A l'occasion de la rituelle accusation d'agissements hors-mandat lancée par la France en direction du Commissaire Européen au Commerce dès lors que l'éventualité d'une réduction des subventions à l'agriculture européenne fait surface, je me permets d'attirer l'attention du lecteur curieux sur ce vieil article sur le sujet, idéalement complété par celui-ci.
On comprendra à la régularité avec laquelle revient, depuis 2004, la question des subventions agricoles que l'enjeu du cycle tout entier de Doha (démarré en 2001) est bien celui-ci, et uniquement celui-ci. En constatant que cet enjeu était loin de faire l'objet d'autant de débats intra-européens de 2001 à 2002, on s'interrogera sur le contraste saisissant offert entre l'entêtement de l'actuel Commissaire au Commerce à travailler sur ce sujet en particulier et le peu d'intérêt pour cette question témoigné avant 2004 par son prédécesseur. On comprendra que la volonté libéralisatrice alors affichée par le précédent commissaire européen au Commerce et actuel directeur de l'OMC Pascal Lamy s'intéressait bien davantage à certains secteurs qu'à d'autres et procédait donc très certainement d'une analyse dont la subtilité dépassait à l'évidence le simple positionnement idéologique.
Pour toutes ces raisons, et notamment, à la simple analyse du parcours et de l'oeuvre sur huit ans de l'actuel directeur de l'OMC sur le dossier des subventions agricoles lorsqu'il exerçait comme Commissaire Européen, je crois pouvoir affirmer que, puisque les pays émergents semblent avoir définitivement pris position quand à savoir où se situe leur intérêt, Doha est mal partie. Car comment faire comprendre un point de vue à une personne semblant avoir été nommée à ce poste pour très précisément ne pas comprendre ce point de vue ?
Mais encore fallait-il que le spectacle ait lieu, et que toutes ses vertus pédagogiques s'y révèlent. Encore fallait-il profiter de l'occasion pour se convaincre du fait que c'est bel et bien leur propre intérêt que jouèrent les gouvernements français successifs, contre celui des pays du Sud, objectivement aidés en cela par les français de la Commission Européenne venus dans les bagages de Jacques Delors. Et , vu sous l'oeil du simple militant progressiste, que pouvait-on alors espérer d'autre que d'attendre que le spectacle aille à son terme, hormis de croire que, par miracle, l'élargissement de 2004 ne perturbe un équilibre institutionnel immuable en faveur de rapports Nord/Sud sciemment déséquilibrés ?
Bien vu sur Pascal Lamy - "comment faire comprendre un point de vue à une personne semblant avoir été nommée à ce poste pour très précisément ne pas comprendre ce point de vue" - son tropisme français semble l'avoir aveuglé sur la question des subventions agricoles. L'idolâtrie autour de sa personne dans les médias mainstream est assez muette sur ce point...
Rédigé par : Ibn Kafka | 25 février 2007 à 16:21