Autant je ne fais pas partie des Blair-bashers et des anti-anglo-saxons(et c'est un euphémisme), autant je ne comprends pas en quoi cet homme ferait un excellent président de l'Union Européenne.
Mais enfin. L'Union Européenne va, dans quelques mois (le temps de ratifier ce traité de Lisbonne), en finir avec les présidences nationales tournantes. Un homme va incarner l'Union pendant deux ans et demi. Ce sera notre prémier président. Si je devais faire une petite check-list du profil type du président, je dirais qu'il faut qu'il (liste non exhaustive) :
- soit un défenseur du projet communautaire (contre l'intergouvernementalité pure) ;
- ait un rayonnement important à l'international, une force de conviction ;
- ait montré dans son passé sa force de conviction européenne, sa capacité à faire passer le projet européen avant des soucis de pure politique nationale ;
- incarne une nouvelle génération, un modèle d'écoute, de participation, d'intégration des citoyens au projet européen.
Est-ce que Tony Blair est tout cela ? Non. C'est évidemment une personnalité brillante, un homme politique majeur, un leader. Mais ce n'est pas un prompt et ardent défenseur d'un projet européen d'intégration.
Je n'ai pas une folle envie de Tony Blair à la présidence. Il y a une pétition sur le sujet, une bonne vieille vraie pétition européenne multi-lingue (fr). Cela mérite d'être signalé.
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Par ailleurs, au delà du symbole, on peut s'interroger sur le sens de ce président qui ne présidera pas l'exécutif de l'Union. Il va falloir imaginer notre président comme une sorte de président du Sénat (dans une union fédérale). Cela est néanmoins un symbole important.
J'ai essayé de dessiner en filigrane, donc, certes, implicitement, les projets de deux des candidats déclarés et deux des candidats concevables à la pdce de l'Union dans mes précédents billets. Peut-être cela vaudrait-il le coup que l'un des contributeurs de Publius à l'abri des attaques personnelles se risque à ce même exercice de manière plus explicite ?
Rédigé par : Gus | 14 février 2008 à 09:44
Pas le temps de faire une vraie réponse mais rapidement:
"- soit un défenseur du projet communautaire (contre l'intergouvernementalité pure)"
Blair a accepté l'augmentation des votes a la majorité qualifiée lors de la signature du Traité d'Amsterdam + TCE.
"- ait un rayonnement important à l'international, une force de conviction"
Enorme rayonnement international de Blair: avancée significative sur les questions Israel/Palestine comme special envoy du quartet; tres bien vu chez les Irish-Americans pour avoir fait la paix en Irlande du Nord, etc, etc... Les gosses du Kosovo se font appeler Tony en référence a celui qui a eu le courage de sauver l'Europe d'une nouvelle guerre civile.
"- ait montré dans son passé sa force de conviction européenne, sa capacité à faire passer le projet européen avant des soucis de pure politique nationale"
Blair a signé le TCE, accptant de fait la Charte des Droits Fondamentaux (la pétition de Européenne Tribune est de mauvaise foi sur ce sujet). Blair a réussit a faire le deal sur le budget en dec 2005, contre presque toute sa presse nationale.
"- incarne une nouvelle génération, un modèle d'écoute, de participation, d'intégration des citoyens au projet européen."
Cela disqualifie donc les Jean-Luc Dehaene, Amato, etc...
Pour une réponse un peu plus complete:
http://lecrochepied.blog.lemonde.fr/2008/02/04/seul-tonysuite/
http://www.rue89.com/2008/01/14/seul-tony-blair-peut-sauver-lunion-europeenne
Rédigé par : Thomas Lefebvre | 14 février 2008 à 11:09
Ah, j'ajoute que je ne suis pas vraiment d'accord avec la comparaison avec le Président du Sénat: Le (ou la) Président(e) du Conseil européen devra aussi "assurer, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de l'Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune" ARticle 15, Traité sur l'Union Européenne
(modifié par le traité de Lisbonne). Plus qu'un symbole, donc.
Rédigé par : Thomas Lefebvre | 14 février 2008 à 11:13
D'un taux faussement candide : "Est-ce que cela implique qu'il pourra au nom de l'Europe se permettre des déclarations aussi tonitruantes que celles de Margaret Thatcher lors de l'invasion des Malouines ?"
Rédigé par : Gus | 14 février 2008 à 12:08
Le Président du Conseil européen ne reprensetera l'Union que si le Conseil l'authorise => il n'y aura pas de representation ni de position sans consensus, conformément au fonctionnement de la PESC (unanimité) => respect de la souveraineté des Etats membres.
Rédigé par : Thomas Lefebvre | 14 février 2008 à 13:36
@versac : il ne faut pas exagérer en effet l'importance de la nouvelle fonction.
J'ai publié hier un article sur le sujet :
http://www.taurillon.org/La-presidence-de-l-Union-europeenne-n-existe-pas
Rédigé par : valery | 14 février 2008 à 13:42
@Gus : si un pays envahit le territoire d'un pays membre de l'Union européenne, comme le sont les Malouines, j'espère bien que les représentants de l'Union pourront s'exprimer à ce sujet pour dire que c'est inacceptable, en effet...
... à condition qu'il y ait unanimité bien sur comme le précise Thomas.
En réalité la politique étrangère de l'Union n'existe pas plus avec Lisbonne qu'avec Maastricht et les mini-traités qui ont suivis. On en reste au niveau des déclaration d'intention mais tant que l'unanimité sera de mise on aura pas de "valeur ajoutée" européenne significative. Les outils prévus par Lisbonne ne sont que des sparadraps. C'est utile mais dans un bon nombre de cas ça ne suffit pas.
