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« Les raisons de mon "oui", par Emmanuel | Accueil | L'Europe, c'est compliqué »

29 mai 2005

Commentaires

Nade

Beau texte Pikipoki.

Pour le compromis , j'ai trouvé cette comparaison entre la france et le Japon , ça peut être interessant.

Un mépris du compromis

Notons d’abord que les francais s’étonnent, parfois même s’indignent, du processus de nemawashi. Ce processus, fondamental dans la prise de décision à la japonaise, n’existe pas du tout en France. Ainsi, il est présenté par les médias comme une particularité exotique. Le Monde écrit : « Le cadre dirigeant qui veut résoudre un problème ne convoque pas une grande réunion. Il en parle de façon informelle, dans le couloir ou devant la machine à café à une personne qui va, elle-même, en parler à une autre, et ainsi de suite. Ce processus de concertation collective a même un nom : le nemawashi » [1]. De même, la plaquette de présentation de Konika explique : « Nemawashi : Au sens propre, cela signifie “creuser autour de la racine”. C’est une manière de prendre les décisions : consultations et réunions officieuses débouchent sur un consensus » [2].

De même, quand on parle de la prise de décision dans l’entreprise japonaise, on insiste sur cette idée de consensus : « Les techniques de gestion inventées par les Japonais (le “ringi”, les cercles de qualité, etc.) mettent l'accent sur la bonne remontée des informations, génératrice de consensus » [5]. Mais pourquoi les français sont-ils étonnés de ce que la décision se prenne dans le consensus, et parfois même indignés des procédés employés, tels que le nemawashi ?

Pour une chose, parce que le consensus est associé dans l’esprit des Français à l’idée de compromis : or, “compromettre”, c’est à dire accepter de remettre en cause ses idées personnelles, n’est traditionnellement pas bien considéré dans la société française. Remettre en cause ses idées personnelles, c’est accepter de mettre en cause sa compétence individuelle. Compromettre est quasiment une dévalorisation de soi-même. Dans un tel cadre, le nemawashi ou quelque chose qui y ressemblerait dans le contexte français serait considéré comme une tentative d’influence individuelle destinée à forcer une personne à changer d’avis, par des moyens rhétoriques ou par d’autres moyens de pression.

De plus, il faut aussi considérer que les notions de honne et de tatemae sont également inexistantes et qu’en général, il est considéré comme légitime et honnête de donner son opinion personnelle en toutes circonstances. Ainsi, la salle de réunion est le lieu privilégié pour exprimer cette opinion, même si celle-ci va à l’encontre de celle des autres. Ceci ne pose pas de problème car, comme on va le voir, les décisions sont prises à la majorité et non pas à l’unanimité. Dans ce cadre donc, modifier son opinion de façon privée ou semi-privée, via le nemawashi, serait considéré dans le contexte français comme une forme de lâcheté.


( le reste est moins interessant : http://handai.ifrance.com/interculturel/prise-decision-azra.htm )

Ca peut peut-être expliqué pourquoi le compromis est si mal vu en France. Alors un compromis a 25 , vous imaginez !

fgabriel

Cela m'étonne qu'après tant de semaines de débat, vous nous re-sortez encore Etienne Chouard. Bon, il a pour lui son honneteté et puis, vous essayez de remettre en perspective ses 5 points. L'impression que j'ai de lui est qu'il nous refait le coup de Thierry Meyssan: le TCE organiserait l'arbitraire mais chut, il faut le cacher au peuple (aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone mais chut, il faut le faire croire au peuple). Je vous invite à lire le blog d'Alain Lipietz (http://lipietz.net/), si ce n'est déjà fait, qui explique bien le fonctionnement des institutions européennes proposé dans le TCE.

