dans le dialogue à travers les commentaires, nous __parvenons__ à échanger des points de vue.
Pour finir, il ne s'agit pas, vous l'avez compris, d'une attaque ad hominem. Mais je reproche à la ligne éditoriale une radicalité et une partialité nuisant à la qualité du débat d'idées.
Rédigé par : Julien | 18 mars 2008 à 12:14
Je sais que ma réponse est un peu facile, mais selon mon évaluation la plus récente, Publius compte sept auteurs, dont (selon mon analyse) une majorité d'ardents défenseurs de l'actuelle construction européenne.
Si vous souhaitiez rejoindre la liste des auteurs, je suppose que notre bienveillant dictateur Versac n'y verrait aucun inconvénient, bien au contraire. Croyez-moi, je sais d'expérience que même si ça semble un peu ambitieux, voire prétentieux, au début, on s'y fait assez vite.
J'ai quand même sur le fond le sentiment qu'avec le flou que contient Lisbonne, il devient difficile de défendre la construction européenne telle qu'elle se fait actuellement puisque nul ne peut honnêtement dire de quoi elle sera faite en se basant sur Lisbonne. Cela n'empêche pas de pouvoir préciser de quoi il ne sera pas fait, par exemple, au gré des interprétations officielles généralement (fatalement) restrictives que sont toujours les premières interprétations d'un texte flou. Mais cela n'interdit quand même pas de prendre l'initiative d'une vision positive de la construction européenne plutôt que de se contenter d'un discours défensif ou, pire encore, du déni d'existence de la question auquel nous aurons assisté pendant toute la campagne des municipales.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 12:25
Maintenant, sur le fond, je pense qu'il faut quand même sacrément pousser Mémé dans les orties pour prétendre que les actuels troubles au Tibet, d'une ampleur certainement moindre que ceux actuellement observés au Kosovo, rentrent dans la définition de la PESC, à moins, évidemment, de les considérer implicitement comme infiniment plus graves que l'actuel consensus international, ce qui, en soi, est une initiative politique d'une portée bien plus considérable qu'il n'y parait.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 12:29
Cela dépend de ce que vous voulez faire : la politique étrangère (PE) est une entité en soi, par forcément obligatoirement liée à la sécurité commune (SC). Les pays occidentaux prennent position sur le sujet du Tibet dans le cadre de leur politique étrangère, et si on admet que l'UE dispose d'une telle politique dans le cadre du traité d'Amsterdam, alors il me semble qu'elle en a le droit.
On aborde ici une question de fond qui permettra d'éclaircir nos positions respectives : l'UE __doit__ être avoir une politique étrangère ? ou est-ce de la compétence des États ? ou enfin doit-on plus prosaïquement reprocher à l'Union de ne pas se cantonner à un rôle plus limité lié à la défense des territoires qui la composent ?
Pour moi, la réponse est oui à la première question : devant l'existence de géants mondiaux (États-Unis, Chine, Inde, Russie, ...) en poids diplomatique et/ou en population, il est souhaitable que l'Europe puisse faire entendre sa voix. Je suis prêt à faire des efforts dans ce domaine, c'est-à-dire à abandonner une partie des prérogatives nationales. Et il faut bien avouer, malgré votre réaction, que cette politique étrangère est quasi inexistante actuellement. Les supporteurs de sa promotion, dont je fais partie, se trouvent donc naturellement enclin à soutenir un élargissement de son action.
Et parallèlement, il me semble, à la lecture des traités, et bien que je ne sois pas juriste, qu'il soit de son domaine de compétence de le faire.
Mais il est vrai que les textes sont éclairés à la lumière de la jurisprudence : portez plainte auprès de la cour européenne de justice pour cette prise de position abusive ;)
PS : merci pour l'invitation, mais il n'était pas dans mon intention d'en obtenir une ; il est en effet plus facile de réagir sur des sujets posés par d'autres que d'en apporter soi-même.
