L'Union européenne semble prise d'un vertige de l'élargissement. Quelques jours seulement après l'annonce de l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie et la Croatie, et celle quasi concomitante de l'ouverture des négociations en vue de la conclusion d'un accord de stabilisation et d'association (ASA) avec la Serbie-Monténégro, la Commission a recommandé hier l'ouverture de négociations similaires avec la Bosnie-Herzégovine. Pour cela la Commission a préparé un cadre de négociation sur lequel le Conseil devra se prononcer (a priori lors de sa réunion du 12 décembre prochain, c'est à dire à deux jours du 10e anniversaire des accords de Dayton). L'Union achève ainsi le processus de signature des ASA avec les pays des Balkans occidentaux. La Croatie et la Macédoine en ont déjà signé un. La Serbie-Monténégro et l'Albanie sont en cours de négociation. La Bosnie-Herzégovine pourrait donc les rejoindre prochainement.
Pour savoir ce qui se cache derrière le terme ASA, vous pouvez aller lire cette page.
Le but affiché de ces accords est de préparé une adhésion future à l'Union européenne. On est donc dors et déjà certain que l'Union comptera d'ici une à deux décénies au moins 33 Etats membres (sans préjuger du futur statut du Kosovo). Comment interpréter cette frénésie de l'élargissement qui semble avoir gagné l'UE récemment ?
Tout d'abord, en rappelant que ce n'est pas si récent. Depuis la chute du communisme à l'Est, l'élargissement vers les anciens sattelites de Moscou est devenu l'un des axes majeurs de la politique communautaire. Les situations différentes des Etats ont conduit à des calendriers différenciés, mais la perspective de l'adhésion pour ces Etats a toujours été affirmée. Le bousculement actuel, alors que le dernier élargissement en date est encore tout chaud, peut donc apparaître comme le fruit du hasard.
Pourtant, la succession des annonces semble indiquer que le hasard n'est pas tout, et qu'il y a une volonté politique derrière. Certains parlent de "fuite en avant" (c'est la thèse de Baudoin Bollaert par exemple) qui condamnerait à terme l'approche intégratrice traditionnelle. Je me demande personnellement si l'intégration traditionnelle n'a pas été condamnée dès 1989 et les bouleversements historiques et géopolitiques qui en ont découlé. L'histoire a imposé un changement de projet à la construction européenne. Soit. Regretter la "petite communauté" d'hier ne permet pas de saisir les enjeux de la "grande union" de demain à mon sens.
Prenant acte de ce fait, on pourrait alors penser que l'Union cherche au contraire actuellement à dessiner - de manière officieuse - ses contours finaux. En précipitant les annonces, en concrétisant toutes les promesses faites aux uns et aux autres depuis des années, voire des décénies en ce qui concerne la Turquie, l'Union apparaît alors comme étant tentée de dire "stop" après. On a vu que l'Union a refroidi très tôt les perspectives ukrainiennes après la révolution orange, ne s'avançant sur aucune promesse, si ce n'est la poursuite de la "politique européenne de voisinage" destinée aux pays voisins... n'ayant pas vocation à devenir membre de l'Union (c'est la même politique qui règle les relations entre l'UE et les pays d'Afrique du Nord ou du Proche-Orient).
Evidemment, rien n'est sûr. La politique d'élargissement répond aussi à des demandes des Etats membres, et certains, à commencer par la Pologne et la Lituanie, poussent à repousser plus à l'Est la frontière de l'Union en intégrant à terme l'Ukraine et, qui sait, un jour, la Biélorussie.
Ainsi, face à la demande croissante de fixer les frontières de l'Europe (la peur de la dillution ad vitam eternam a sans doute été l'un des moteurs du "non" en France comme aux Pays-Bas), l'activisme élargisseur actuel pourrait bien signifier le contraire de ce qu'il semble dire à première vue.
Concernant la question de l'Ukraine et de la Bielorussie, il faudra quand même prendre en compte le fait que ces nations seront de fait celles où, par effet de dominos, s'échoueront les vagues de réfugiés d'asie centrale que la chute du bloc soviétique condamne à chercher survie en europe :
http://service.spiegel.de/cache/international/0,1518,379727,00.html
Les nations frontalières de l'U.E. avec lesquelles se maintiendront des différences de niveaux de vie de 1 à 15 (comme c'est le cas par exemple pour la frontière sud de l'Espagne) n'auront aucune raison de se casser la tête à gérer les flux nés des conséquences de la politique de l'Ouest.
Rédigé par : Gus | 22 octobre 2005 à 15:34
"""vertige de l'élargissement"""
Il est vrai que c'est pire que des sextuplés et qu'il va falloir pousser fort, sinon c'est l'accouchement par césarienne. A-t-on prévu une péridurale pour éviter l'accouchement dans la douleur, vu que le bébé turc est d'une taille respectable ?
Rédigé par : Fulcanelli | 22 octobre 2005 à 18:32
Encore quelque chose pour lequel on nous demande notre avis. Vive l'Europe!
Rédigé par : DG | 22 octobre 2005 à 20:24
Le gros scandale de la derniére décénie du XX est la guerre suite à l'éclatement de la Yougoslavie ainsi que l'incapacité des européens de pouvoirs sans les américains pacifier ces nouvelles républiques. DOnc pour moi c'est normal d'établir des rapports privilégiés avec ces républiques en leur ouvrant la porte.
