On peut le regretter, mais on ne peut guère le nier : les citoyens européens, et notamment ceux de la zone Euro, consomment, peu ou prou, autant de produits importés que de produits ou services locaux. Aussi est-il sans doute nécessaire de souligner qu'un Euro fort, notamment par rapport au dollar, contribue significativement au pouvoir d'achat des citoyens européens et notamment français. Quiconque fait toujours trop souvent le plein de sa voiture sait cela sans forcément l'avouer.
Il n'est pas davantage nécessaire d'avoir consacré trop de son temps à l'étude pour comprendre que le niveau de l'euro (et donc, pour partie, votre pouvoir d'achat) tient, pour l'essentiel, à la crédibilité des prétentions de ces lugubres ronds de cuir de la Banque Centrale à "tenir leurs promesses" de "défendre la monnaie" "contre l'inflation". C'est à dire, à parvenir à faire croire que malgré leurs modestes moyens, ils parviendront à ce prodige hors de portée de la plupart de nos sémillants politiciens, à savoir, se fixer une ligne de conduite (par exemple "valoriser la monnaie") et s'y tenir (aussi étonnant que l'idée puisse paraître). Vous en conviendrez, on connait de meilleures manières d'épater les foules ou de plaire à qui plait, mais vous conviendrez pareillement que l'utilité sociale de tel entêtement se conçoit ainsi énoncé, du moins, dès lors que, pour paraphraser l'un de nos contemporains "on dit ce qu'on fait et on se tient à ce qu'on dit".
Il est alors aisé de comprendre que lorsque l'on use de sa position de chef d'état pour contester à la fois l'autorité et la politique des lugubres ronds de cuir de la Banque Centrale Européenne, on peut certes donner l'impression de plaire à peu de frais, mais on contribue alors à la réduction du pouvoir d'achat des citoyens de la zone euro. Car prétendre que ceux qui prétendent avoir les moyens de défendre la valeur de la monnaie par laquelle est rémunéré le travail que vous faites vous doivent des comptes, c'est prétendre être en mesure de réduire la valeur de la contrepartie que vous recevez pour votre travail. Autrement dire, en première approximation, prétendre pouvoir réduire votre salaire (ou votre pension).
Bien entendu, prétendre, en tant que chef d'état, être en mesure de réduire les salaires des travailleurs (et les charges publiques que représentent les pensionnés : retraités et invalides), c'est affirmer la compétitivité de son économie nationale à productivité constante, et donc, c'est bon pour "l'économie du pays". Reste qu'à l'évidence, cet intérêt particulier du pays s'oppose parfaitement à l'intérêt des citoyens du pays, ce que d'aucuns, parmi lesquels votre serviteur, pourraient trouver regrettable.
C'est sans doute dans le contexte de ce long exposé qu'il faut lire le journal "Le Monde" d'aujourd'hui, qui, en signalant le retour récent d'une inflation significative dans la zone euro et particulièrement en France, souligne que, désormais, les travailleurs de la zone euro, jusqu'alors acceptant plutôt bon an mal an de compter sur la simple gestion de la monnaie pour garantir leur pouvoir d'achat, semblent désormais réagir et estimer devoir entraîner les prix de leurs services à la hausse, entrainant en cascade une hausse généralisée des prix des produits et services cette fois produits dans la zone Euro, laquelle viendra donc a'ajouter à l'éventuelle hausse des prix des produits importés qui serait l'inévitable conséquence de la baisse réelle (et non pas simplement demandée) du cours de l'Euro contre le dollar.
C'est déjà pas mal de soulever le problème actuel de l'indépendance de la BCE. Quand tout va bien, on en parle pas, mais dès que ça va plus, son indépendance... Non?
Rédigé par : Etudiant X en Droit | 17 novembre 2007 à 22:12
De mémoire, cette question précise (la gouvernance de la BCE) a été le point grâce auquel Mitterrand a pris l'ascendant sur Seguin lors du grand débat télévisé de la campagne de Maastricht, il y a vingt ans.
Depuis, l'économie s'est adapté : notamment les déficits publics n'ont guère baissé, le recours à l'emprunt des particuliers et des entreprises a été massif. Donc, il convient d'être prudent avant de prétendre que rien n'a changé depuis 20 ans.
Rédigé par : Gus | 18 novembre 2007 à 19:56