Au passage, le Conseil des Ministres est la Chambre des Etats (le "Sénat"), représentant les gouvernements (et donc la majorité) dans chaque pays (le Parlement de chaque pays vote la confiance à son propre gouvernement). Donc chaque membre du Conseil a une certaine légitimité "électorale" même s'il n'est pas élu. La bonne façon de faire aurait été que les Parlements nationaux élisent les Sénateurs européens qui siégeraient au Conseil. Mais cela n'a pas été voulu par les Chefs d'Etat et de Gouvernement (peut-être que le TCE sera amendé dans le futur sur ce point). En contrepartie, selon la Constitution, les Parlements nationaux ont un droit de regard sur les décisions prises par le Conseil des Ministres. Il y a donc des contre-pouvoirs et les rédacteurs du TCE ont voulu créer un équilibre sachant que pour l'instant, les Etats ne voudront pas lacher plus de prérogatives.

La Commission n'est pas élue et c'est normal (en France, on n'élit pas les ministres!), par contre les parlementaires votent la confiance à l'exécutif, donc la Commission reflète la couleur politique du Parlement européen. Autre point notable: le Parlement européen peut refuser tel ou tel membre de la commission alors que ce n'est pas possible pour le Parlement français.

fgabriel

Ah oui, sur le point de Chouard sur la confusion des pouvoirs au sein du Conseil des Ministres (un ministre fait partie du législatif lorsqu'il siège au Conseil, et fait partie de l'exécutif lorsqu'il revient dans son pays), cela peut s'interpréter de la façon suivante: en France, un député-maire fait partie du législatif lorsqu'il est à l'Assemblée Nationale et de l'exécutif lorsqu'il revient à son Conseil Municipal. En France on n'y voit pas d'inconvénient et ne crie pas au scandale de l'arbitraire (même si pour ma part, cela me gêne car je suis pour la séparation de ces 2 mandats). Pour l'Europe, c'est gênant, d'où le contrôle des Parlements nationaux sur les décisions européennes.

fraisouille

Beau texte PIKIPOKI. Chapeau!.

Dans l'esprit, il me refait penser au brillant discours chargé d'émotion de D. de Villepin sur l'Irak à l'ONU.

Malheureusement, le pouvoir financier n'a rien à faire
de l'émotion, en Irak comme en Europe.

Le pouvoir financier qui domine le pouvoir politique
( qu'on me prouve le contraire) attend de gens comme
vous que vous votiez oui, un OUI EMOTIONNEL!.

Le pouvoir financier vous ballade avec cette constitution qui est verrouillée par ses multiples
annexes incompréhensibles par tous.

le oui, c'est direct la corde au cou.

le NON, c'est au moins la retarder, en se donnant une
maigre chance d'y échapper.


fredouil

toujours indecis, mais je remercie publius de cette tranche de debat ces dernier mois.

ce referendum a mis au jour des questions legitimes a se poser sur le devenir de la construction europeenne et sa logique:

l'elargissement recent a quasiment tue le reve europeen, l'union est devenue trop heterogene pour etre gerable, c'est mentir que de ne pas avouer que les pays de la vieille europe vont souffrir de la concurence des pays de l'est, les delocalisation vont tres rapidement s'accelerer et notre politique etrangere (du point de vue francais) n'aura plus de sens.

La dessus s'est greffe la volonte d'integrer la turquie, ce qui acheve tout idee d'europe, d'identite commune, d'affinite entre les peuples.

Nous sommes desormais tres tres loin de ce que nous avions voulu construire a 6 !!!

un non pourra peut etre permettre de facilite la mise en place de noyaux durs, et donc revenir a une europe qui a un avenir.

mais bon je ne suis toujours pas decide sur un non ou un oui, dingue ;-).

quidam

« si Chirac avait mis en jeu son mandat, le PS aurait naturellement appelé à voter NON, comme pour De Gaulle en 69 » François Hollande

La Constitution engage l’Europe pour plus de 50 ans, et voilà que François Hollande reconnaît qu’il s’en moque complètement, préparant uniquement l’après Chirac.

France Culture du Vendredi 27 mai dans lequel Francois-René Cristiani revient sur l’énorme bourde de Francois Hollande de la veille à 13 heures (dans ce même journal de France Culture).

