Profitant de l'incontestable impact sur les esprits de la crise financière désormais mondiale ayant pris naissance aux USA autour des produits de crédit immobilier dits "à surprime", la Commission Européenne accélère les travaux de publication de son livre blanc relatif à l'harmonisation européenne des législations, règlementations, mais surtout des pratiques concernant le fabrication et la commercialisation des produits financiers (crédit immobilier, crédit à la consommation, épargne et assurance-vie notamment).
De tels travaux ne peuvent guère, au final, qu'améliorer la sécurité de l'épargne des citoyens européens et sont donc pour cette raison susceptibles d'être effectivement considérés comme des progrès. Je ne suis pas certain qu'il en soit de même en ce qui concernera les propositions concernant le secteur du crédit, du fait de la diversité des pratiques européennes. Les sévères réajustements des cours des sociétés financières cotées actuellement observés, ainsi que les habituels tropismes de l'administration européenne pèseront évidemment en faveur d'une plus grande règlementation, théoriquement destinée à protéger le consommateur.
Le secteur bancaire européen, qui voit dans une telle harmonisation un risque de plus grande ouverture au sein du marché européen des services bancaires, ne cache guère son intention de souligner son opposition discrète à ces travaux. Je prédis donc une couverture médiatique inexistante sur ces importants travaux européens.
Les états membres, ainsi que les personnels des anciennes banques centrales nationales, ne verront pas d'un bon oeil l'idée de laisser échapper certaines des responsabilités (dites "prudentielles") que leur donnaient le traité d'Amsterdam (art.105), celles-ci incluant, au sens large, le contrôle de la qualification des établissements financiers et de leurs personnels. On peut prédire que la concurrence de fait mondiale des marchés financiers sera un argument rémanent des débats qui s'ensuivront proposant de cadrer les pratiques parfois douteuses des établissements devenant souvent tristement célèbres à l'issue d'audacieuses aventures sur les marchés financiers les plus lucratifs, donc, les plus périlleux.
Sur le fond de la question, lire avec profit les commentaires de Gizmo sur son blog, ainsi que l'article de Jean-Charles Rochet paru dans le journal "Les Echos", ainsi que la récente intervention d'Alain Lipietz, en sa qualité d'ancien rapporteur des règles prudentielles et de la surveillance des conglomérats financiers auprès du Parlement Européen, expliquant notamment "que nous avons eu besoin de plus d’une mandature pour réglementer les prospectus simplifiés d’émission de titres financiers en Europe. Et aujourd’hui une banque n’est pas capable de lire le prospectus complexe qu’émet une autre banque sur le contenu des fonds qu’elle met en vente ! Nous en sommes là ! Tout le travail est à refaire."
Si les banques ne se comprennent pas entre elles...
Rédigé par : Etudiant X en Droit | 21 novembre 2007 à 17:19
Ils n'y ont aucun intérêt : non seulement elles sont en concurrence, mais puisqu'elles battent monnaie et que la BCE ne régule pas la quantité de monnaie qu'elles mettent en circulation, plus elles crééent de monnaie, plus elles gagnent d'argent.
Rédigé par : Gus | 21 novembre 2007 à 17:41
Alors elles sont tranquille, en ue, l'influence c'est pas les citoyens mais les lobbies.
Mais je n'y connais vraiment pas grand chose dans ce domaine.
Rédigé par : Etudiant X en Droit | 21 novembre 2007 à 17:53
Pourtant, s'il y a bien quelque chose de pronfondément criticable dans l'Union, c'est bien dans la manière dont la masse monétaire en euros est régulée. Attention : je n'exprime ici nulle sympathie pour les thèses défendues sur ce point par Nicolas Sarkozy : mais force est de constater que les constats à partir desquels il élabore sa réponse sont globalement exacts, malgré tous les arguments contraires que vous entendrez des nombreux techniciens de la banque et de la finance. La transposition à l'échelle européenne du modèle allemand a souffert de nombreuses approximations et notamment, de la totale absence d'autorité de la BCE sur les banques, elle même conséquence de l'absence de collaboration entre forces d'intervention des états-membres et BCE (la BCE n'a pas d'inspecteurs ou d'auditeurs : elle s'appuie sur l'administration nationale pour karchériser les banques trop légères en gestion)
Notamment, la bulle immobilière européenne doit beaucoup à une politique très favorable au crédit dans la plupart des pays de l'Union : lisez donc les articles de Gizmo à ce sujet : c'est un peu raide, mais "yen a".
Rédigé par : Gus | 21 novembre 2007 à 18:57
Mais le système européen convient mieux à l'Allemagne, les lobbies, la proportionelle, banque centrale...
Mais la bce n'a pas autorité sur les banques, mais régule seule la masse monétaire?
Rédigé par : Etudiant X en Droit | 21 novembre 2007 à 19:15