Un des arguments les plus pénibles des noniens est le coup des occurences des mots dans le texte du traité constitutionnel. En général, on en ressort avec l'impression que les mots les plus cités dans la constitution sont ceux de "banque", de "libéralisation" ou de "concurrence". Preuve irréfutable que ce texte est ultralibéral.
Alors qu'en fait, l'analyse exhaustive des occurences des mots dans le traité (annexes comprises, et en enlevant les "mots-outils) laisse une impression assez différente : celui d'un texte desespérement institutionnel. Voilà le top 10 des mots les plus cités dans le classement établi par Jean Véronis, un professeur de linguistique et d'informatique à l'université de Provence (et auteur d'un excellent blog sur les technologies du langage) :
1381 UNION
1265 MEMBRES
1172 CONSEIL
1065 ÉTATS
979 EUROPÉENNE
963 CONSTITUTION
693 EUROPÉEN
618 COMMISSION
592 TRAITÉ
521 DISPOSITIONS
Pour les théoriciens du complot qui me lisent, notons que "banque" est 14e (417 occurences, auquel il faudrait peut-être ajouter les 175 mentions de "banques", encore que ce terme comprenne les banques centrales nationales). On peut aussi se livrer à l'exercice assez futile de classement des institutions européennes par occurences, en en tirant des conclusions hâtives sur leurs pouvoirs respectifs : a cet aune, le Conseil (européen et des ministres) arrive largement en tête (1172), suivi de l'affreuse Commission (618), de la méchante Banque (417), du gentil Parlement (356) et de la fourbe Cour (333). Les méconnus Comité(s) (189) et l'obscure Tribunal (108) sont très loins.
Un détail plus étonnant est que trois noms d'Etats membres parviennent à se glisser dans la liste des mots qui comptent plus de 100 occurences : le Royaume-Uni (151), l'Irlande (126) et le Danemark (109). Trois pays qui, comme par hasard, freinent ou ont freiné l'intégration européenne, soit en refusant de voter les traités du premier coup (Danemark pour Maastricht, Irlande avec Nice), soit en demandant d'emblée des clauses d'exemption et en renâclant à mettre au pot commun (Royaume-Uni).
Qu'importe les raisons, le résultat est indéniable : l'obstructionisme de ces trois mauvais élèves leur a permi d'être mentionné plus qu'à leur tour dans le texte du traité constitutionnel. Alors que la France n'est mentionnée que 10 fois, ce qui est quand même fâcheux pour notre orgueil national.
Que faire pour augmenter le score de notre fière patrie? Voter "non", bien sûr! Et espérer que le texte actuel sera lesté d'un protocole additionnel, qui détaillerait les politiques de l'UE auxquelles la Françe peut participer sans craindre une remise en cause de ce modèle social que le monde entier nous envie. Ce n'est certes pas gagné d'avance. Mais c'est la seule solution pour empêcher que soit "gravée dans le marbre" l'odieuse sous-représentation du mot "France" dans un traité qui, décidemment, se revèle de plus en plus scélérat à mesure qu'on l'examine de près.
Emmanuel, on sent poindre comme un léger agacement dans cette note, une ironie un peu mordante qui ne vous ressemble pas beaucoup. La pédagogie demande beaucoup d'efforts et de patience, de mesure et de self-control, n'est-ce pas ?
Rassurez-vous, le travail d'explication et de raison commence à payer : 48%, 52% et je pense que ce n'est que le début d'une tendance forte.
Mais ne constitue en aucun cas une raison pour relâcher ses efforts...
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 19:18
"une ironie un peu mordante qui ne vous ressemble pas beaucoup."
Vous me connaissez mal, Praxis...
"Rassurez-vous, le travail d'explication et de raison commence à payer : 48%, 52% et je pense que ce n'est que le début d'une tendance forte."
Oui 58/42, selon le dernier BVA. Chaque camp souligne les sondages qui l'arrangent.
Rédigé par : Emmanuel | 21 avril 2005 à 19:26
Je dirais que, étant oui-iste, je soulignerais l'enracinement du non pour favoriser la réaction du oui. Et inversement si j'étais noniste.
C'est le sondage que France2 a choisi de mettre en avant sur son JT de 13 heures. Je ne me rappelle plus la source d'ailleurs (le savez-vous ?)...
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 19:29
@Emmanuel et Praxis
Puisqu'il est question d'ironie, je ne vois pas "Parlement" dans votre top ten ...
Un oubli sans doute ;-)
Rédigé par : babel451 | 21 avril 2005 à 19:36
Pourtant il y est...
Tss, tss...
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 19:37
...mais pas dans le top ten.
Je crois que cet exercice de recherche de mots est surtout un peu vain et qu'Emmanuel essaie de le montrer mais je ne suis pas à sa place.
