Les résultats officiels du referendum espagnol sont les suivants :
Oui : 76,73% des voix (10 804 464 voix)
Non : 17,24% (2 428 409 voix)
Le diagramme ci-contre montre en saumon les oui contre les non en bleu.
La participation est de 42,32%, le plus mauvais score de l'histoire de l'Espagne démocratique, devant les élections européennes de juin 2004. Le nombre de votes blancs est de 849 093 soit 6,03%. S'y ajoutent 122 697 votes nuls (0,86%).
Le non a été le plus fort dans le Pays Basque espagnol (provinces d'Alaba, Viscaya et Guipuzcoa) où il a atteint 33,66%.
la politique intérieure reprend ses droits et l'union nationale a d'ores et déjà volé en éclats.
Le PP (centre droit, opposition) rejette sur le PSOE (socialistes, au pouvoir) la responsabilité de l'échec de la participation, ce qui est assez fondé, la campagne du PSOE, toute emplie de formules creuses étant plus digne de la com' à la Raffarin que de la pédagogie nécessaire pour un tel texte, tandis que le PSOE accuse le PP d'avoir joué un double jeu, pronant le oui, mais oeuvrant pour l'abstention voire le non, ce qui n'est sans doute pas totalement faux, comme le témoignent des records du non atteints dans des circonscriptions électorales de certains leaders du PP.
Vous, je sais pas, mais moi, je ne peux plus attendre la campagne pour le referendum. Un grand moment de démocratie en perspective.
un petit commentaire par rapport a un argument que j'entends depuis ce matin : certains disent que seul 1 espagnol sur 3 a approuve la constitution.
je leur reponds 2 choses :
1/ seul 1 espagnol sur 12 a voté pour le non !
2/ aux elus qui utilisent cet argument, voulez vous qu'on applique la meme regle de calcul a votre propre election ? on serait surpris...
Bref, je crains que cette campagne ne soit pas celle de l'honnetete intellectuelle.
Rédigé par : Christophe Grébert | 21 février 2005 à 20:06
"Bref, je crains que cette campagne ne soit pas celle de l'honnetete intellectuelle."
La campagne de la consultation interne du PS avait déjà atteint des sommets, je me demande comment les tenant du OUI pourraient faire encore pire ??
Rédigé par : Simon | 21 février 2005 à 21:49
J'ai envie de faire un peu de provoc. Alors je vais commencer par dire que je suis pour le Oui.
Tout ceci me semble un peu comme un vaste écran de fumée : on demande aux citoyens de 25 pays de se prononcer sur un texte dont la majorité n'a jamais lu une seule ligne.
J'ai écrit une note qui débute par cette question : "demandez à vos voisins, amis, etc... de vous dire quelle est la différence entre le Conseil de l'UE, le Conseil Européen et le Conseil de l'Europe."
Après le vote, on s'étonne : "Une absention record", comme aux elections européennes.
La raison ? Selon moi l'ignorance. Peu avant le dernier elargissement, peu d'individus étaient capable de citer plus de 2 nouvel etat membre.
Le Parlement européen ? En discutant avec quelques personnes, j'ai compris toute la distance avec l'electeur, lorsque j'ai entendu répondre : "on ne sait pas ce qu'il font, on ne nous rend pas des comptes"
Aujourd'hui on demande à des centaines de millions d'électeurs de se prononcer sur une question pour laquelle on met à leur disposition le texte du traité quelques semaines avant le vote, alors que l'Europe a commencé au sortir de la guerre...
Or,le droit institutionnel, le droit du marché interieur, le droit communautaire de la concurrence, les politiques exterieures de l'UE, tout cela ne s'apprend pas en lisant les centaines d'articles. Cela s'apprend bien souvent en quelques années, sur les bancs de la faculté de droit, ou bien en sciences politiques, etc...
Et c'est bien là le problème : Il faut attendre d'aller à la fac pour comprendre comment fonctionne nos institutions, qu'elles soient françaises ou européennes.
Cette ignorance, n'est finalement pas vraiement du fait de l'electeur mais d'un manque de volonté de l'Etat de mettre le citoyen en mesure de se prononcer en toute connaissance de cause. Qu'il s'agisse d'un oui ou d'un non, qu'il soit au moins éclairé !
En outre, cette ignorance est largement exploitée par les plus anti-européens, comme De Villiers, Le Pen et consorts, en se fondant sur la peur.
Rédigé par : Les Cris Vains | 22 février 2005 à 00:29
Je rejoins Les Cris Vains sur les raisons de l'abstention.
J'en ajouterai une : la faculté qu'ont eu les gouvernements successifs à imputer à l'Europe les mesures difficiles à passer. Ces mesures étaient systémétiquement les mesures négatives. Les mesures européennes positives n'ont jamais été mises en avant comme des mesures européennes.
Rédigé par : Bix | 22 février 2005 à 10:15
De mes conversations avec les espagnols, j'ai compris que certains se sont abstenus car ils ne voulaient pas de la constitution mais qu'ils étaient pour l'Europe.
Ils ne voulaient pas cautionner ce texte, sachant que depuis longtemps tout le monde disait que le "oui" l'emporterait.
Il me semble que le fait de dire "oui" ou "non" n'est pas seulement accepter ou refuser ce texte, c'est aussi rester ou sauter du train "Europe".
Et si on saute, quand passe le train suivant ?
Rédigé par : Peyu | 22 février 2005 à 16:14
Je suis d'accord avec "Les Cris Vains" pour parler d'ignorance et d'incompréhension afin de qualifier l'attitude des citoyens vis-à-vis de l'UE.
En revanche, je ne suis pas sûr que le manque de volonté de l'Etat soit une raison pour expliquer l'ignorance des citoyens... Les citoyens peuvent, en effet, se prendre en charge eux-mêmes. Toute l'information est là, à portée de main. Il suffit d'être un peu curieux en demandant ou en cherchant par soi-même. Par ailleurs, institutions nationales tout comme européennes font des efforts non négligeables en matière de communication. Les ministères (affaires étrangères notamment)et les collectivités locales préparent des notes explicatives pour les citoyens. Les instituions européennes ont également des sites internet riches en informations sur ce que fait l'UE (Europa par exemple). Que l'on vienne pas ensuite se plaindre pour dire qu'on était pas au courant!
S'il y a abstention, c'est qu'il y a aussi désintérêt de la part des citoyens. L'UE c'est trop loin et ça ne paraît pas par conséquent très légitime.
L'un des grands défis de l'UE aujourd'hui, c'est peut-être de trouver le moyen de rapprocher les citoyens des questions européennes. Il faut créer une véritable citoyenneté européenne et une véritable identité européenne. A ces fins, l'école ainsi que les media peuvent être des moyens utiles. Cherchons aussi, comme l'écrivait il y a peu un journaliste du Monde, à faire en sorte que les questions européennes soient relayées par les dirigeants politiques nationaux. Cela signifie qu'il est nécessaire de donner une dimension européenne aux sujets qui mobilisent à l'échelle nationale.
Rédigé par : Clément | 22 février 2005 à 16:26