Je signale, pour ceux qui l'auraient manqué, que les Matins de France Culture recevaient aujourd'hui l'économiste Jacques Généreux, membre du PS et partisan du non (tendance Nouveau Monde, le courant d'Henri Emmanuelli). L'émission a donné lieu à une intéressante passe d'armes entre Généreux et Olivier Duhamel, chroniqueur du matin sur Culture et partisan bien connu du oui socialiste. C'est sans aucun doute le meilleur débat intra-PS que j'ai entendu à la radio, à la fois en terme de civilité et de qualité des arguments.
L'enregistrement est ici (commencer à 1H32' pour le seul débat entre Duhamel et Généreux).
J'ai écouté. Incroyable exercice de langue de bois pour Généreux. Ca sent le schisme à plein nez. Et on avait presque envie de défendre Fabius, puisqu'il est désormais accusé d'avoir fait perdre le Non par NPS et Nouveau Monde.
Rédigé par : Hugues | 07 décembre 2004 à 19:21
Je ne sais pas si Fabius a fait perdre le Non (je pense que non) mais il est indéniable que sa contribution électorale a été très décevante pour le camp des opposants.
Par contre, Généreux est franchement de mauvaise foi concernant l'apport du NPS : à l'écouter, il n'y a que les bastions emmanuelistes qui ont tenu. C'est complètement faux. Voir sur ce point les analyses de Jaffré au cours d'un chat du Monde :
http://www.lemonde.fr/txt/article/0,1-0@2-3224,36-389423,0.html
Il faudra suivre l'attitude des opposants dans la suite de la campagne : Généreux a été très défensif sur ce point, tentant de montrer qu'il était possible d'accepter la ligne officielle tout en continuant de défendre le non. C'est pas gagné, effectivement.
Rédigé par : Emmanuel | 07 décembre 2004 à 21:57
J'en parle sur mon blog aussi (post trop PS-centered pour figurer ici). J'ai toujours eu du mal avec Généreux, mais là, j'étais mi-figue mi-raisin. Il a été d'une franche mauvaise foi à de nombreuses reprises. Je préfère quand il nous fait ses cours d'économie humaine ;)
Rédigé par : versac | 07 décembre 2004 à 22:42
Ce matin sur France Inter, un auditeur interpelle Martine Aubry de manière un peu confuse, ce qui la conduit à répondre à l'envers à sa question.
Le type lui demandait, en substance, si la victoire du Oui n'était pas, paradoxalement, un très mauvais service rendu au PS. Si le Non l'avait, emporté, explique le mec, il aurait fallu s'occuper très sérieusement de savoir qui veut quoi au PS, entre trotskistes égarés chez Mélenchon, alters en vadrouille chez Montebourg, crypto-staliniens attablés chez Emmanuelli, social-démos guettant les moindres faits et gestes de DSK (j'en suis, j'en suis !), fabiusiens (je ne sais pas comment les qualifier, ceux-là), Hollandistes amateurs de chèvre et de chou, etc...
Mais Martine, qui était semble-t-il en mission de rassemblement, assure la main sur le cœur (j’ai une radio UMTS à écran) que les alters du PS sont des êtres humains socialistes comme les autres et qu'il faudra, bien évidemment, continuer à travailler avec eux même s'ils se sont un peu fourvoyés maintenant que tout est rentré dans l’ordre grâce au référendum.
On n'entend plus le type, qui a déjà raccroché, mais je l'imagine bien en train de pester derrière son transistor : « Mais non, pauv' tâche. T’as rien compris. Moi, j'aurai bien aimé que le Non l'emporte juste pour voir les Mélenchon & Co faire leurs bagages ».
Moi-même, au risque d’emprunter à Fabius sa rhétorique fumeuse sur les « crises salutaires » et tout en me félicitant du rapport de force exprimé par les militants, je me dis qu’un Non du PS aurait effectivement pu permettre de clarifier les choses. Car si le nom d’une certaine petite station balnéaire allemande est sur toutes les lèvres depuis le vote, il me semble que rien n’est tranché. Loin de là. Généreux évoque déjà, à demi-mots, la possibilité de faire discrètement campagne pour le Non. Bartolone, sans doute pour te faire plaisir Nico, parle des « deux chances au grattage qui suivront la chance au tirage » (référendum national et vote des autres pays), bref, tout le monde s’embrasse effectivement sur la bouche.
L’avenir du PS n’est vraiment pas rose.
Rédigé par : Hugues | 08 décembre 2004 à 12:51
Hugues, voilà un point sur lequel je suis effectivement en total accord avec toi. Et pourtant je ne suis ni militant ni sympathisant socialiste.
Le problème avec un parti de gouvernement (comme se définit lui-même le PS), c'est qu'il arrive un moment où la seule chose qui maintient encore l'unité du parti, c'est le pouvoir ou la perspective de le reconquérir à brève échéance. Je crois que le PS est aujourd'hui (et en fait depuis le congrès de Dijon) dans cette position. Je me souviens, pour y avoir assisté à l'époque en observateur neutre, genre casque bleu quoi, de certaines réunions du NPS avant le congrès de Dijon desquelles j'étais ressorti en me disant, vu les propos radicaux tenus, que l'implosion du PS était proche. Et pourtant...
La situation s'est à nouveau représentée à l'occasion de ce référendum. Et pourtant...
Faudra-t-il attendre la défaite à la présidentielle de 2007 et l'élection de Magic Sarko pour assister enfin à l'implosion?
Rédigé par : Krysztoff | 08 décembre 2004 à 14:06