Si vous ignoriez jusqu'alors l'existence de l'archipel d'Aland, ne culpabilisez pas trop : vous n'êtes certainement pas les seuls. Aland est pourtant à la fois un état libre et l'une des six régions de Finlande, qui a depuis peu décidé de faire parler de lui en brandissant la menace d'employer le droit constitutionnel dont il dispose pour émettre un véto sur l'éventuelle ratification du Traité pour une Constitution Européenne par la Finlande.
Aland est donc l'exemple de l'une de ces nombreuses communautés finlandaises ayant le suédois comme langue maternelle (dont le plus célèbre représentant est certainement Linus Torvalds) née de l'annexion de la Finlande et de terres alors sous administration suédoise par la Russie au début du XIXème siècle, jusqu'à ce que, profitant de la confusion née de la révolution bolchévique, la Finlande ne reprenne son indépendance.
C'est donc le Daily Telegraph qui, en les termes de son envoyé à Mariehamn David Rennie, nous informe que le chargé des affaires européennes de l'archipel, Britt Lundberg, s'est rendu en personne à Bruxelles expliquer pourquoi l'opinion publique Alandaise tenait en si basse estime l'Union Européenne qu'elle pourrait exiger l'usage du droit de veto dont dispose Aland sur tout traité international que serait susceptible de signer la Finlande.
Les principales raisons évoquées par l'envoyé spécial d'Aland semblent souligner l'irritation des citoyens alandais face à leur obligation de se soumettre aux règles européennes dans les secteurs où l'Union a compétence exclusive (c'est à dire, décide à la place des états membres), et notamment la gestion de la pêche. Mais c'est aussi une clause particulière du traité d'adhésion de la Suède, qui permet aux suédois de continuer à consommer une certaine forme de tabac à chiquer nommée "Snus" particulièrement populaire à Aland, que semblent envier les alandais.
En les termes de Roger Norlund, chef du gouvernement alandais, le véritable débat est tout simplement fondamental : "Aland résoud ses problèmes à son échelle. Les voies choisies par l'Union Européenne consistent soit en l'application d'une seule et même règle pour tous, soit en l'harmonisation des législations nationales."
POUR avoir été à Aland trois fois cette année, pour résider en ce moment en Suède et lire la presse suédoise, je crois savoir ce qui s'y passe.
Il y a en effet eu une campagne de presse anti-EU (c'est assez commun ici) de façon cyclique. Une fois l'UE voulait supprimer le modèle social suèdois, puis ça a été l'histoire de cette école élémentaire fabriquée par des ouvriers lettons sous payés par rapport au droit social suédois, puis la prétendue volonté de Bruxelles de supprimer le SystemBolaget (monopole d'Etat sur l'alcool), et dernière en date : le SNUS.
J'ai lu cette affaire d'Aland, mais franchement, ça n'a pas fait la une des journaux suédois, qui sont pourtant si prompts à l'euroscepticisme,voire europhobie. Je pense qu'il s'agit d'un détail. Quant à la composition politique d'Aland, elle ne favorise pas non plus l'euroenthousiasme :
http://www.parties-and-elections.de/aland.html
A Aland, les gens sont riches, on y paye en euros finlandais, on y parle en suédois mais on ne veut pas trop causer de soucis..
Rédigé par : babr | 17 février 2006 à 15:42
On peut se poser la question: La suède a un modèle social à la fois protecteur et performant, une vraie verrue dans le jardin libéral anglo-saxon. Normal que les suédois soient assez arc-boutés: ils ont un vrai système social qui marche à défendre! Et il faut rappeler que la croyance là-bas veut que tout ce qui ait été touché par l'Europe ne fonctionne plus bien, d'où un euroscepticisme d'autant plus difficile à combattre qu'il se pourrait bien qu'il soit justifié, pour une fois.
Rédigé par : sys4 | 26 février 2006 à 17:00