Ces 5 pays c'est 24.4 millions de personnes soit 92 h/km2, mais c'est aussi une poudrière à désamorcer que l'on peut faire en les intégrant dans l'UE. De toutes les façons ils seraient venus chez nous en immigration clandestine, alors je préfére les laisser chez eux et les aider à reconstruire leur propre économie selon nos modèles .
Que restera-t-il aprés à intégrer , la norvége, la suisse, le lichtenstein, peut-e^tre l'islande et le groenland .... la moldavie, l'ukraine, la biélorussie !!! et la Russie
Rédigé par : line oleum | 22 octobre 2005 à 21:44
Escusez j'ai oublié l'état ayant la plus forte densitè : le vatican 2098 h/KM2
qu'en pensera la Turquie ??
Moi je suis contre, raison : taux de natalité insuffisant.
Rédigé par : line oleum | 22 octobre 2005 à 21:52
Il y a un aspect de tous ces élargissements qui est important mais à mon avis trop souvent passé sous silence: le Traité de Nice prévoit que, dès lors qu'il y aura 27 EM, la Commission comprendra moins de membres que d'Etats. En théorie, cela pourrait vouloir dire 26 Commissaires, mais, dès lors qu'on aura concédé qu'un pays n'en a pas, pour répartir équitablement la frustration, on se mettra sans doute à avoir une Commission beaucoup plus réduite, un peu comme celle qui était prévue par le projet de constitution.
Cela sera un petit ersatz de la réforme institutionnelle que nous n'avons pas pu avoir. Un tout tout petit rien, mais qui sera toujours bon à prendre.
Rédigé par : burt allibert | 22 octobre 2005 à 22:02
Bon, la Serbie passe encore... Mais pas la Turquie... enfin pour l'instant...
N'empêche... Est-ce que l'élargissment est la priorité de l'Europe? Au dessus même de l'économie et de l'emploi? Si c'est le cas, alors on ne peut plus dire que les institutions européennes sont innocentes dans le marasme économique de la zone euro... Dans une conjoncture mondiale qui est en plus favorable! (Selon le courrier international, en tout cas)
Rédigé par : sys4 | 22 octobre 2005 à 22:49
"SAUVONS L’EUROPE",
Compte-rendu des rencontres de Rennes
1er et 2 octobre 2005
http://www.sauvonsleurope.org/
Rédigé par : "SAUVONS L’EUROPE", | 23 octobre 2005 à 11:19
Je pense que la Serbie fait partie des anciennes nations européennes et elle doit avoir sa place au sein de l'UE. Je pense que les problèmes de cette "poudrière" résident dans l'amélioration de leur économie, ce qui de facto résoudra ce problème. De là, d'avoir au sein de l'Europe le pays comme la Turquie... ou d'imaginer Kosovo comme un état faisant partie de l'UE, alors qu'ils refusent le principe même d'unité avec ses voisins... Dans ma tête l'histoire de Kosovo ne commence pas avec le dictateur nommé Milosevic, mais bien avant, et il suffit d'être de bonne foi et de se tourner sur l'histoire de ce territoire et voir que l'Europe se voit obligé d'appliquer le principe de choix d'une majorité régionale ... pour qu'elle arrête de nous menacer d'une nouvelle guerre ! Je pense qu'en effet, l'Europe doit avoir une vision globale de ses frontières à terme, ce qui permet une organisation dans le temps qui tienne compte des impératifs respectifs de tous.
Rédigé par : Marcel | 23 octobre 2005 à 11:41
Combattre le proxénétisme, défendre les droits des prostitué-e-s
http://lipietz.net/article.php3?id_article=184
CONTRE LE PROXENETISME
Extraits du Message d’Alain Lipietz à la conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles
17 octobre 2005 par Alain Lipietz
(…)
« De ce point de vue, je salue la lutte des féministes européennes qui, après des années d’efforts à Vienne ou ailleurs, étaient parvenues à faire inscrire, dans le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, l’article III-271 qui faisait de « l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants » l’un premiers crimes inscrits dans le champ encore restreint de cette ébauche de droit pénal européen. Il faut malheureusement avoir conscience que le rejet du TCE est, pour la lutte contre le proxénétisme, un vrai désastre, car une telle avancée ne risque pas de se retrouver avant longtemps.
Mais, comme dit le proverbe, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Je suis sûr que malgré ce revers vous saurez continuer la lutte contre l’exploitation sexuelle, et vous trouverez les Verts à vos côtés… »
(…)
Pour lire la suite :
http://lipietz.net/article.php3?id_article=1643
Rédigé par : Europe: combattre le proxénétisme | 23 octobre 2005 à 23:31
il doit y avboir un rapport avec la qualification de leur équipe pour le mondial...Je rigole
Rédigé par : socdem | 24 octobre 2005 à 11:57
A quoi cela sert de voter, les politiques
se foutent de nous en évitant d'expliquer
les enjeux. On est en pleine dictature.
Alea jacta est et chacun pour soi!.
Rédigé par : fraisouille | 30 octobre 2005 à 03:30
Bis: les politiques se foutent de nous.
On est en pleine dictature du chacun
pour soi. Bon vent à toutes et à tous.
Rédigé par : fraisouille | 30 octobre 2005 à 03:37