Pour écouter en ligne le journal de France Culture du 27 mai (à écouter à partir de la 3eme minute et 5 secondes...) :

www.radiofrance.fr//chaines/france-culture2/information

Pour entendre François Hollande en direct le 26 mai : www.tv-radio.com/ondemand/france_culture/JOURNALMIDI/

Il faut chercher le journal midi du 26 mai . C’est vers 7:40 sur real player. (Info vu sur le forum. Merci, la Rédaction )

Zap

Aujourd'hui, j'ai une pensée émue pour tout ces oui-ouistes qui vont peut-être vivre leur dernier jour.

Ce soir, à 22 heures, si c'est NON, le monde s'écroule, la France disparaît dans le néant, c'est la fin du monde. Des suicides collectifs par pelles face à cette insuportable situation.

Profitez bien de cette peut-être dernière journée, amis oui-ouistes, buvez, baisez et savourez. Il fait beau, un temps splendide pour une fin du monde.

Vous n'avez pas fait de testament? Pas la peine, ce soir, peut-être ne restera-t'il que le rien.

Vous n'avez plus de slip propre? Finir dans un slip sale n'est pas glorieux, c'est vrai, mais ça n'a plus d'importance, ce soir, peut-être, le temps s'arrêtera.

N'oubliez pas de souhaiter bonne fête à votre mère pour partir l'esprit tranquille.

Ce soir, à 21h59, serrez de toutes vos forces vos enfants et vos amours dans vos bras pour attendre. Dites-leurs que vous les aimez. Et fermez les yeux en priant.

Et si à 22h le monde est toujours là, n'oubliez pas d'allez changer votre pantalon que vous aurez mouillé.

Bonne journée amis Oui-ouistes, peut-être à demain

margit

De toutes les discussions lues et entendues ces jours restera pour moi l’image d’une certaine France que j’exècre, celle de Zap et compagnie qui expriment le mépris total et la haine. Tout les discours de droite comme de gauche manquaient des fois de sincérité et de clarté, mais d’entendre la haine qui transpire des paroles de certains fera toujours pour moi la différence et m’ont fait voter oui, eh oui, c'est fait !

Samuel

Ouf, je suis allé jusqu'au bout. On y voit une démarche honnête où si la complexité du débat et également la nécessité de vivre par ailleurs ne permettent pas de consacrer un temps énorme à la question, voilà malgré tout un bel exemple de citoyenneté.

Il est certain pour ma part que ce texte ne peut être qu'une étape et non une fin en soi. On peut s'interroger sur le sens dans lequel ce texte ira. Mais c'est alors se lancer dans un exercice de prospective hautement incertain. Après tout, lors du référendum pour l'adoption de l'actuelle constitution française, pouvait-on s'imaginer un instant que moins de 30 ans après la cohabitation, ce phénomène totalement contraire à l'esprit de celle-ci viendrait s'inviter dans le débat politique ?

Je vous rejoins sur le côté peu prononcé de l'existence d'une identité européenne bien que par exemple la mise en place (récente) d'un manuel d'histoire franco-allemand soit une avancée. Je reste par ailleurs sceptique sur la démarche d'un historien comme Jacques Le Goff.

Par contre, il me semble que vous évacuez un point important du projet européen. Celui-ci porte sur des valeurs et le paragraphe deux de l'article I-1 (si et seulement si le traité est adopté...) va être amené à faire énormément parler de lui dans le cas turc (comme ce fut et c'est déjà le cas). Car là, le TECE est clair, c'est l'adhésion à des valeurs qui permet d'entrer. Mais comment définir ce qu'est un Etat européen ? J'ai le sentiment que le Conseil de l'Europe va encore servir de précédent, institution que d'ailleurs l'Union vide progressivement de toute substance.

@Nade,
Les Japonais ne disent jamais non. Et pourtant à la fin, ils ont souvent obtenu ce qu'ils désiraient. La comparaison peut sembler intéressante. Mais dans le cas qui nous occupe, laissons le Japon où il est. Le débat est déjà suffisamment complexe pour qu'on vienne y mêler des considérations sur la mentalité des peuples.

jacqsues d. bougui bougui, han han, bougui bougui

"(puisque très égoïstement je cherche à établir mon choix, pas celui des autres !)"