Rédigé par : Julien | 18 mars 2008 à 13:37
Je pondérerais l'approche que vous proposez en soulignant qu'il existe depuis longtemps une instance multilatérale avec de très grandes compétences en matière de politique étrangère.
Cette instance et l'ONU : les états-membres y siègent explicitement, en fonction de divers critères, dont notamment les capacités dont ils disposent à assumer les conséquences de leurs prises de position sur la scène internationale.
Il me semble y avoir de réels risques pour la paix mondiale à laisser subsister des ambiguïtés quand au rôle réel de l'Union sur la scène internationale : ambiguïtés dont se saisiront bien assez tôt les plus sinistres personnages de la planète, comme l'a par exemple récemment fait le président du Tchad en jouant sur l'ambiguïté entre présence française et présence européenne au Tchad.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 14:18
L'un n'empêche pas l'autre. En poussant l'intégration, il me semblerait naturel que l'Union bénéficie d'une seule et même voix au conseil de sécurité de l'ONU, dans le cadre d'une réforme que tous (ou presque) appelent de leur voeux.
Pour les ambiguités, vous avez néanmoins raison. D'où l'intérêt de fixer clairement les domaines de compétence pour éviter les recoupements et les incohérences. C'était d'accord le propos de mon idée d'"abandonner une partie des prérogatives nationales".
A terme, je pense que c'est là que réside l'avenir de la PESC. Par forcément avec tous les membres de l'UE, mais avec ceux qui sont prêts à s'impliquer plus fortement.
Rédigé par : Julien | 18 mars 2008 à 14:24
Vous l'aurez compris, je dénonce bien plus l'incohérence d'un discours donnant une dimension d'acteur de politique internationale au sens habituel du terme à l'Union avec les faits, têtus, et notamment le considérable existant multilatéral que je ne prends position pour l'une ou l'autre des approches.
Je dénonce cependant tout le péril qu'il peut y avoir à instrumentaliser la construction européenne au profit de telle ou telle vision partisane tout en donnant, ce faisant, des moyens d'action aux pires autocrates de la planète : qu'ils soient russes, chinois, ou tchadiens. Comme je le disais "chez Manu", nous observerons avec attention le devenir des soldats du mandat EUFOR, à la merci d'un simple faux pas susceptible de venir de tant de directions à la fois : alliés comme ennemis.
Je constate enfin une chose qui ne cesse de me faire rire : l'Union, en prétendant être un acteur de politique internationale, est de facto condamnée à la neutralité : faute de moyens de sa diplomatie, mais aussi du fait de la tradition de certains états membres qui n'entendent certainement pas changer de doctrine établie depuis parfois trois cent ans en matière de politique étrangère pour les beaux yeux de Lisbonne. Tel le roi du Petit Prince, la voici condamnée à surtout ne jamais s'émouvoir, agir, ou être en prétendant pouvoir alors qu'elle ne peut : l'Union est ici nue.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 15:16
Je sais gré à Julien d'être prêt à abandonner ses prérogatives nationales pour renforcer la compétence de l'Union au delà de ce que prévoient les textes.
Je lui rappelle simplement qu'il est difficile de préjuger de l'avis de l'opinion publique française là dessus, qui est en principe compétente pour ce genre de transferts de souveraineté.
Certes Gus est un peu acide, mais comment ne pas l'être si on a l'impression que ces transferts de souveraineté que vous jugez utiles sont non seulement inutiles, mais encore dé-responsabilisants et en plus effectués dans un cadre non démocratique ?
Rédigé par : edgar | 18 mars 2008 à 15:39
A l'issue d'une telle discussion, difficile de rester dans le flux du sujet. Synthétisons, si vous le voulez bien.
