Par Alain Lamassoure, édité par la Fondation Robert Schuman et Albin Michel, 2004, 521 pages, 23 euros.
Alain Lamassoure est ancien élève de l'ENA, conseiller-maître à la Cour des comptes, ancien ministre délégué aux affaires étrangères (gouvernement Balladur) puis du budget (gouvernement Juppé), député européen (groupe UMP). Il a participé à la convention européenne qui a produit le texte de base de la constitution européenne, comme représentant du parlement européen.
Cet épais livre, écrit dans un style parfois légèrement "people" un tout petit peu agaçant (mais l'auteur prévient dès le début qu'il s'adresse à toutes et tous et que forcément tout le monde ne peut pas être content tout le temps) m'a paru vraiment intéressant et bien construit. A. Lamassoure rappelle d'abord ce qu'a a été la construction européenne avant la convention, le traité calamiteux de Nice, mais aussi les doctrines et les théories sur le gouvernement, sur l'Europe, sur le fédéralisme. Il dresse un portait parfois assez brutal des conventionnels (Giscard n'est pas épargné, qualifié de chuinteux auvergnat).
Puis il raconte comment les discussions ont été dirigées, dans quelles directions, avec quelles méthodes, et pour quel résultat. Il semble clair pour lui que la Constitution, c'est d'abord et avant tout la première partie du traité, que la troisième et la quatrième partie ne sont que des accessoires qui auraient gagné à être conservés sous un statut juridique inférieur. Une bonne synthèse sur les questions de la politique étrangère et les questions institutionnelles, qui semblent avoir agité l'essentiel du temps nos conventionnels.
Et une bonne leçon qui me paraît utile à méditer. La convention a d'abord fait l'objet d'un réel consensus. Elle a été aussi clairement le fruit de compromis et même de négociations. Ce n'est pas une constitution idéale qui a surgit du néant, c'est véritablement un projet commun murri à 25 avec les compromis, voire les compromissions que cela impose. Et l'idée, que l'auteur admet lui-même n'avoir pas toujours considérée comme évidente, que la Constitution est un premier pas, qu'il faudra la remettre rapidement sur le métier, parce que c'est ainsi que l'Europe se construit.
J'ai apprécié les tranches de vie, une certaine franchise je pense chez l'auteur, qui reconnaît également que tout n'a pas été facile, que les positions qu'il défendait n''ont pas toujours été retenues. Parfois les analyses institutionnelles me semblent farfelues (mais les lecteurs de ce blog et de mon blog savent que je suis très exigeant en la matière).
Un dernier point : Alain Lamassoure a sympathiquement accepté de répondre aux questions de Publius, vous devriez découvrir prochainement ici une interview ex-clu-sive !!! (tata ! (bruit de trompettes).
Cependant, j'avoue lire le blog d'econoclaste avec beaucoup de plaisir, même si je ne suis pas toujours en accord avec eux.
Rédigé par : oakley frogskins | 09 août 2011 à 03:55