Très belle interview de Jacques Le Goff, dans Le Monde daté du 22 mars 2005. Jacques Le Goff est un historien français, spécialiste du moyen-âge, l'un des pontes actuel sur cette période. C'est l'occasion pour lui de parler un peu (trop peu) de l'Europe au Moyen-Age, au moment où l'Europe était l'univers, l'univers des chrétiens, donnant ainsi une forme de modèle pour aujourd'hui. Il ne s'agit pas de dire que l'Europe est chrétienne, au contraire, mais de réfléchir sur les formes d'organisation de l'Europe au moyen-âge, pour en tirer des conséquences sur l'Europe d'aujourd'hui. Jacques Le Goff a écrit un livre sur l'Europe : L'Europe est-elle née au Moyen-Âge ? (commenté ici).
Voir aussi l'"Entretien avec Louis Michel, commissaire européen belge, responsable du développement et à l'aide humanitaire" dans le Monde d'aujourd'hui:
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-630482@51-627482,0.html
Par contre je n'ai pas trouvé dans la version en ligne du journal, l'interview de Jacques Le Goff.
Rédigé par : Frankie | 23 mars 2005 à 23:01
Je crains le pire avec cette utilisation particulière de l'histoire. Le Goff est trop bon historien pour tomber dans le piège de l'anachronisme, mais il flirte allègrement avec une limite que d'autres franchiront sans s'en rendre compte. Ce type d'approche me gêne et risque de conduire à de multiples confusions entre l'histoire du continent européen (expression à définir) et celle de l'idée telle qu'elle se développe actuellement.
En outre, Le Goff défend son pré carré en insistant sur un long Moyen Âge. Son livre reprend des analyses déjà précédemment défendues, bien connues de tout étudiant en histoire ayant un minimum de sérieux. De défense du Moyen Âge, ces idées sont devenues une défense du Moyen Âge ET de l'Europe. Tout cela donne au final un ensemble qui apparaît bien factice.
Si le but est de faire naître une historiographie européenne, pourquoi pas ? L'approche peut s'avérer féconde sur le plan heuristique. Mais pour le moment, l'éclairage porte principalement sur les points communs.
Il me semble que ce projet risque rapidement de conduire à une lecture très partiale de ce continent aux limites mouvantes. Et surtout, l'idée même qui a vu naître cette Europe, celle de la CECA et ses suivantes est venue en rupture d'un passé sanglant. Inscrire ce projet politique sur le long terme historique ne peut que conduire à l'oubli des raisons premières de la création de cette Europe. L'Europe, d'aventure humaine, politique, sociale et économique ne va t-elle pas devenir une évidence avec une entreprise comme celle de Le Goff ?
Comme il le note en préface de l'ouvrage de Paolo Rossi paru dans la même collection "Faire l'Europe" que son ouvrage : "Car aujourd'hui vient d'hier, et demain sort du passé." Le déterminisme et une approche hautement normative nous guette...
Le continent européen donc, soit une entité géographique, à une longue histoire et on peut à loisir choisir d'en faire le récit. Mais l'Europe, en tant qu'idée est récente. Et l'image que chacun en a ne diffère t-il pas de celle que ceux que l'on nomment les pères fondateurs en avaient ?
Rédigé par : samuel | 23 mars 2005 à 23:33
Je crains le pire avec cette utilisation particulière de l'histoire. Le Goff est trop bon historien pour tomber dans le piège de l'anachronisme, mais il flirte allègrement avec une limite que d'autres franchiront sans s'en rendre compte. Ce type d'approche me gêne et risque de conduire à de multiples confusions entre l'histoire du continent européen (expression à définir) et celle de l'idée telle qu'elle se développe actuellement.
En outre, Le Goff défend son pré carré en insistant sur un long Moyen Âge. Son livre reprend des analyses déjà précédemment défendues, bien connues de tout étudiant en histoire ayant un minimum de sérieux. De défense du Moyen Âge, ces idées sont devenues une défense du Moyen Âge ET de l'Europe. Tout cela donne au final un ensemble qui apparaît bien factice.
Si le but est de faire naître une historiographie européenne, pourquoi pas ? L'approche peut s'avérer féconde sur le plan heuristique. Mais pour le moment, l'éclairage porte principalement sur les points communs.
Il me semble que ce projet risque rapidement de conduire à une lecture très partiale de ce continent aux limites mouvantes. Et surtout, l'idée même qui a vu naître cette Europe, celle de la CECA et ses suivantes est venue en rupture d'un passé sanglant. Inscrire ce projet politique sur le long terme historique ne peut que conduire à l'oubli des raisons premières de la création de cette Europe. L'Europe, d'aventure humaine, politique, sociale et économique ne va t-elle pas devenir une évidence avec une entreprise comme celle de Le Goff ?
Comme il le note en préface de l'ouvrage de Paolo Rossi paru dans la même collection "Faire l'Europe" que son ouvrage : "Car aujourd'hui vient d'hier, et demain sort du passé." Le déterminisme et une approche hautement normative nous guette...
Le continent européen donc, soit une entité géographique, à une longue histoire et on peut à loisir choisir d'en faire le récit. Mais l'Europe, en tant qu'idée est récente. Et l'image que chacun en a ne diffère t-il pas de celle que ceux que l'on nomment les pères fondateurs en avaient ?
Rédigé par : samuel | 23 mars 2005 à 23:34
Désolé pour le doublon. Merci d'effacer le commentaire de trop.
Rédigé par : samuel | 23 mars 2005 à 23:36
Voici une autre lecture historique très intéressante de l'Europe, par Daniel Cohn-Bendit cette fois:
http://www.cohn-bendit.de/dcb/standpunkte?lang=fr&ihd=645
Rédigé par : Frankie | 24 mars 2005 à 00:06