Rédigé par : valery | 14 février 2008 à 13:47
L'important n'est pas ce qu'est la présidence européenne aujourd'hui dans le traité de Lisbonne, mais ce qu'elle deviendra dans les prochains traités. La personnalité des premiers présidents sera primordiale pour déterminer les contours de ce poste à mesure que se poursuivra l'intégration européenne, si elle se poursuit.
Pour ma part tout ce que j'espère c'est que l'introduction d'un poste de "président" ne dérivera pas en reproduction du système politique francais...
Rédigé par : Cyrille | 14 février 2008 à 13:51
@ Valery,
C'est d'ailleurs dans le traité de Lisbonne:
"Au cas où un État membre serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l'article 51 de la charte des Nations unies. Cela n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres." Article 42(7), révisé par le traité de Lisbonne
Rédigé par : Thomas Lefebvre | 14 février 2008 à 14:03
Toujours d'un ton faussement candide : "Donc, l'assistance décidée à l'unanimité est obligatoire ?"
Voilà qui inciterait le citoyen à quelques précautions quand au choix de quelque personne que ce soit pouvant passer pour un représentant de l'Union où que ce soit. Je vois par exemple Idriss Deby prompt à jouer la confusion en expliquant que le déploiement de l'EUFOR "l'aide bien".
Rédigé par : Gus | 14 février 2008 à 14:52
"Toujours d'un ton faussement candide : "Donc, l'assistance décidée à l'unanimité est obligatoire ?""
Les Etats membres sont libre des moyens pour aider un Etat victime d'une agression armée.
L'EUFOR, n'a rien a voir avec l'Article 42(7) et pour cause, le traité de Lisbonne n'est pas encore appliqué.
Je ne comprends pas l'interet de la citation de Deby: il est ou le rapport avec Blair?
Rédigé par : Thomas Lefebvre | 14 février 2008 à 15:37
Ce qui m'inquiète le plus chez Blair, c'est le côté militariste, interventionniste et idéologique de sa conception de la politique internationale : judicieusement rappellée à notre mémoire par les récents propos de Milibrand. Je crois cet homme parfaitement capable de contraindre les 27 à des interventions militaires peu désirées, et je le crois également capable de provoquer un conflit à des strictes fins de politique intérieure en cas de difficultés, comme le firent en leur temps tant la dictature argentine que Margaret Thatcher, sous les yeux des USA navrés de voir deux de leurs plus fidèles alliés illustrer par l'exemple ce en quoi consistaient exactement des doctrines de politique internationale compatibles avec celles des USA... aux dépens l'une de l'autre.
Rédigé par : Gus | 14 février 2008 à 16:23
@Gus,
Si les attaques auxquelles vous faites allusion sont celles de votre billet sur les aides d'Etat, celui qui s'y est commis n'a tendu à vouloir montrer que ce qui l'arrangeait, comme il vous l'a repproché.
Ses attaques étaient fondées sur une lecture "choisie" des chiffres, ce que j'ai eu coeur à rétablir en montrant qu'effectivement les chiffres vont dans le sens de votre analyse, à la baisse.
Vous pouvez continuer à écrire au même titre que ceux qui le font rarement par manque de temps ou d'intérêt...je ne sais.
Car l'esprit critique me semble plus que nécessaire.
Rédigé par : dg | 14 février 2008 à 19:30
Certes : mais je suppose que les lecteurs familiers de Publius ont déjà pu entendre les arguments que j'ai pu énumérer sur les perspectives offertes par les possibles candidatures de Juncker, Geremek, Blair et Rasmüssen.
Je suis par ailleurs convaincu que les faits se chargeront fort bien de révéler ce que l'esprit critique aurait pu en son temps révéler : avec des conséquences plus ou moins graves selon l'ambition personnelle du Président de l'Union à se glorifier et définir son rôle, mais en tout état de cause visibles.
Rédigé par : Gus | 14 février 2008 à 20:12
Gus,
"je le crois également capable de provoquer un conflit à des strictes fins de politique intérieure en cas de difficultés, comme le firent en leur temps tant la dictature argentine que Margaret Thatcher,"
?!?!
Ca part dans tous les sens vos commentaires... De quelle politique interieure parlez-vous? La politique interieur du RU? Quel est le rapport? Blair n'est plus PM. De quelles difficultés? Vraiment difficile de suivre le fil de votre pensée.
Avec quels moyens Blair, ou n'importe qui, peut-il contraindre les Etats membres a des décisions que ces Etats membres ne voudraient pas?
Rédigé par : Thomas Lefebvre | 15 février 2008 à 00:17
Tony Blair est une personne : tout personne a sa continuité d'action propre : et notamment, une ambition. Une personne ne change pas sous prétexte qu'elle perd un titre.
Tony Blair a menti à ceux qu'ils gouvernaient pour cacher ses difficultés politiques intérieures. Il a entrainé son pays dans une guerre. Il n'a jamais témoigné de quelque compréhension que ce soit de ce que ses erreurs ont coûté à son pays.
N'importe quel politicien auquel on donnera le titre de Trucmachin Européenne ne contribuera pas forcément à notre bonheur, mais peut toujours nous nuire : par son action, son inaction, et ses simples propos.
Le président de l'europe parlera en notre nom à tous devant le monde. Le vaste monde se moque de nos querelles institutionnelles : celui qui portera le titre de président incarnera l'ensemble des citoyens européens devant le monde entier : les paroles que celui qui portera le titre de président prononcera nous mettront donc tous en danger.
Je soupçonne la personne qu'est Tony Blair de ne pas hésiter dans son intérêt personnel à mettre l'ensemble des citoyens européens en danger, comme le fit Margaret Thatcher lors de la crise des Malouines.
Les bons candidats ne manquent pas : inutile de choisir ce dangereux ambitieux.
Rédigé par : Gus | 15 février 2008 à 07:15