Je suis allé chercher les différents sondages effectués sur les intentions de vote concernant le referendum sur le traité constitutionnel (sondages publics des principaux instituts : IPSOS, IFOP, BVA, CSA, Sofres, Louis Harris). Voilà ce que donne une représentation chronologique de leurs résultats (cliquez sur l'image pour en avoir un exemplaire lisible).
Sont comptés en rouge et vert les "suffrages exprimés", notion qui diffère selon les méthodes et les questions posées. En bleu ciel s'exprime l'abstention, là aussi très différente selon la question posée (opinion du moment ou projection). Si on compare sur un même institut (IPSOS), on se rend compte que l'intervention de Fabius pour le non (mi -septembre) a sans doute fait basculer du monde dans l'indécision, ce qui semble logique, compte-tenu du poids politique de l'homme. Elle n'avait pas encore, en revanche, fait passer de gens dans le camp du non.
De manière assez classique, plus on se rapproche de l'événement, plus les deux camps du oui et du non semblent se rapprocher (sauf qu'on ne sait pas quand l'évenement aura lieu). Ceci-dit, la base de sondage reste encore trop faible pour être fiable et noter un réel mouvement.
Ce sujet sera suivi au fur et à mesure de la parution des nouveaux sondages. Merci de vos commentaires pour faire progresser la méthode et la représentation.
Très intéressant.
Indiquer, en légende, pour chaque date de sondage le contexte de l'époque, pourrait être aussi assez instructif.
Rédigé par : olivier - PointDeVue | 23 novembre 2004 à 06:26
Le graphique est utile - et graphiquement très réussi, ce qui ne gâte rien. Merci pour ton travail.
Evidemment, l'oeil cherche une tendance, alors que les différences de méthodologie et de questions posées devraient nous inciter à la prudence. L'idéal serait peut être de reprendre la méthode de Pollkatz, en construisant un nuage de point plutôt que des courbes. C'est vrai que pour l'instant les données sont encore trop rare pour ça ait un véritable intérêt.
Je suis par ailleurs assez surpris des données IPSOS : si l'influence de Fabius jouait vraiment, on s'attendrait à ce que des oui basculent dans le camp des absentionnistes, et des abstentionnistes vers le non. Mais c'est tout le contraire qui se produit : les absentionnistes augmentent, certes, mais les oui aussi (60 à 64%) et les non diminuent (40% à 36%). C'est étrange, sauf à considérer que Fabius a un effet contre-productif sur le camp du non.
Rédigé par : Emmanuel | 23 novembre 2004 à 16:38
C'est peut-être ça en fait la stratégie de Fabius : TSF !
Rédigé par : Paxatagore | 23 novembre 2004 à 19:38
C'est dommage que les sondages donnent très souvent la distribution des opinions a un instant donné mais rarement (ou jamais ?) les changements conditionnés à l'opinion précédente du sondé, par exemple combien sont passés de Oui à Non, Non à Oui, Abst à Non, ... et surtout alors un petit QCM sur le pourquoi. On découvrirait peut-être la corrélation ou non corrélation de ces changements avec les gesticulations médiatiques des ténors de la politiques.
Si vous avez de meilleures sources, n'hésitez pas.
Rédigé par : Curieux | 23 novembre 2004 à 20:06
Curieux : pour faire ça parfaitement, il faudrait suivre un panel (mêmes personnes interrogées à échéances régulières). Tous les sondages cités sont a priori basés sur des échantillons, qui sont par définition différents pour chaque sondage.
Je suppose qu'il serait possible de poser des questions aux sondés des questions du type "Et quelle était votre position il y a un mois : oui, non ou indécis? Et il y a trois mois? Et il y a six mois? etc." Problème : les gens ont du mal à se rapeller, ou peuvent chercher à rendre leur position plus constante dans le temps qu'elle ne l'est effectivement. Bon, il doit être possible de redresser le déclaratif par raport aux sondages précédents, mais ça devient trop complexe pour moi. [appel aux statisticiens d'ailleurs : est-ce qu'il est envisageable de retrouver les évolutions d'un camp à l'autre avec un simple traitement statistique sur deux échantillons représentatifs?].
Une autre technique consiste à demander aux sondés l'influence de tel ou tel événement sur leur opinion. Du style "Laurent Fabius vient de se prononcer contre la ratification du traité constitutionnel européenne. Est-ce que cet événement : 1. Vous rend plus susceptible de voter non 2. Vous rend plus susceptible de voter oui 3. N'a aucune influence sur vos intentions de vote". Je ne sais pas si les réponses à ce type de question sont crédibles. (peut-être quelqu'un qui connaît bien les sondages pourrait nous renseigner).
Rédigé par : Emmanuel | 23 novembre 2004 à 21:02
Merci pour les commentaires. Dans la prochaine version, j'intègrerai les grands événements qui peuvent influer sur la campagne. Je tenterai éventuellement de
Pour l'effet Fabulous Fabius : en fait, il y a une progression forte de l'abstention : de 15% à 29% des opinions. Donc une baisse totale de l'effectif du camp du oui et du non. En gros, je pense que Fabius a eu un effet de doute global.
Avec une meilleure conservation du coté du oui.
Sur une base 100, ça donne :
- Avant Fabius : 51O, 34N, 15A
- Après : 45O, 26N, 29A
Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'aucun institut, aucun newsmag, aucun quotidien, aucune radio n'a publié de sondage depuis le 8 octobre !!!
Rédigé par : versac | 24 novembre 2004 à 10:25
Emmanuel: je pense pas que les gens changent d'avis si souvent que ça, "quel etait votre avis precedant" devrait suffire (eventuellement "avez-vous change d'avis plus d'une fois" pour valide mon hypothese :).
Pour les statistiques, s'il n'y a pas de panel on ne peux pas remonter aux evolutions a partir d'echantillons a deux dates (sauf distribution pathologique), c'est une information distincte.
Rédigé par : Curieux | 24 novembre 2004 à 13:39