Rechercher



  • Recherche Google
    Web Publius

Statistiques


« Une société de marché socialement plus juste | Accueil | Deux mille milliards évaporés plus tard.... »

28 novembre 2007

Commentaires

club-cordelier

Excellente descriptionn des coulisses de Bruxelles tels que je les connais... Otez-moi d'un doute, vous êtes à Bruxelles ?

Ceci dit, vous décrivez "Bruxelles" comme si la majorité PPE/ALDE était inamovible...
D'autres majorités sont possibles après 2009, ou plus tard...

On peut aussi décrire "Lisbonne" le jour où une autre majorité se dégage... Autre majorité qui aurait le pouvoir de valider ou non la commission, son travail, ses propositions... voire s'opposer à la nomination de l'un ou l'autre. On se rappelle tous l'épisode Butiglonne proposé par Berlusconi, refusé par la commission à cause de ses déclarations homophobes et remplacé au commissariat à la justice par Frattini...
Quitte à s'attirer l'hostilité des conservateurs...

club-cordelier

Le printemps, il finit toujours par venir, pas besoin de lui dire...
Mais il est tellement fugace...
Parfois, il vaut mieux ne pas le laisser passer...

Gus

Comme je l'écris, ALDE fournit le peu de soutien dont la Commission trouve l'usage pour rendre le P.E. impuissant face à ce que je nomme la "vulgate libérale". ALDE, par l'étiquette "libérale" dispose également d'une base électorale solide, et d'excellents appuis en Europe du Nord et de l'Est. D'ailleurs, nombre de jeunes ténors de l'ALDE sont de futurs ou d'ex-consultants contractualisés par les meilleurs lobbies bruxellois, ayant pour la plupart honnêtement gagné leur siège au P.E. ce qui n'est pas le cas des sous-marins du patronat européen (le scrutin de liste favorisant le commerce de places éligibles).

Bâtir une majorité susceptible de s'opposer à la Commission est presque inimaginable.

En l'état des actuels groupes, seul le PPE a la discipline de vote susceptible de le permettre : c'est d'ailleurs à mon avis ce que font les rares alliés objectifs de Sarkozy (ou peut-être devrais-je plutôt parler d'ex-alliés vu la capacité à irriter de notre Pdt) au Conseil : ceci incluant notamment la Chancelière allemande : tisser des liens entre Conseil et un groupe discipliné au Parlement Européen pour rabattre le caquet des jeunes sots de la Commission avec le soutien d'une Présidence du Conseil forte. Si vous voyez Rasmussen se profiler comme premier président, pariez que c'est cela qui se passera. Et alors une inflexion nationalo-conservatrice de la politique de la Commission sera imaginable.

On reproche souvent au PS français de ne pas avoir clarifié sa ligne idéologique : c'est oublier que, factuellement, le PSE ressemble davantage à un ramassis d'arrivistes cyniques et amoraux qu'aux porteurs d'un projet de société. Et j'imagine mal les Verts et la gauche franche comprendre d'ici 2009 que le recours au moralisme idéaliste au P.E. est contre-productif de par l'hostilité qu'il génèrera chez les conservateurs.

Donc, si on parle d'inflexion, je n'imagine guère comme inflexion qu'une inflexion conservatrice : dans laquelle, à mon avis, la France de Sarkozy s'intègrera sans trop de peine et d'ailleurs ralliera certainement le courant SPA du PS (Socialisme, Patriotisme et Autorité). En Espagne, au Portugal ou à l'Est, les choses sont plus ouvertes : essentiellement parce que la décentralisation y est allée très loin. Mais ces nations ont encore la modestie de ne pas trop vouloir peser face aux fondateurs : ceci n'aura qu'un temps et si une surprise apparait, elle ne peut guère, en pratique, que venir de là.

Du point de vue disons ver, il y a certainement quelque chose à jouer avec les nationalistes catalans, qui n'ont toujours pas très bien compris qui a tué "l'Europe des régions" qui leur plaisait temps et qui sera certainement le nouveau cheval de bataille de Stoiber en Bavière. J'imagine aussi que les premières grandes manoeuvres du Conseil favoriseront trop honteusement les grands pays (voir les débats de marchands de tapis sur Galileo et le désastre Airbus), poussant les petits pays à soutenir à nouveau "l'Europe des Régions".

Gus

Il me vient alors à l'esprit que ce que proposait Pevenche Bérès sur LCP était à interpréter comme un alignement des pratiques plutôt disciplinées du PSE sur celles du PPE, dans l'optique d'une éventuelle influence au conseil. C'est à mon avis oublier que le PSE est à peine moins infiltré de lobbyistes élus qu'ALDE

dg

Curieux, ce que vous décrivez au fond du fonctionnement de l'Europe , je n'avais pas besoin de vous lire, pour le savoir. Il m'a suffit un temps de lire le trés bon livre docummenté de "Europe Inc", de l'observatoire de l'Europe industrielle, lu en 2001.

Gus

Rien n'a effectivement changé depuis 2001. Ni même, au fond, depuis Maastricht/Amsterdam. Le TCE n'aurait d'ailleurs rien changé de bien significatif.

Pour être honnête, Barroso a fait nettement infléchir les pratiques de la Commission dans le bon sens. Ce qui explique l'étendue innattendue de ses soutiens au P.E. Mais je ne suis pas certain que les évolutions qu'il aura initiées survivent à son départ.

L'Union dans laquelle nous vivons est celle conçue par Delors en 1986 : des institutions dans lesquelles la démocratie se limite à permettre aux citoyens voter pour des listes (donc, des partis) qui ensuite élisent un président de l'exécutif, lequel a énormément de marge d'appréciation sur la manière de conduire les affaires.

C'est pour cette raison qu'on peut en étant à peine réducteur souligner que tout ce que l'Union a de haïssable pour des gens de gauche est l'oeuvre de Prodi, (un peu aidé il est vrai par Lamy et Cox).

Cette europe "unijambiste" dont Delors est si fier a aussi été sérieusement affaiblie par les coups de boutoir des états-membres dont les parlements, qui ne sont pas aussi traditionnellement godillots qu'en France, voient dans le pouvoir de l'exécutif européen une atteinte nette à leurs mandats : il existe en effet dans l'Union des états-membres dans lesquels les députés prennent leur mandat au sérieux desquels nous pourrions d'ailleurs nous inspirer. L'air de rien, le travail de sape paie toujours, à la longue : mais hélas, deux conséquences : la première est que dans ces pays nul ne s'offusque qu'un député européen instrumentalise son mandat (puisqu'il n'a aucun pouvoir et doit contrebalancer le pouvoir de la Commission : il agit donc en résistant). la seconde est que l'affaiblissement global de l'institution européenne facilite le travail des lobbies.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.