Ce que je dit
+ La présidence de l'Union n'est pas sortie de ses attributions pour prendre position sur le Tibet. Ce point, qui est l'origine de notre discussion, conteste donc le titre et le format du billet original. C'est d'ailleurs l'objet de mon commentaire de 12h14
+ Il est souhaitable que l'Union prenne plus de poids dans la géopolitique internationale en disposant de la possibilité de s'exprimer en son nom propre.
Ce que vous (Gus) dites (vous corrigez si je me trompe)
+ Tous les pays de l'Union ne souhaitent pas une telle intégration.
-> Je ne peux que constater avec vous ce fait, d'où ma volonté de restreindre dans un premier temps aux pays souhaitant pousser une intégration plus forte
+ Il y a un risque de cacophonie avec les autres instances internationales
-> Je suis d'accord. C'est pour moi un risque qui existe mais qui d'une part ne me semble pas insurmontable et d'autre part ne me semble pas justifier d'abandonner le projet d'une véritable politique étrangère de l'UE.
+ l'UE n'a pas les moyens de ses ambitions
-> C'est évident. Et je le regrette ! Mais il s'agit de prospective : soit on encourage chaque progrès en espérant que la fois suivante aille plus loin encore (Rome ne s'est pas faite en un jour) ; soit on critique que le projet n'est pas abouti, obérant les chances de succès à terme. Je me place, vous l'avez bien vu, dans la première position.
Ce que je n'ai pas compris :
+ pensez-vous qu'il faudrait une véritable politique extérieure de l'UE ?
En synthèse, nous sommes d'accord sur la plupart des constats, mais pas sur les objectifs et la stratégie long terme (il me semble). Où a minima le coût pour parvenir à ces objectifs vous semble trop élevé en terme de diplomatie/démocratie/transparence/fonctionnement.
@edgar : merci d'intervenir dans ce débat ! Il est bien clair que je n'oublie bien évidemment pas qu'une telle décision concernant la souveraineté se devrait d'être validée par le peuple français, selon les modalités en place dans notre démocratie (sauf que ce n'est pas l'"opinion publique" - celle des sondages - mais bien le peuple français - celui du scrutin - qui est dépositaire de cette souveraineté, et qui peut déléguer à ses élus).
L'Union Européenne est une belle idée. Elle mérite d'être défendue. Comme toujours, elle offre des points positifs et des points négatifs. Je considère pour ma part toujours que ce qu'elle nous apporte et nous apportera justifie que la critique, valide, qu'on porte sur son fonctionnement ne doive engager un processus de déconstruction. Continuons à avancer, tout en réglant les problèmes.
Rédigé par : Julien | 18 mars 2008 à 18:24
Pour répondre à votre question, j'ai tendance à considérer que mon avis personnel, comme celui de quiconque, n'a aucune importance sur un sujet de cette importance.
Car d'une part les peuples d'europe ont une histoire que nous ignorons tous dans l'ensemble : petits états pour la plupart, ayant souvent appris à prospérer sans nécessairement vouloir peser sur les affaires des grands de ce monde, ils ont pourtant tiré certaines leçons de cette histoire.
Si l'objectif de l'Union est d'imposer les visions (morales, etc.) d'états n'ayant jamais réellement tiré les leçons de leur passé colonial à des états ayant suivi d'autres voies, je crois que nous courrons assez sûrement à quelque catastrophe. Notamment pour une raison simple : avoir un avis sur tout, c'est bien, mais l'exprimer sur la scène internationale, c'est accepter par avance de menacer la sécurité des citoyens au nom desquels on s'exprime. Plus clairement dit, la notion même de PESC devrait inviter la Présidence de l'Union au silence, à la réserve, et au minimum à la concertation.
Enfin, j'insiste : prétendre que la PESC justifie une prise de position de la présidence de l'Union s'opposant à d'éventuels boycotts des JOs des états-membres me semble très nettement tiré par les cheveux. Surtout sans consultation de la Troïka (qui n'est qu'une coutume, je l'admets). Et j'ajoute à ce point le simple précédent historique : car, me semble-t-il, la question d'éventuels boycotts s'est posée depuis 1997, et si ma mémoire est juste, jamais la Présidence de l'Union ne s'est alors estimé en mesure d'exprimer publiquement quelque opinion que ce soit.
