Il était temps qu'un nouveau billet vienne prendre la place en tête de Publius de cette contrepèterie intéressante de M. Paxatagore (que je remercie au passage pour avoir tenu la boutique pendant que ces oui-ouistes honteux s'enfermaient dans leurs activités professionnelles bassement lucratives), qui n'était pas digne d'une publication qui a les honneurs de la presse de sa majesté. Passons.
Demain commence le fameux conseil qui va permettre au camp du non-pro-européen de voir éclater sa victoire en lançant une assemblée constituante qui ne va sans doute pas apporter grand chose. Le message qui s'affirme, notamment du coté de la commission (et Barroso n'aura pas dit qu'il souhaitait une pause sans que celà ne soit un teasing, je pense), est bien celui de la nécessaire pause. Tout le monde craint l'embrasement du non, et surtout une spirale de régression du projet européen.
Que devraient faire nos dirigeants européens ? Quelle suite pour le traité constitutionnel ? Les réponses semblent disparates, et c'est logique, puisque qu'il y a bien sûr diversité d'opinions, de stratégies et d'intérêts. Ceci-dit, je trouve qu'un consensus semble se former. Il n'est pas anodin en effet que Philippe Douste-Blazy, lou ravi himself, reprenne quasiment point par point les propositions que Charles Grant, le président du CER, dans une interview récente au Figaro (en accès payant désormais). Evidemment, c'est Grant, fin connaisseur de l'Europe, europhile exigeant et pragmatique, qui a tiré le premier (en anglais), dans une note du CER. Ce qu'il nous dit est intéressant, en voici les grandes lignes commentées.
Charles Grant pense que les "EU leaders" doivent adopter une stratégie en quatres étapes. Ceci se fonde sur un constat : le traité instituant une constitution est mort. Je partage ce point de vue.
1. Traiter l'ordre du jour à court terme. Et celui-ci est chargé. Package budgétaire (à l'ordre du jour du conseil de la semaine prochaine), fin du round de négociations de Doha, le Kosovo et l'Iran. D'après Charles Grant, l'UE, après avoir été affaiblie par les non des néerlandais et des français, doit montrer son efficacité dans la gestion de sujets difficiles, pour éviter que l'euroscepticisme ne gagne les foules.
Deux autres sujets doivent d'ailleurs selon lui continuer : la réforme économique et l'élargissement. La faiblesse économique de la zone euro impose qu'on tente de la sauver de manière commune. Et les négociations (avec la Turquie) doivent se lancer en octobre, les votes ne portaient pas sur ce sujet.
Bref, je résumerais bien : pendant la crise, les travaux doivent continuer. Je partage, évidemment, et celà ne doit pas s'arrêter à une simple continuation, mais à la poursuite de dossiers législatifs ambitieux, où la commission ferait bien de montrer une ouverture au parlement européen, notamment sur des sujets comme la directive sur les brevets logiciels, ou sur le sujet de la création du marché des services. De même, il serait intelligent que le débat sur la définition des SIEG se lance, même en l'absence de l'obligation qu'imposait le TECE.
Profitons des débats qui ont été lancés, répondons aux interpellations qui ont eu lieu, pour ce qui peut être fait sans évolution institutionnelle.
2. Les leaders de l'UE doivent montrer qu'ils ont entendu les critiques, et qu'ils sont résolus à rendre l'UE moins lointaine. Mais, ajoute Charles Grant, il faut éviter les décisions trop rapides, dans la précipitation. Il propose que le conseil nomme un "panel" de trois personnalités, non politiques, qui soit mandaté pour faire le tour de l'Europe, afin de rechercher des moyens de recréer cette proximité. Prise en compte du sujet, mais aussi affirmation qu'il n'y a pas de solution facile et immédiate. Notons que Douste-Blazy reprend cette proposition à son compte.