C'est très important, ça !!!

Moi aussi je te salue, pikipoki, pour la qualité de ton texte. Je te rejoins sur de nombreux points, presque tous. Ta posture est honnête, désempreinte de ce qui m'insupporte en terme de processus de réflexion (sans doute parceque, comme tu l'as dit, tu réfléchis pour ta propre décision, pas pour celle des autres...)

Je suis dans le doute depuis longtemps déjà. Mais... mais je ne mets pas à la même place, dans une sorte de hiérarchie de valeur, certains arguments que tu avances.
Pour moi le déficit démocratique et certaines caractéristiques oligarchiques, (l'usage de ce mot est tout à fait juste) de la construction européenne jusqu'à aujourd'hui est le point qui fait que mon vote sera "non".

Et surtout : ressentir au quotidien, quand on vit comme moi dans un contexte social où l'Europe est synonyme d'un vaste flou, où ce sont ses caractéristiques les plus contraignantes et injustes qui sont le plus visibles (il y a plusieurs visages de l'Europe !!) et surtout le plus RESSENTIES, au travers des personnes que je fréquente et que je rencontre... parceque voter "oui" pour moi serait d'une manière symbolique (et absolument pas négligeable, je me souviens d'un imbécile sur ce forum qui me disait, en me contredisant à la hautaine, que la portée symbolique du mot "constitution" n'avait aucune place à avoir dans un processus de réflexion et d'analyse... place que tu as sans doute mieux exprimée que moi en remplaçant "symbolique" par "politique" : c'est ce sens que je désignait, précisemment, et il est très important) d'une grande violence vis-à-vis de mes proches, de mon milieu d'appartenance.

Réflexion qui en fera peut-être hurler certains, de tout bord, mais si je vivais dans un contexte social au sein duquel l'Europe était côtoyée, accompagnée, connue, critiquée (en d'autre terme si ses différents visages étaient connus), j'aurais sans nul doute voter "oui". Le texte d'Emmanuel me l'a fait comprendre. Alors, manque de courage pour franchir cette ligne invisible du vote "oui" et ensuite l'expliquer autour de moi ?

Chacun en pensera ce qu'il veut, mais je ne crois pas que ce soit du manque de courage, pour deux raisons : d'abord si je ne peux défendre le "oui" (et, avant toute chose, si je ne veux pas voter "oui", au-delà et au préalable de ce que j'ai exprimé plus haut) c'est parceque ma conviction et incidemment ma capacité à défendre mes idées est autour du "non", pas autour du "oui". Mais quand je vais discuter de mon vote, avec la famille (très politisée, paysanne ou fonctionnaire..) ou les amis, je vais expliquer ce que je viens de vous dire, à savoir : je tiens pour une avalisation du mépris et de la mise à l'écart de beaucoup trop de franges de la population de la construction européenne un vote "oui".

Voilà.

Sinon, je ne te suis pas, Pikipoki, pour dire que le foin et la peur autour de ce débat auront suffit, en cas de victoire du "oui", pour faire prendre conscience à nos politiques la nature extrêmement merdeuse de nombre de leur postures prises depuis des décennies sur le sujet. Je ne crois pas du tout, même.

Pas de contres-sens : mon "non" n'est pas une punition pour ces méchants politiques qui se sont moqués de nous, non. Il s'agit plutôt d'un refus, d'un "coup d'arrêt", qui n'entamera pas la marcxhe de l'Europe, mais sera source d'une réflexion salvatrice pour ce fameux corps "d'oligarques", décomposé en plusieurs couches d'"inclusion" dans le processus, qu'il soit actif -politiques, lobbies- ou passifs -commentateurs- (et dont les membre de Publius font partie, ce qui, aux vues de ma sympathie pour nombre d'entre eux, devrait suffire à dégoupîller la tentation de certains à coller l'étiquette "complot infâme" sur mes propos, à b e s)tout autant que pour la population qui, je l'espère, fera elle aussi un pas vers la reprise en main de la connaissance de ce qui la concerne. (c'est déjà le cas pour nombre de syndicats, et l'Europe-rouleau compresseur que dénonce la Confédération Paysanne, par exemple, est bel et bien réelle, mais ne suffit pas qualifier L'Europe dans son enxemble).