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 19:38
Babel451 : il faut lire la note en entier, hein...
Rédigé par : Emmanuel | 21 avril 2005 à 19:40
Bonjour,
J'ai lu la constitution, elle parait sympa.
Mais je vais voter NON, comme ça, juste comme ça.
Parcequ'il fait beau, que je ne suis pas pressé et que l'on me pose une question alors que c'est le boulot des politiques de prendre ce genre de décision.
Mon vote est un mandat représentatif, non pas impératif pour les élus.
Alors, j'espère que ça va faire "plouf", comme le bruit du bouchon dans l'eau, les jours de pêche.
On y retournera dans 6 mois, il fera froid et je dirais OUI, comme ça, juste comme ça ...
Ceci dit elle est vraiment bien cette constitution!!!
Rédigé par : vilish | 21 avril 2005 à 19:40
@ Emmanuel
Bon, c'est pas super important mais ... Nous parlons bien du top ten n'est-ce pas ?
Rédigé par : babel451 | 21 avril 2005 à 19:46
Vilish : marrant ton positionnement, rien à dire...
Emmanuel : confirmation de l'inversion de la tendance ici : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-641304@51-632597,0.html
Mais je n'ai pas retrouvé les références de votre sondage BVA, pouvez-vous me les donner svp ?
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 19:48
Babel : oui, "Parlement" n'est pas dans le top ten (il est en 16e position). Pas ce que veuille dire grand chose, mais voilà le classement :
http://www.up.univ-mrs.fr/veronis/blog/tce-fr-mots/frequents.html
Praxis :
http://fr.news.yahoo.com/050421/290/4dm37.html
Rédigé par : Emmanuel | 21 avril 2005 à 19:54
@ Praxis
Je ne sais pas si la tendance s'inverse mais par contre, je suis certain que notre monde, lui, n'a pas bougé :
Extrait de l'article du Monde :
[...]"Cela montre que le travail paie, cela montre aussi qu'écouter les Français, c'est indispensable, c'est ce qu'a fait le président de la République, il a ouvert la voie de la campagne", a déclaré Dominique de Villepin, le ministre de l'intérieur."Ecouter, entendre, répondre, faire partager notre idéal et notre conviction, c'est cela la clé du succès et je suis convaincu que ce chemin-là, c'est bien le chemin de la France, de la France qui gagne", a-t-il ajouté"
Non, eolas, non, pitié, c'est la dernière fois !
Rédigé par : babel451 | 21 avril 2005 à 19:55
Emmanuel, merci pour votre réponse.
Je note pour le sondage BVA : "réalisée les 18 et 19 avril auprès de 815 personnes inscrites sur les listes électorales et issues d'un échantillon de 982 personnes."
Et pour celle de la Sofres : "réalisé par téléphone les 19 et 20 avril auprès d'un échantillon représentatif de 1 003 personnes, constitué d'après la méthode des quotas."
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 19:59
@Praxis
Sincèrement, Praxis, laissez tomber ces sondages ...
Quelque soit leur valeur , nous continuerons à faire campagne (vous, à priori, pour le oui, et moi, à priori, pour le non)
Et quelques soient les résultats du référendum, cela ne sera pas suffisant dans le sens où seules les conséquences à long terme importeront ...
Bref, rien que les sondages ne puissent nous apprendre ...
(Signé Babel431 qui se prend pour un sage boudhiste et s'en excuse ...)
Rédigé par : babel451 | 21 avril 2005 à 20:16
Tout à fait d'accord babel451, je l'utilisais pour remonter un peu le moral d'Emmanuel qui m'a l'air un peu à plat (sans doute en rapport avec les commentaires de Publius)...
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 20:24
Très d'accord avec Babel451 (ou 431? je m'y perds) aussi. Je rajoute que tirer des conclusions définitives sur un déplacement de 3 ou 4 points d'un sondage à l'autre (surtout des sondages conduits selon des méthodologies différentes) est complètement idiot, au vu de l'incertitude statistique des résultats.
Pour Praxis : non, non, ça va très bien. La preuve, j'ai écrit une note guillerette et ironique. C'est quand ça va mal que je fais des analyses sérieuses...
Rédigé par : Emmanuel | 21 avril 2005 à 20:35
Merci de me considérer comme un idiot Emmanuel !
Je pense que les sondages vont aller s'infléchissant car je considère surtout que les débats qui font rage ne peuvent que tourner à l'avantage des oui-istes. C'est donc une analyse en négatif et ce ne sont pas les sondages qui me guident.
Bon, je file, je vais regarder l'émission 100 mns pour convaincre.
A bientôt nonistes et oui-istes !!!