Donc, si l'Union se fait ridiculiser par l'un ou l'autre des états-membres, elle n'aura qu'à s'en prendre qu'à elle-même.
Rédigé par : Gus | 18 mars 2008 à 19:08
Je vois bien Julien la bonne idée. Je crains cependant que, comme pour le communisme, l'Union n'ait que des potentialités à faire valoir à son actif.
Pour les réalisations concrètes, à part l'harmonisation de la courbure des bananes, je n'en vois guère.
Rédigé par : edgar | 18 mars 2008 à 21:28
J'interviens aussi, pour dire que n'étant pas convaincue par l'Europe, si je lis Publius, c'est aussi parce que Gus y écrit des critiques sur bien des volets qui m'obligent à chercher les connaissances s'y rapportant et vérifier les dires des uns et des autres.
J'apprécie assurément aussi Julien, son contradicteur déclaré, davantage que d'autres personnalités , pour la volonté de construire sur une base argumentaire fiable et le respect de l'autre .
Pas de l'idéologie pure, mais des arguments au service des idées.
C'est trés agréable.
Rédigé par : dg | 18 mars 2008 à 22:18
La présidence de l'Union ? de quoi parlez vous ??? j'imagine que vous pensez au président du Conseil européen ?
Sinon en effet, si les gouvernements européens le souhaitent ils peuvent prendre ce genre de position. Le problème étant qu'à l'unanimité çan'arrive pratiquement jamais. Cela bne veut pas dire que ce n'est pas possible.
La PESC en réalité n'existe pas : elle n'apporte aucune valeur ajoutée aux Etats membres puisqu'elle se contente de constater qu'ils sont d'accord entre eux. L'Union ne pourra peser que si elle se réforme pour communautariser sa politique extérieure, et adoptera des positions et des actions sans que tous ses membres ne soient nécessairement d'accord, comme elle le fait dans tous les domaines où l'Europe foncionne correctement, ceux qui sont communautarisés. C'est seulement dans ces conditions que la PESC sera autre chose qu'un amuse-gogos.
Rédigé par : valery | 19 mars 2008 à 07:17
Valéry : comme l'indique le premier lien :
"L'UE est très inquiète des informations sur des émeutes au Tibet", a déclaré la présidence slovène de l'UE dans un communiqué, précisant que l'UE cherchait "de manière urgente des clarifications du gouvernement chinois".
http://www.rtlinfo.be/sport/news/article/103980/--LUnion+inqui%C3%A8te+mais+oppos%C3%A9e+%C3%A0+un+boycott+des+Jeux
"Sinon en effet, si les gouvernements européens le souhaitent ils peuvent prendre ce genre de position. Le problème étant qu'à l'unanimité çan'arrive pratiquement jamais. Cela bne veut pas dire que ce n'est pas possible."
Je dis simplement que la présidence *slovène*, sans doute par inexpérience, a très largement débordé de ses prérogatives dans un cas précis.
Rédigé par : Gus | 19 mars 2008 à 08:11
dg : je dois m'inclure dans les autres personnalités ?
:-)
Ma question est pourtant sérieuse : chercher les réalisations concrètes de l'Union c'est faire un premier pas vers un doute assez radical.
Rédigé par : edgar | 19 mars 2008 à 17:54
Edgar,
Pas nécessairement.
Ce qui manque à l'Europe, comparablement aux états qui la composent, c'est une politique digne de ce nom, qui reflète plus précisément l'implication des populations dans les affaires politiques.
Si votre Etat , héritier historique des sombres imbrications politico-financières de quelqu'uns, fait de la politique l'ennemie de ses gardes chiourmes , il ne faut pas attendre qu'il porte le fer plus haut.