Pour finit sur ce point, il semble bien qu'on puisse le résumer en disant que dans la société civile qui n'a pas pris part, de près ou de loin, à ce corps de personnes (si je dis classe, je vais me faire lyncher, même si ce n'est pas au sens marxien du terme) n'a en tête que les visages négatifs de la réalité européenne, et pour cause, rajouterais-je... tandis que les autres, eux, ont le loisir de nuancer et de cultiver l'idée d'un contrepoids et d'une évolution positive de tous les problèmes que certes ils voient et commentent mais ne vivent pas dans leur chair. C'est une ligne de réflexion qui ne recoupe certes pas l'ensemble des votants "non" mais qui aide à comprendre, à mon sens.

Sinon, pikipoki, je te rejoins tout à fait, pour conclure cur ces derniers propos et sur l'ensemble de mon post en même temps :

il ne faut pas tuer l'ours avant d'avoir mis les boeufs.

Qu'on se le dise !

pikipoki

@Tous

Bonjour à tous.
Tout d'abord je voudrais dire ici un grand merci pour la place que Publius a accordé à mon texte. Leur proposition m'a très agréablement surpris, j'en suis encore tout chose ;o)

Je me permets d'ajouter un paragraphe qu'Emmanuel n'a pas vu dans ma version 2, qu'il convient d'ajouter au point 4.

"Concernant le Parlement, le TCE est un progrès. La règle générale de la codécision lui donne enfin un vrai rôle législatif. Ce rôle n’est toutefois pas encore suffisant. A terme il faut d’abord s’assurer que le Parlement vote toutes les lois, sans restrictions (je pense ici aux cas où le Conseil pourrait adopter une loi avec un seul rôle consultatif réservé au Parlement – art.I34 paragraphe 2-, et peut-être aussi aux actes non législatifs et aux décisions –art.I33 et I34- qui restent pour moi assez flous). Mais là encore si on y réfléchit bien, tout accroissement du pouvoir du Parlement au détriment du Conseil est un pas dans une logique fédéraliste. Ca ne veut peut-être pas dire qu’on finira à une fédération complète avec un véritable état européen, son président, son gouvernement, etc mais ça va dans cette logique. Il faut simplement en être conscient."

Bon vote à tous !

Bruno Corpet (Quoique)

Pikipoki

Quelques réflexions non définitives à la lecture de votre texte

>1. D’un point de vue démocratique, le TCE présente-t-il un point inacceptable (un seul me suffit, car je ne veux pas perdre ma démocratie) ? Si je réponds oui, alors je dois voter non.J’ai commencé à me familiariser avec le débat sur le TCE en découvrant via les actualités de yahoo.fr le site du désormais célèbre Etienne Chouard. Et bien sûr, pour moi qui avais encore l’encéphale tendre de celui qui débarque dans la bataille, ce fut un choc. Le péril pour la démocratie était là, limpide, écrit noir sur blancRevenons donc à ce qu’est une Constitution : c’est un texte de loi fondamental qui institue des pouvoirs (exécutifs et législatifs) et régit leurs rapports entre eux. Mais en aucun cas une Constitution n’a à traiter de choix politiques,<

Finalement je me pose une autre question : Est-ce que l'absence de définition de "démocratie" que ce soit dans le TCE, dans votre texte ou dans la page de M. Chouard veut dire que démocratie est quelque chose de "naturel supra humain" ou peut-être un choix politique qui donc si je vous ai compris n'a rien a faire dans une constitution ?

Désolé d'avoir été si long pour un si petit résultat.