Rédigé par : Praxis | 21 avril 2005 à 20:44
Praxis : En fait, c'était une allusion obscure à l'émission de Laurent Bazin sur Europe 1 ce soir (qui avait l'air de penser qu'il était impossible qu'un sondage donne 58 et un autre 52, et donc qu'un des deux devait être truqué). Je ne te visais donc pas.
Rédigé par : Emmanuel | 21 avril 2005 à 20:49
Effectivement, 52 ou 58, il y a un schisme numérique. Que personne ne sorte, il faut trouver le coupable.
Sinon, en moyenne, ça donne 55, et donc, conforme.
Sinon, je reste partisan du NON. L'Europe me dégoûte, avec ses élites et son cirque. L'ocurrence des mots ne sert pas le débat quand un PDG reçoit 35M d'euros alors qu'en Allemagne, le chancelier considère qu'avec 345 E/mois on peut vivre. Et qu'on refuse au employés un euro de plus pour mieux bouffer à la cantine et que les chercheurs se barrent ailleurs, le système étant en état de décomposition. L'Europe est finie, en décomposition et ma foi, pourquoi ne pas voter OUI pour accélérer le processus de décomposition afin de rebondir au plus vite.
Rédigé par : Fulcanelli | 21 avril 2005 à 21:31
Au moins, Fulcanelli, vous ne vous cachez pas d'être euroseptique, voire plutot europhobe. (je me demande pourquoi les médias français n'ont pas adopté ce mot qui est pourtant utilisé dans la pluspart des pays de l'union pour désigner les personnes contre la construction européenne. Sûrement trop violent pour nos petites oreilles de Français.) Trop de Personnes prétendent être europhiles et vouloir dans le même temps voter non. J'admire enfin quelqu'un qui, en votant non, a la sagesse d'avouer que c'est par pure europhobie.
Rédigé par : Damien | 21 avril 2005 à 23:51
A mon homonyme :
Merci d'utiliser un signe distinctif (genre Damien2 ou ce que vous voulez) pour éviter toute confusion.
Cordialement.
Rédigé par : Damien (de Publius) | 21 avril 2005 à 23:59
Je suis Europhobe sur des bases économiques et politique mais Europhiles sur des bases spirituelles et culturelles.
Quand j'avais 15 ans j'ai adoré le rock allemand, le prog italien, je me suis intéressé à toutes les cultures et tous les auteurs et penseurs européen. Et donc, je suis profondément européen quant aux sois-disant europhiles, il suffirait de les interroger sur leur connaissance des figures de l'intelligence européenne pour les démasquer. Pour preuve, Breton qui voit le salut de l'Europe dans le marché et la croissance. Ce type est profondément malade, comme les fonctionnaires de Staline ou de...
Rédigé par : Fulcanelli | 22 avril 2005 à 00:05
Je comprends pourquoi être europhobe quant à l'économie, mais pourquoi être europhobe politiquement?
Rédigé par : Dada (ca vous va?) | 22 avril 2005 à 02:26
Si on en est à ce type de comptabilité un peu bête, ce n'est pas vraiment le nombre d'occurence des mots qui est à mon avis importante, mais plutôt ce qu'ils viennent faire dans ce projet de constitution.
Banque, entreprise, marché, produits, commerce, et même terrorisme ...
et pourquoi certains n'y sont pas, comme "service public"
Rédigé par : wesson | 22 avril 2005 à 03:56
Dada: une des possibles raisons parmi les innombrables exemples imaginables (je choisis au hasard dans un thème susceptible de frapper un peu les esprits un exemple récemment débattu sur les mailing-lists relatives au thème) pourrait être, par exemple, le "Décision 1999/468/CE fixant les modalités de l'exercice des compétences d'exécution conférées à la Commission - JO L 184 du 17.7.1999", associée à la "Directive 2001/18/CE du Parlement européen et du Conseil relative à la dissémination volontaire d'organismes génétiquement modifiés dans l'environnement et abrogeant la directive 90/220/CEE", grâce à laquelle, par sa seule autorité et en l'absence de décision en ce sens du Conseil Européen, la Commission Européenne a pu autoriser fin 2004 la mise sur le marché d'un colza (Brassica napus L., lignée GT73) génétiquement modifié pour améliorer sa tolérance à l'herbicide glyphosate.
Cette décision touche à la fois trois secteurs sensibles :
1) Propriété intellectuelle sur le vivant (renforcée par le TCE car figurant explicitement avec son propre article dans la partie I du traité)
2) Introduction de la propriété intellectuelle dans le secteur-clé de l'alimentation.
3) Principe de précaution appliqué à l'innovation scientifique et technique.
Si par hasard cette décision de la Commission Européenne vous faisait vous poser quelques questions, rassurez-vous, c'est inutile : vous n'avez plus rien à dire (avant ou après la ratification du traité d'actualité, j'en conviens).
Rédigé par : Gus | 22 avril 2005 à 06:25