Je ne sais pas si la solution du panel de trois personens est vraiment réaliste et une réponse à la mesure de la crise. La crise actuelle est un appel à une plus large consultation. Un panel de trois personnes pourrait facilement être vécu comme une convention à trois, une consécration de ce qui n'a pas totalement fonctionné dans la convention (pouvoir trop grand du praesidium dans les débats). Il faudrait sans doute trouver un moyen de lancer des initiatives de consultation plus large, où chacun puisse s'exprimer.
Un panel, alors, pourquoi pas ? Mais avec une lettre de mission claire et engageante, un moyen de l'interpeller, une large consultation, et une indépendance qui ne soit pas que formelle. (quoi ? c'était la convention ?)
3. Le Conseil pourrait amender son fonctionnement, sans passer par un nouveau traité. Par exemple en rendant publiques ses séances, ou en appliquant l'article du traité indiquant qu'un tiers au moins des parlements nationaux peut demander à la commission de reconsidérer un projet de directive. Sur le plan de la politique étrangère, en revanche, Charles Grant est plus dubitatif. Il appelle à ce que les services du Haut Représentant, Javier Solana, soient rapidement constitués, mais on ne pourra se passer d'un traité pour le renforcer.
Sur ce point, je serais heureux que les petits amendements aillent plus loin que ces propositions, qui seraient un tout petit progrès. Evidemment, celà sera difficile, puisque toute modification en substance nécessiterait un nouveau traité.
On pourrait néanmoins donner des signes d'inflexion dans la pratique des institutions, ainsi que l'indique Grant : séances publiques du conseil, meilleure prise en compte du rôle du parlement, remplacement de Margot Wällstrom, effort de communication de l'UE sur son agenda politique et les processus législatifs en cours... Il est évident que les pouvoirs nationaux et les media ont une grande responsabilité sur ce plan également. J'aimerais que nos media s'emparent de l'UE autrement que par la petite fenêtre des jeux entre Etats, et sachent montrer réelllement ce qu'est le débat parlementaire de l'union.
4. Après une pause de plusieurs années, l'UE devra se reposer la question de l'amendement de ses traités fondateurs. Le faire trop tôt après deux referendums négatifs serait inconscient. Mais l'UE n'aura pas vraiment le choix. Sur la base des réflexions du panel, une mini conférence intergouvernementale, d'un à deux jours, devrait adopter un "mini-traité", qui apporterait de simples évolutions institutionnelles mineures, comme le vote à la double majorité, une présidence fixe du conseil, et la création du ministre des affaires étrangères. Ce traité, n'apportant que de simples modifications mineures, pourrait être adopté par les parlements.
Grant finit en disant que les fédéralistes doivent accepter la mort du TECE. Et que l'UE ne fera de nouveaux pas en avant vers plus d'unité qu'en ayant au préalable persuadé l'électorat de ses mérites.
Je suis d'accord avec la philosophie de Grant (pragmatisme à moyen terme), mais je peine à penser que l'UE ne puisse se donner comme horizon qu'un mini-traité et une mini-CIG. Il faut conserver à l'esprit l'objectif de simplification et de démocratisation de l'UE, et de refonte des institutions, qui passe par une fusion des communautés et de l'union, par une fusion des traités existants, etc... Le minimum, c'était malheureusement le traité qu'on vient de rejeter. Se donenr comme seul horizon un mini-traité modifiant les règles de vote, c'est avouer son échec (mais peut-être y est-on, effectivement).
Bref, voilà le scenario qui m'apparait comme le plus plausible pour l'UE. Oh, pas le plus souhaitable, je fais partie de ceux qui espéraient pouvoir construire pas à pas une véritable Europe politique qui sorte de l'intergouvernemental arbitraire. Mais là, honnêtement, qui peut dire comment y aller à présent ?
encore des statistique( dans L'express, 6 decembre, 2004)
World Bank- 200 million chinese left poverty in last 20 years.
voir lien (traduction anglais de l'article pour un journal chinois)
http://english.peopledaily.com.cn/200412/22/print20041222_168283.html
Rédigé par : sanssouci0 | 17 juin 2005 à 08:49
Bonjour sanssouci, no souci pour moi non plus.