Bruno Corpet (Quoique)

Pikipoki

Je n'arrive pas à passer le texte complet ?

Bruno Corpet (Quoique)

Pikipoki

Quelques réflexions non définitives à la lecture de votre texte

>1. D’un point de vue démocratique, le TCE présente-t-il un point inacceptable
(un seul me suffit, car je ne veux pas perdre ma démocratie) ? Si je réponds oui, alors je dois voter non.<

Finalement ce qui m'interpelle est "d'un point de vue démocratique". La question est, démocratique a-t-il un sens universel ? Démocratique est ce qui est relatif à la démocratie, conforme à la démocratie. Il faut donc rechercher la compréhension de démocratie sous entendu point fondamental de votre interrogation.

Quelques réflexions personnelles et un rapide survol de dictionnaires, d'encyclopédies, de sites internet et de textes d'auteurs de différentes époques m'ont rapidement convaincu que "le sens" du mot "démocratie" tant utilisé pouvait être "la" ou "une" source de divergence dans l'appréciation du TCE.

Mais alors, quel pouvait être "votre démocratie" ? Relisant votre texte sous cet angle, je n'ai pas trouvé de définition mais un paragraphe m'a semblé pouvoir éclairer ma question :

« J’ai commencé à me familiariser avec le débat sur le TCE en découvrant via les actualités de yahoo.fr le site du désormais célèbre Etienne Chouard. Et bien sûr, pour moi qui avais encore l’encéphale tendre de celui qui débarque dans la bataille, ce fut un choc. Le péril pour la démocratie était là, limpide, écrit noir sur blanc »

Je suis donc retourné parcourir le site de ce monsieur avec une quête : définit il "sa démocratie" qui semble conforme à la votre.
D'emblée, en titre de sa page, sa, votre, démocratie devient "notre démocratie". J'ai donc lu avec avidité pour découvrir "la" définition qui nous unirait, mais même en lisant les notes je n'ai pas trouvé ! Sous réserve d'oubli et de compréhension (je n'ai pas passé plusieurs mois à étudier ses écrits) il m'a finalement semblé qu'il me conseillait d'aller poursuivre ma quête chez M. Paul Alliès qu'il indique être professeur de sciences politiques à l'Université de Montpellier I et chez : "Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, a écrit dans le Monde, le 11 mars 2005, un article qui résume bien l’essentiel : « Qui veut de la post-démocratie ? » : un article court (une page) et percutant : http://decrypt.politique.free.fr/constitution/lemonde.shtml. "

Contrairement à vous je n'ai pas fondamentalement trouvé de définition de "notre démocratie" d'ailleurs je choisi un lien qui nous renvoi à la case départ ... Publius bien sur : http://publiusleuropeen.typepad.com/publius/2004/11/commentaire_rai.html (billet d'Eolas du 28 novembre).

Donc je suis déçu ! lorsque vous dite "Le péril pour la démocratie était là, limpide, écrit noir sur blanc" j'avais lu trop vite c'est bien le péril comme M. Couard qui est limpide, non pas "démocratie".

La suite de votre texte me le confirme :

« Revenons donc à ce qu’est une Constitution : c’est un texte de loi fondamental qui institue des pouvoirs (exécutifs et législatifs) et régit leurs rapports entre eux. Mais en aucun cas une Constitution n’a à traiter de choix politiques, »

Finalement je me pose une autre question : Est-ce que l'absence de définition de "démocratie" que ce soit dans le TCE, dans votre texte ou dans la page de M. Chouard veut dire que démocratie est quelque chose de "naturel supra humain" ou peut-être un choix politique qui donc si je vous ai compris n'a rien a faire dans une constitution ?

Désolé d'avoir été si long pour un si petit résultat et d'avoir du m'y reprendre à deux fois pour le passer.

pikipoki

@ Bruno

Pour ma part la démocratie c'est le système politique qui donne la voix au peuple et qui permet que sa volonté soit faite (je suis un peu mystique là ! ;o) ou en tout cas qui donne la maximum de garanties qu'elle sera respectée et suivie.
C'est un peu pour faire court, la formule du gouvernement du peuple, par le peuple (ou les représentants qu'il désigne) et pour le peuple (pour accomplir sa volonté).