Je dirai que le reste n'est que gesticulation grand guignolesque. En attendant, les affaires continuent , dans l'ombre des déclarations et communiqués de presse.
Rédigé par : dg | 19 mars 2008 à 21:32
dg: Ce qu'on nommait à une certaine époque et qu'on nomme encore le "projet européen" au sein des cercles de gauche progressiste me semble avoir toutes les caractéristiques d'une politique au sens où vous me semblez le dire.
Caractéristiques d'ailleurs parfaitement décrites dans ce qui fût la partie III du TCE. On ne peut d'ailleurs guère en pratique dire qu'on était pas au courant, puisque ses grandes lignes étaient données dans Maastricht, réaffimées avec Lisbonne, et surcommentées par la Commission Européenne de 1993 à nos jours.
Le plus amusant, à mes yeux du moins, c'est que c'est en niant la nature profondément politique du projet européen qu'on s'interdit de fait de l'amender faute d'en débattre.
Rédigé par : Gus | 19 mars 2008 à 22:38
"Caractéristiques d'ailleurs parfaitement décrites dans ce qui fût la partie III du TCE"
Je vous remercie à cette occasion, Gus, d'invalider là un "argument" utilisé par les nonistes durant la compagne pour le référendum, arguant d'une position qui était déjà celle de l'Union, traité constitutionnel ou non...
"Le plus amusant, à mes yeux du moins, c'est que c'est en niant la nature profondément politique du projet européen qu'on s'interdit de fait de l'amender faute d'en débattre."
Mais nous sommes d'accord ! Le projet Européen actuel n'est pas assez politique. Et l'échec du referendum a montré qu'il ne serait, malheureusement, pas possible de construire une véritable Europe politique sur les bases actuelles, les minorités de blocage et autres règles à la majorité qualifiée donnant un droit de veto à n'importe lequel des participants.
Le traité de Lisbonne, à ce titre, apporte un certain nombre de progrès (double majorité au sein du conseil). Mais il faut aller plus loin.
Rédigé par : Julien | 19 mars 2008 à 23:26
Gus,
Certes,
mais sans réouvrir le débat ancien, la partie III, impliquait également une politique économique à l'image de l'idéologie dominante,héritée des autres traités, que j'abhorre depuis des années dans ses principes dogmatiques à l'instar de l'AGCS. Vu mon âge , j'hérite d'une Europe conçue dans les années 50, et sur laquelle je n'ai d'influence qu'à partir des années 90, en tant que citoyenne soit disant "éclairée", (j'essaye mais le domaine est vaste et je me sens certainement aussi minuscule que vous, devant toutes les manipulations idéologiques )
Comme les partis qui prétendent être progressistes n'ont jamais pris position contre l'AGCS,par exemple, voire le soutiennent(Lamy), (hormis la défaite infligée à l'AMI, qui doit avoir son jumeau quelque part), j'attends donc(participe à mon échelle) que de la gestation et assimilation de tout ce qui se défait naissent
d'autres principes et idées à soutenir sur la base d'actes et faits concrets, comme le soulignait à juste titre Edgar.(Il y a déjà pas mal de chose à faire en France pour les idées progressistes)
Il n'est pas rien d'apprendre que les idéologies les plus dangeureuses naissent aussi de l'intérêt de tractations financières échappant au contrôle politique des peuples .(je vous conseille de lire "le choix de la défaite, de Annie Lacroix Riz, historienne ayant travaillé sur les archives ouvertes 60 ans après la seconde guerre) éclairant au mieux ce qui conduisit les événements en amont des choix fait par la suite pour construire l'Europe . La politique décrite n'a pas changée,à mon avis, dans le rapport du capital avec la population, voire elle permet davantage de régressions sociales depuis que l'internationalisation sans frein de la finance progresse. Tant que la finance à les mains trop libres , je ne peux apprécier qu'on me demande de participer à faire avancer ce qui reste un détail pour l'intérêt du capital, inscrit idéologiquement dans les plus fervents soutiens de cette institution européenne et qui se vit chaque jour, dans le quotidien.
