Commentaire du livre de Dominique Strauss-Kahn, aux éditions Grasset (9 euros, 173 pages)
Commençons par les côtés agaçants.
L'argumentation est parfois assez peu nuancée : les aspects positifs du traité sont très bien mis en valeur, mais l'auteur leur prête sans doute une portée excessive. Les tergiversations du traités sont habilement minimisées.
En fait, c'est un bon exemple de rhétorique à la française : plan en trois parties (oui au oui, non au non, oui...et après ?), annonces de plan ("il y a quatre arguments..."), le tout écrit de façon assez simple et dictatique, mais avec des ficelles un peu facile (un exemple : cette phrase sur la quatrième de couverture : "l'un des responsbales socialistes français qui connaît le mieux l'Europe a pris la plume, dans l'urgence, pour dire crûment sa vérité". DSK, si vous me lisez, il faut virer le type qui a écris ça. Prendre la plume pour écrire crûment sa vérité, c'est d'une niaiserie !).
Je déplore évidemment la simplification intellectuelle de nombreux problèmes, mais c'était la nature même de l'ouvrage. On ne peut pas attendre des hommes politiques qu'ils écrivent comme des professeurs de droit constitutionnel, parce qu'ils ne s'adressent pas au même public. Néanmoins, les arguments invoqués, quoique très simplifiés, sont exposés de façon assez claire.
Je trouve en particuliers la partie sur le non au non, d'une très grande qualité rhétorique et très convaincante (d'un autre côté, j'étais déjà convaincu avant même de lire cette partie). La partie sur le oui au oui est également rondement menée, avec une dichotomie judicieuse (oui comme européen, oui comme socialiste), qui permet d'exposer habilement quelques avancées du traité.
Un des défauts de l'ouvrage est peut-être d'être trop pour le oui, pas assez nuancé. Mais ce défaut est partiellement compensé par le fait que l'auteur assume clairement la part de compromis qu'il y a dans la Constitution européenne, compromis avec d'autres traditions politiques de gauche, et d'autres partis politiques, compromis avec l'histoire.
Et une grande qualité, c'est la troisième partie, qui décrit l' Europe que souhaite Dominique Strauss-Kahn. Là encore il faut relever quelques contradictions (la critique du modèle de la croissance, p. 129, mais la proposition d'une "initiative de croissance", p. 153), sans doute liées à la nécessaire simplification de l'argumentation. Mais il est important que les partisans du oui, comme du non, décrivent l'Europe "de leur rêve". Une des forces de l'auteur est aussi de faire quelques propositions intéressantes (par exemple, la création de médias européens, idée qui me paraît très importante).
Enfin, la conclusion est très entraînante, en totale rupture stylistique avec le reste de l'ouvrage, et extrêmement politique. On s'éloigne de l'Europe pour parler de la politique, et la conception qu'en a Dominique Strauss-Kahn, sa critique du "front du refus". En définitive, on revient toujours à ce grand débat de la gauche : révolution contre réformisme. DSK a clairement fait le choix du second.
En résumé : Oui ! Lettre ouverte aux enfants d'Europe est un livre très bien structuré (c'est déjà un plus par rapport à ce post), assez bien argumenté, souvent simplificateur (mais on peut espérer que c'est un choix lié à la taille du livre et au public visé), pas assez nuancé, mais porteur d'un vif sentiment pro-européen et pro-constitution. A gauche, il devrait agacer les partisans du non et plutôt réjouir ceux du oui, pour qui il peut constituer un "argumentaire" de base.
Après "Les 10 questions qui fachent les Européens" de
Moscovici, "Le OUI! lettre ouverte aux Enfants d'Europe"
de DSK est un livre à lire pour tous ceux qui s'interessent au sujet et qui n'ont pas consulté ce traité par manque de temps, ou par peur de ne rien y comprendre.
Je m'excuse Pataxagore de citer la 4éme de couverture qui résume parfaitement ma pensée:
"Au départ, il y a la colère devant les faux arguments
et les vrais mensonges. A l'arrivée, il y a cette
démonstration implacable où la clarté du pédagogue s'allie à la conviction du politique pour expliquer ce qu'est vraiment ce traité, pourquoi il faut le soutenir de toutes nos forces et comment nous nous condamnerions
en nous y opposant".
Ce besoin de convaincre les hésitants était indispensable, je n'en veux pour preuve que ce secrétaire fédéral favorable au non qui dit on à rallié
du monde à sa cause avec cet argument: voter oui à ce traité c'est dire oui à Chirac.
Rédigé par : Brigitte | 28 novembre 2004 à 15:46
Très intéressante effectivement cette idée de médias européens.
Rédigé par : Olivier V. - Pointdevue | 29 novembre 2004 à 06:44
mettre en face le livre brillant de fabius honorerait ce concert à deux voix.
Rédigé par : prevalli | 29 novembre 2004 à 10:20
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=1916
Rédigé par : moi | 30 novembre 2004 à 00:16
Oui, il faudrait que je le lise aussi. Je suis tombé par hasard sur le bouquin de DSK et je me suis laissé tenté par son prix :-). Mais vous avez raison.
Rédigé par : Paxatagore | 30 novembre 2004 à 07:59
Comme c'est bizarre,pas un mot sur le livre de Laurent
Fabius dans cet article sur les éléphants.
Procédé malhonnete de ceux qui pour rallier à leur cause
acceptent tout puisque "dans les urnes tous les NON se
valent".Les partisants du OUI n'ont jamais fait cet amalgame: le NON de Fabius n'a rien à voir avec ceux des
autres.
Rédigé par : Brigitte | 30 novembre 2004 à 11:34
brigitte t'a pas remarqué qu'il n'y avait pas un mot sur son livre ici non plus.
Rédigé par : prevalli | 30 novembre 2004 à 14:13
Prevalli on a encore parlé du livre de Laurent Fabius
ce soir sur Canal+ :-)
Rédigé par : Brigitte | 30 novembre 2004 à 20:38
M.STRAUS-KHANN comment pouvez-vous être pour cette constitution qui réduit la convention internationale des droits de l'enfant en six lignes? et qui réduit par la même occasion, 10 années de lutte pour ratifier cette convention.
les enfants d'europe et du monde ne sont pas des peluches, personne n'a le droit de mettre leur avenir en péril.Ils doivent vivrent dans un monde meilleur que dans celui que vous vivez actuellement.
arrêtez de vous faire plaisir
Rédigé par : solidaire | 20 février 2005 à 16:37