Bruno Corpet (Quoique)

@pikipoki

Préambule constitution 1789
Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif pouvant à chaque instant être comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

Constitution 1958
article 2
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

finalement voila une bonne base de départ pour une réflexion il suffit d'enlever français et on trouve les raisons de mon non mais en positif

Milan

Texte intéressant, mais qui comporte à mon avis un oubli fondamental : la question du referendum de ce jour n'est pas "approuvez-vous le TECE ou préférerez-vous un autre traité plus conforme à vos attentes" (ce qui conduirait forcément la plupart des électeurs à voter "non"), la question (implicite) est "préférez-vous le TECE ou > traité".

Or cet > traité n'est pas clairement défini. Il pourrait être plus social, plus fédéraliste, plus court, plus libéral, plus démocratique, ... plus "rien", à moyen terme, si l'on en reste au Traité de Nice, ... plus "rien", à long terme, si la défiance s'installe au sein de l'UE et que ses institutions commencent à se déliter (hypothèse peu probable mais plausible).

Il faut nécessairement commencer par déterminer précisément les deux termes de l'alternative soumise au vote (i.e. réfléchir aux conséquences les plus probables d'un rejet du TECE) avant de prendre sa décision.
Tout raisonnement qui ne commence pas par là est forcément erroné.

Milan

Correctif :
là où apparait le signe > il faut en fait lire "autre" :
"préférez-vous le TECE ou "l'autre" traité" ;
et "Or cet "autre" traité n'est pas..."

pikipoki

@Bruno
Merci pour l'information, c'est intéressant de redécouvrir le préambule de la Constitution de 1789.

@Milan
Cette question a déjà été très longuement débattue.
Pour moi dire que la question à résoudre est préférez-vous le TCE à Nice (l'autre traité) est trop manichéen. Je m'en suis expliqué assez longuement sous le Billet d'Emmanuel intitulé Non c'est Nice.

Bruno Corpet (Quoique)

@Milan

Puisque qu'il m'a semblé que la question ne demandait en fait qu'une réponse (la deuxième n'étant présente que pour la forme). On peut légitimement s'inquiété d'une organisation qui s'autojustifierait oubliant le principe qui me parait fondamental en démocratie "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.".

Un non quelque soit son écart avec le oui s'il existe un fort taux de participation (+ de 70%) ne peut qu'interroger. Son utilité sera se qu'en feront nos représentants, il ne pourront simplement pas dire qu'il y a accord du peuple.

pikipoki

Nous sommes le dimanche 29 mars. De retour d'un voyage solitaire d'un mois aux Etats-Unis, je redécouvre avec plaisir mon pays où se joue un enjeu politique important: on nous reparle enfin d'Europe et on nous demande de choisir où nous voulons qu'elle aille.

Je sors de chez moi par une belle journée, direction le bureau de vote. La question à laquelle on me demande de répondre est la suivante: "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe?"

J'ai à peine refermé la porte de chez moi quand je croise Etienne. Il me sourie amicalement et m'offre une poignée de main chaleureuse. Il part voter lui aussi. Nous faisons quelques pas ensemble et Etienne m'explique ce qu'il a vu dans le texte de la Constitution. La situation paraît grave. Je l'écoute attentivement, parfois en fronçant un sourcil, et je me rends compte que la question va s'avérer plus ardue à résoudre que ce que j'avais initialement pensé. Etienne est précis dans sa démonstration, il explique beaucoup, me cite des articles pour étayer sa démonstration. Et puis je sais qu'Etienne qui aime tant la liberté que lui offre le parapente n'a pas pu se laisser soudoyer par un quelconque parti politique. Son discours porte, tant et si bien qu'il me convainc. Je me regonfle les poumons et me dis: "et bien ce sera un non!".