Mais je vous reconnais le mérite d'y croire.
Je ne suis finalement, à travers mes propos,comme d'autres, que le signe symptomatique d'un décrochage entre le vécu réel et les règles concoctées par d'autres, qui échappent à mon libre arbitre. Si l'on me démontrait dans les faits que d'autres valeurs que les miennes seraient meilleures pour ceux qui me suivront, alors oui, incontestablement je soutiendrais cette Europe là. Mais au fil de vos descriptions , et comme les europhiles de ce blog ne sont pas plus convaincants, je reste dans un doute ferme.
Rédigé par : dg | 20 mars 2008 à 00:29
J'irai même plus loin, Julien : en retirant désormais le caractère "constitutionnel" des traités, Lisbonne propose une évolution fort notable en faisant des traités de simples actes de politique (essentiellement) intérieure communs aux vingt sept états membres, signés par les gouvernements du jour de chaque état, au mépris de l'éventuelle opposition même la plus institutionnelle.
Sans porter de jugement sur le fond (le mien serait pourtant sévère), je constate simplement ceci : ce mode de fonctionnement ne peut que, par le jeu naturel du débat politique qui anime chaque état membre, mener à une opposition des citoyens à la construction européenne réduite à sa dimension de politique intérieure concertée. Même si l'on peut nier les conclusions de cette analyse, on peut difficilement nier qu'à supposer qu'elle se révèle exacte, l'Union changera de méthode de construction ou mourra. Et je considère la lente dépolitisation du projet européen que vous soulignez comme les signes les plus visibles à ce jour de mon analyse : l'Union n'est qu'un moyen d'harmonisation des politiques intérieures des états membres désormais privé de toute capacité à construire quelque consensus que ce soit sur quelque sujet que ce soit, essentiellement du fait du mensonge des classes politiques.
Il y aurait bien une solution : donner un réel pouvoir au Parlement Européen, et, en tout premier lieu, changer son mode de scrutin : des "listes" portées par des partis nains à l'échelle européenne remplies de positions de complaisance vendues à de fidèles serviteurs de la grande industrie ne donneront pas la légitimité au delà du vernis de représentativité.
dg: Il me semble en effet bien évident que le choix fait par l'Union, validé par Lisbonne, de n'être qu'une politique est la cause première de son échec, et ce pour trois raisons : la première est le choix de la politique proprement dite, la seconde est le choix fait par l'Union de s'interdire de changer de politique et de nommer "construction européenne" le simple cours de cette politique, la troisième est la vacuité de la prétention selon laquelle une politique était nécessaire, voire, simplement utile : car il ne suffit pas de porter une cravate européenne pour rendre vrai tout ce qu'on dit depuis un europerchoir.
Quand à y croire... je me demande si nous avons réellement le choix ?
Rédigé par : Gus | 20 mars 2008 à 08:14
J'ai du mal à vous suivre sur cette idée que l'Europe ne serait que politique. J'ai peut être une idée naïve de ce qu'elle est dans ma représentation. (C' est d'abord l'intérêt du plus grand nombre sur la base de principes progressistes, améliorant la possiblité de vivre ensemble et la vie de chacun , sans user de la guerre ni forcément de compétition, sans coercition ni exploitation humaine. )
Je ne vois pas comme une perspective progressiste l'idée de fonder une économie compétitive pour jouer mondialement contre des rivaux de même taille. Je crois plutôt comprendre que les enjeux européens ont toujours et avant tout été la création d'un marché commun et financier . Et que le reste est plutôt accessoire. Voyez les rivalités actuelles pour prendre les organismes paritaires en main. Croyez vous vraiment qu'à l'échelle européenne cela pusse être différent ?
Rédigé par : dg | 21 mars 2008 à 00:02