Les offices d'études internationaux publient régulièrement beaucoup de comparaisons internationales : elles sont de piètre qualité, surtout quand il s'agit de comparer des pays en développement (et même dès qu'on sort du cadre européen, où déjà les comparaisons sont pas terribles, je parle d'expérience, mais bon il y a un minimum d'harmonisation et de comparabilité).
Or, estimer des revenus, c'est encore faisable ... mais estimer des niveaux de vie (et même la notion de "pauvreté") et les comparer au niveau international, c'est carrément une utopie !
Le système statistique chinois est un système de pays communiste qui commence à peine à effectuer quelques progrès ... pour un pays dont la diversité est immense et qui connait des transformations d'une énorme complexité.
Donc quand on cherche à faire une évaluation du niveau de vie sur l'ensemble de la Chine ... à mon avis, ce qui se passe, c'est qu'on prend les revenus de 100 millions de Chinois des villes et qu'on utilise pour estimer leur niveau de vie, le panier de consommation des campagnes ... ce qui est absurde, car les prix en ville et surtout la structure de la consommation des citadins aisés n'ont rien à voir avec celle des campagnes.
Les 100 millions les plus aisés de Chine, ça doit englober la plupart des habitants de Pékin, c'est un chiffre qui "se voit" ... or, sur ce que j'ai vu, des habitants moyens-supérieurs de Pékin qui gagnaient souvent environ 500 euros par mois, des prix qui n'étaient pas si bas qu'on pourrait le penser (en gros 2 fois moins mais c'est très variable), les voitures qui se répandent mais qui restent inatteignables pour la majorité de la population (bcp plus chères qu'en France), le tourisme débutant mais en Chine et pas cher ... je ne vois pas comment on peut atteindre de tels chiffres.
Au moins 100 millions de Chinois peuvent bien vivre sans doute ... dire qu'ils sont au-dessus de la norme européenne (c'est quoi, cette norme ?), je ne vois pas comment on peut prétendre faire des comparaisons de ce genre.
Philippe qui vit à Shanghai, je crois, pourra donner son point de vue de là-bas (en espérant que son expérience lui permette de ne pas se limiter aux catégories les plus aisées qu'évidemment il cotoie sans doute le plus souvent). Bonne journée.
Rédigé par : un francais d'en haut | 17 juin 2005 à 14:22
100% d'accord avec toi "Un français d'en haut".
La Chine est toujours majoritairement bipolaire avec un très faible pourcentage de la population qui détient la quasi totalité des richesses. Pour eux, la vie est magnifique. Icomparable avec ce que peuvent se payer nos pauvres milliardaires européens.
Les pauvres et les ultras-pauvres sont la grande majorité, près de 980.000.000.
Mais il y a quand même une montée en puissance d'une classe-moyenne issue de l'industrialisation et donc de l'urbanisation.
Dans une grande ville, un jeune universitaire gagnera en moyenne 2500-3000 RMB (/10 pour la conversion en EURO). Après quelques années, ils peuvent prétendre à environ 4000-6000 RMB (avec certains avantages tels que linge de maison et d'autres astuces issue de la tradition communiste).
Rédigé par : Philippe | 17 juin 2005 à 16:54
Bonjour
Deux de nos internautes en couple avec une chinoise!
C'est par ce type de lien qu'on va dépasser les vieilles logiques d'Etat Nation
un de mes amis me disaient que plus de 10% des mariages aujourd'hui à Paris étaient mixtes (France +étranger) : c'est aussi comme cela que se construit l'Europe
Rédigé par : verel | 17 juin 2005 à 17:28
Oui sauf que j'ai voté Non et que je suis pour une Europe protectrice de ses citoyens.
Rédigé par : Philippe | 17 juin 2005 à 22:58
Europe, le non Français, la suite:
http://ineditspourlenon.com
Rédigé par : fraisouille | 20 juin 2005 à 03:10