Mais je laisse Etienne au coin d'une rue. "Il faut que je j'entende d'autres voix que la tienne" lui dis-je. Je continue donc ma route, armé d'une connaissance grandissante du traité et des arguments d'Etienne qui m'ont le plus marqué. Après quelques mètres je découvre un bande de potes qui ont l'air sympathiques et surtout très bien renseignés sur la question: certains portent une grande robe noire, d'autres sont en jean basket, d'autres encore en costume relax. Parmi eux je suis étonné de ne découvrir qu'un seul partisan du non. Il ne doit pas se sentir toujours très à l'aise, mais les autres lui laisse sa place et ne lui coupent pas la parole quand il exprime son point de vue. "Chouette, je vais pouvoir contre balancer ma première impression" me dis-je. Je fais toute la fin du chemin jusqu'à mon ancienne école, transformée pour les besoins du vote, en leur compagnie. Nicolas m'explique d'abord qu'Etienne se trompe un peu sur certains points, qu'il n'a pas tout bien mesuré. Et les autres s'occupent surtout de compléter ma connaissance du texte. Ses aspects juridiques surtout. Et petit à petit je maîtrise de plus en plus chaque question du TCE, chaque grand débat. Mais durant tout le trajet je reste toujours très critique vis-à-vis des arguments du oui qu'ils me donnent. Je cherche le petit défaut, l'erreur de logique, le détail qui ne va pas dans telle ou telle argumentation. Après quelques temps je me retrouve dans cette zone obscure où l'on ne voit plus le soleil: l'indécision. Il me reste quelques pas à franchir avant l'isoloir et je ne sais plus à quel saint me vouer. Juste avant d'ouvrir la porte de l'école ma soeur vient vers moi et me retient par le bras:
-"Il faudrait que tu votes pour moi, s'il te plaît".
-"Ok" lui dis-je, pas de problème.
-"Et toi tu vas voter quoi?"
-"Je ne sais pas... je doute."

J'arrive devant la porte de ma classe. Je m'arrête et prend un grand souffle. Il est tard et cela fait maintenant deux mois que je marche. Je suis assez fatigué mais il faut que je choisisse bien. Alors je décide de mettre sur le papier tous mes arguments, d'essayer de synthétiser ce que j'ai en tête, afin de pouvoir enfin, sur la base d'une règle simple, faire mon choix. Je retourne les points les plus importants dans ma tête, les arguments entendus à gauche et à droite. Après 7 heures de rédaction j'ai terminé. Je regarde ma feuille et constate que ma position reste très mitigée. J'ai vraiment trouvé des points très forts pour appuyer l'une et l'autre solution. Mais je sais enfin quel sera mon choix.

Quelques instants plus tard et après deux mois d’une longue marche, me voici donc devant l’urne avec deux enveloppes, celle de ma soeur, et la mienne. La phrase : « A voter ! » retentit deux fois. C’est fait. Il n’y a plus qu’à attendre les résultats ce soir. Je repars chez moi soulagé, même si je garde en tête les réserves qui auraient pu me faire basculer dans l’autre camp. Mais mon devoir est accompli.

Dans l'urne, il y a deux bulletins oui de plus.

Cédric de J.

pikipoki, j'aimerai être le premier à te dire merci.

Je ne pense pas que tes deux bulletins changeront l'issue du scrutin, qui parait assez jouée, mais ça me fait quand même très plaisir.

Et maintenant, il n'y a effectivement plus qu'à attendre le résultat...

Bruno Corpet (Quoique)

@pikipoki

Je m'étonne que tu sois sur du vote de ta sœur ? Tu as mis son bulletin dans l'enveloppe ? :o)))

Cédric de J.

Je comprend de son texte qu'il avait une procuration de sa sœur. Ce que l'histoire ne dit pas par contre c'est ce que la sœur avait demandé comme vote ;o)

pikipoki

J'avais effectivement une procuration de ma soeur.
Et j'espère que vous ne me croyez pas capable de trahir son intention, même si celle-ci ne devait pas être conforme à la mienne... :o)

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