Le député européen Alain Lipietz explique comment en intervenant sur les marchés financiers en Août en pleine phase d'écriture du nouveau traité européen, la Banque Centrale Européenne s'est retrouvée, devant le Parlement Européen, à se contredire elle-même dans sa lecture des traités européens. Notamment, la Banque Centrale Européenne a-t-elle, comme Trichet l'affirme, la mission d'assurer la stabilité des marchés financiers, alors que le traité d'Amsterdam confie aux autorités nationales la responsabilité des politiques prudentielles (celles sensées éviter les crises) ?
La question est d'importance : en effet, si la BCE se retrouvait, de par ses propres choix, investie de responsabilités d'entretien de l'économie réelle (vous savez, les gens qui bossent et qui produisent des richesses et qui ont en pratique besoin d'une monnaie pas trop cabossée par les financiers pour y parvenir), cela reviendrait à contredire le dogme ayant présidé à l'établissement de l'indépendance absolue derrière laquelle ses fonctionnaires se cachent habituellement pour refuser d'entendre quelques revendications que ce soit des élus des états-membres concernant justemment... l'économie réelle. A moins bien entendu de considérer que la seule économie réelle à laquelle devrait s'intéresser la BCE serait le monde de la finance et en aucun cas l'économie productive, analyse qui, à l'évidence, passerait pour particulièrement technocratique aux yeux de l'opinion, qui a encoe l'habitude de considérer la monnaie comme un repère dans une économie en mouvement, illusion que les techniques financières mettent à profit au seul bénéfice de leurs praticants.
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